La spectatrice du Tour de France imprudente devant le tribunal
Publié : 14 octobre 2021 à 15h19 - Modifié : 15 octobre 2021 à 8h05 par Dolorès CHARLES
Elle avait causé une spectaculaire chute le Tour de France, en juin dernier : la jeune femme à la pancarte a comparu, hier (14 octobre), devant le tribunal correctionnel de Brest, pour blessures involontaires et non respect d'obligations de sécurité.
Le 26 juin, à Sizun, dans le Finistère, à 47 kilomètres de l'arrivée de la première étape du TOur de France, Brest -Landerneau, la jeune femme avait fait chuter une cinquantaine de coureurs, en brandissant une pancarte sur laquelle on pouvait lire "Allez Opi Omi" - un clin d'œil à ses grand-parents, fans de vélo. Agée de 31 ans, la jeune femme actuellement sans emploi est décrite comme "fragile", elle a connu plusieurs années de dépression, et son avocat la dit "terrorisée" par l'ampleur de l'affaire, et les réactions sur les réseaux sociaux.
Devant le tribunal, la jeune finistérienne a expliqué avoir "toujours autant honte" de sa "grosse bêtise". Elle a expliqué ne pas avoir cherché à fuir, juste après la chute : elle est restée une vingtaine de minutes sur place, et personne ne s'est adressée à elle, alors elle est rentrée chez elle, à quelques kilomètres de là, et elle est restée prostrée pendant 3 jours avant d'aller se présenter à la gendarmerie.
Une peine d'avertissement
Le procureur a requis une peine "d'avertissement" de 4 mois de prison avec sursis. La réaction à la sortie de l'audience de Me Romuald Palao, l'avocat des organisations de cyclistes professionnels (l'Union Nationale des Cyclistes Professionnels et l'association internationale Cyclistes Professionnels Associés) : "c'est toujours moins que la douleur qui a été ressentie par les coureurs. C'est une peine symbolique qui est proposée par le parquet, cela me semble être une sanction équilibrée... Ce n'est pas parce qu'une personne rencontre des difficultés dans sa vie personnelle que, pour autant, elle doit être négligente, ou se comporter comme elle l'a fait ce jour-là..."
Un euro symbolique
L'avocat de la jeune femme a indiqué que sa cliente payait déjà la "sanction sociale" : Me Julien Bradmetz a expliqué que sa cliente ne voyait presque personne, ne consultait plus les médias, se tenait loin des réseaux sociaux, et garderait ce souvenir à vie.
De son côté, Me Palao ne demande qu'un euro symbolique de réparation, mais attend une condamnation, pour faire œuvre de pédagogie : "cela doit servir pour que dans les prochaines courses, la petite frange du public qui ne se comporte pas bien, se dise que effectivement, si jamais ça dégénère, cela peut se traduire devant un tribunal correctionnel. D'autre part n'oublions pas que cette personne a voulu se mettre en scène au détriment de la santé des coureurs, et ce n'est pas acceptable..."
L'organisation du Tour pas mise en cause
Cette affaire de la femme à la pancarte a été vue et commentée évidemment dans le monde entier. Un journaliste allemand, Klaus Heinrich, avait d'ailleurs fait le déplacement depuis Stuttgart pour assister au procès à Brest. Il ne cache pas sa surprise de voir que les organisateurs du Tour de France ne sont à aucun moment mis en cause : "le Tour de France, c'est comme une fête, c'est quelque chose de très important pour les Français, pour les Allemands aussi. On a vu, j'avais déjà vu plusieurs fois quelques situations dangereuses. On a toujours des images avec des spectateurs et des situations dangereux. Pour moi, on doit quelque chose avec l'organisation du Tour..."
L'esprit du Tour de France
Lors du dernier Tour, on a pu voir, comme chaque année, des spectateurs qui courent près des coureurs, ou qui prennent des photos à faible distance. N'y aurait-il pas quelque chose à revoir dans l'organisation elle-même ? La réponse de Maître Palao :
"Ce n'est pas un problème de prévention : on a la voiture qui passe un quart d'heure avant, qui annonce que la course arrive, on a les motos qui annoncent que la course arrive... Les spectateurs doivent avoir l'attitude qu'ont 99% des personnes, qui sont au bord des routes pendant le Tour : c'est de s'écarter quand les coureurs arrivent, c'est de ne pas prendre des photos sur la chaussée... Ce n'est que du bon sens, parce que si on arrive à mettre un policier tous les 10 mètres, ça veut dire qu'il faut rendre les courses payantes, ce n'est pas souhaitable non plus, ce n'est pas l'esprit du Tour de France..."
Le tribunal rendra sa décision le 9 décembre prochain.