La tendance bio marque le pas, et inquiète le secteur
Publié : 7 février 2022 à 16h28 - Modifié : 7 février 2022 à 16h50 par Dolorès CHARLES
Dans le secteur bio, les ventes se tassent en France, en témoigne la baisse de la consommation à hauteur de 3,1% en 2021.
Les ventes de produits alimentaires bio marquent le pas, en France, après des années plutôt flatteuses et une croissance à deux chiffres. La baisse aujourd'hui s'élève en 2021 à plus de 3% sur le pays. Conséquence sans doute d'un pouvoir d'achat en berne. Sur le terrain, c'est un surplus de production qui pose forcément problème aux agriculteurs concernés comme Yannick Gestin. Ce producteur de lait à Lanmeur dans le Finistère, est également un représentant de la FRAB, la Fédération Régionale de l'Agriculture Bbiologique.
Pour lui, il ne faut pas s’inquiéter outre-mesure après cette année assez creuse. Les périodes de confinement et de déconfinement (2020) ces dernières années ont impacté également le comportement des consommateurs :
"Je pense qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter... Après il faut se poser les bonnes questions, on était sur une croissance à deux chiffres pendant une dizaine d'années, on s'est peut-être reposés un peu sur nos lauriers, et aujourd'hui on a peut-être de bonnes questions à se poser pour promouvoir nos produits bios. On en avait pas forcément besoin jusque là... Mais de là, à s'alarmer non, on est sur une production qui est quand même minime par rapport à la production française en général au niveau agricole. Les marges de main d'oeuvre sont là, après je pense qu'il y a un appel aux politiques à faire, pour qu'ils nous aident aussi à promouvoir et à structurer nos filières."
Pour Yannick Jestin, "il n'y a pas un recul de la consommation bio par rapport à 2019, la tendance ou la dynamique est "seulement" freinée. Prochains enjeux, la transmission des fermes bio car à terme on risque de manque de bio. Pour les consommateurs, il y a sûrement une méconnaissance du bio, quand on voit le nombre de labels sur les étals... Il faut savoir que le cahier des charges bio est ultra rigoureux notamment en termes environnementaux." Pour relancer la consommation, plusieurs axes dont un soutien politique et une meilleure structure de la filière.
Le "reconvertir" en question ?
Les clients ont été moins nombreux à faire leurs courses l'an dernier, dans les magasins bios concernés, et c'est un coup d’arrêt pour les agriculteurs concernés, notamment pour les producteurs d’œufs dont la consommation a diminué de 7% au niveau national. Certains n’ont pas eu le choix et ont été contraints à sortir du bio ou à se "reconvertir". C’est le cas de Frédéric Chartier, à la tête de deux poulaillers à Saint-Juvat dans les Côtes d’Armor.
"Pour pallier cette baisse de vente et les chiffres qui vont avec - puisque la production est toujours là, mais on ne peut pas vendre on est donc en surproduction, on m'a demandé de repasser mon lot de poules en plein air [Alors on c'est qui ?] Les gens avec qui je travaille et qui achètent les oeufs, puisqu'ils n'arrivaient pas à les vendre ou perdaient énormément d'argent. On m'a demandé de continuer mon lot en plein air. C'est le même système d'élevage, entre le plein air et le bio, c'est une histoire de normes et d'alimentation, et la différence se fait surtout sur l'alimentation en poules pondeuses et la densité de poules dans les bâtiments."
Pour ce producteur d'oeufs breton, Frédéric Chartier, la "déconversion" s'est faite plutôt facilement eu égard aux contraintes très fortes du secteur Bio, il n'y a pas beaucoup de différences avec le plein air en termes de densité animale et d'alimentation. La "déconversion" n'est pas juste une signature c'est une déclaration officielle auprès des "instances". La démarche est encadrée et le retour au bio est possible pour l'éleveur, il l'espère retouner au bio dès 2023, en fonction de la demande des clients / consommateurs.
L'émission est à réécouter dans son intégralité ici !