La ville de Nantes en zone 30 : un an après
Publié : 31 août 2021 à 22h39 - Modifié : 31 août 2021 à 22h47 par Dolorès CHARLES
Quel bilan peut-on tirer du passage de la Ville de Nantes à 30 km/heure il y a un an, alors que la capitale Paris s'est lancée aussi lundi dans la même démarche.
Retour aujourd’hui sur le passage il y a un an de la Ville de Nantes en une vaste zone, où la vitesse est limitée à 30 km/heure, à l’exception de certains axes structurants laissés à 50 km/heure. Plus de 80% de la voirie est concernée, soit environ 600 kms. Une mesure pour sécuriser l’espace public, les automobilistes, et les autres usagers de la route comme les piétons, les cyclistes ou les amateurs de trottinettes, etc et dans le but aussi de diminuer les nuisances sonores…
Pas d'étude bilan, mais la vitesse ne changera pas
Le sentiment de sécurité a été le principal moteur « si j’ose dire » de la Ville dans cet abaissement de la vitesse, pour autant il n’y a pas d’étude chiffrée qui le démontre. Le premier adjoint à la maire de Nantes, Bassem Asseh :
"Sur une année comme ça, nous n'avons pas d'étude précise d'évaluation, d'autant plus que nous sommes encore dans une période où la circulation n'est pas revenue à la normale par rapport à la crise Covid-19, néanmoins on a un petit historique avec les années précédentes : depuis une dizaine ou quinzaine d'années à Nantes régulièrement, on passait certains secteurs en zone 30, et ce qu'on constate sur ces zones-là, lorsque l'on est passé à 30, c'est que la vitesse diminuait de 5 à 20% selon les endroits. Le fait de passer l'ensemble de la ville à 30, normalement, il y a un caractère pédagogique à cette décision qui fait que petit à petit les gens se mettent à rouler moins vite sur les axes non structurants et les petites rues de la ville."
Il n'y a pas plus de bouchons
Celles et ceux qui prennent leur voiture, pour se rendre en ville, doivent se dire que cette vitesse à 30 km/h allonge toutefois le temps de trajet, et induit quelques bouchons, mais c’est faux estime l'élu nantais, Bassem Asseh :
"Si celui qui est devant vous roule à 30 et celui qui est derrière vous roule à 30, il n'y a pas d'embouteillage pour autant, l'embouteillage arrive lorsque vous avez beaucoup de voitures qui circulent à un instant donné, par rapport à la largeur de la chaussée - ce n'est donc pas lié à la question de la vitesse. Sur les embouteillages, je ne peux pas vous dire si cela a augmenté ou si cela a diminué du fait de la circulation maximale à 30 km/h, en revanche c'est vrai que quand les voitures circulent à certains moments de la journée, il peut y avoir des pics de circulation et des embouteillages !"
Les transports doux (et les piétons) priorisés
Si l’abaissement de la vitesse à 30 km/h n’occasionne pas de bouchons supplémentaires en ville, il y a de fait ! des ralentissements. Pour l'adjoint délégué à la proximité et à la politique de la ville, ils sont liés davantage aux aménagements, laissant moins de place à la voiture et plus de place aux transports en commun :
"A la sortie du confinement en 2020, on a fait le choix collectivement d'ajouter un certain nombre de voies, qui soient dédiées à la circulation des vélos. On a fait en sorte que certains axes structurants puissent laisser plus de place aux transports en commun, aux vélos et aussi aux voitures, pour que tout le monde puisse circuler. Chacun doit faire un petit effort pour que la circulation puisse se faire selon les différents modes de transport, en prenant en compte les piétons (de plus en plus de personnes se déplacent à pied), ce qui nécessite des aménagements de l'espace public, pour que chacun fasse un effort et que tout le monde puisse se déplacer selon le mode de transport, qui correspond le mieux à ses envies et contraintes."
Pour que les habitants adoptent les transports en commun, "il faut que le niveau de service et que la qualité de service soient là, notamment en termes de fréquence et d’horaires", estime Bassem Asseh. Les chantiers de la TAN qui ont perturbé aussi le trafic tout au long de l’été, sont terminés depuis le week-end passé en particulier à Commerce.
La pionnière c’est Grenoble puisque la mesure est entrée en application dès 2016. Rennes compte plus de 600 kms "en zone apaisée", des quartiers sont aussi concernés à Brest, et puis Paris a suivi cette semaine : depuis lundi, la capitale est passée à la vitesse de 30 km/h, et ce dans la quasi-totalité des rues – hormis le périphérique, les boulevards des Maréchaux et quelques axes.