La sécheresse devient inquiétante en Bretagne

Publié : 22 juillet 2022 à 10h32 - Modifié : 22 juillet 2022 à 11h19 par Emilie PLANTARD

L'Odet, le 9 juillet 2022
Crédit : Eaux et Rivières de Bretagne

La Bretagne est un territoire fragile et exposé à la sécheresse lorsque les précipitations ne sont pas suffisantes. Or depuis quelques semaines, le contexte météo aggrave les tensions sur la gestion de l’eau. Les préfectures font évoluer les arrêtés de restrictions, mais cela reste insuffisant pour l’association Eau et Rivières de Bretagne.

Après la canicule et les températures records qui ont étouffé la Bretagne lundi 18 juillet, c’est désormais la sécheresse qui guette la région et ce ne sont pas les pluies d’orage tombées depuis mardi qui y changeront quoi que ce soit. Le déficit hydrique est important, 20 à 25% en moyenne, 40% pour le Morbihan. Les préfectures ont donc pris des arrêtés de limitation de la consommation d’eau, mais ces mesures sont insuffisantes selon l’association Eau et Rivières de Bretagne. Pauline Pennober y est chargée de mission sur les politiques de l’eau, elle explique qu'"Aujourd’hui les acteurs de l’eau potable doivent surveiller les grandes retenues qui alimentent en eau potable la majorité des bretons, pour anticiper un manque d’eau à l’automne. Parce que la période de pluies faibles ira jusqu’à l’automne. Les réserves vont commencer à se recharger à l’automne, voir début ou fin d’hiver. C’est maintenant qu’il faut économiser si on ne veut pas manquer d’eau à la fin de l’année."

Des mesures de restriction perfectibles

Ce cadre mis en place en cas de sécheresse est national doit permettre de restreindre l’usage de l’eau par les industriels, les agriculteurs et les particuliers mais il plutôt mal maîtrisé en Bretagne. A ce jour, tous les départements l’ont mis en place, du premier niveau de vigilance, jusqu’au plus haut niveau, celui de crise, sur certains secteurs de l’Ille-et-Vilaine, de Loire-Atlantique et du Morbihan. "Il y a déjà certains endroits où ça a déjà limité les prélèvements, en Ille-et-Vilaine on a des secteurs où on demande aux industriels de baisser leurs consommations d’eau, il y a des priorités, c’est l’eau potable et la préservation des milieux aquatiques. Le problème c’est qu’il y a peu de contrôles. En fin de semaine dernière, alors qu’on était déjà en période de canicule, on avait le Stade Rennais qui arrosait ses pelouses à 14H alors que c’était interdit. Les riverains nous ont alerté. Il y a vraiment besoin d’une sensibilisation de l’ensemble des usagers, nous devons tous être responsables et sobres."

Finistère : Vigilance

Côtes d’Armor : Vigilance

Morbihan : Alerte (crise sécheresse à Groix)

Ille-et-Vilaine : Alerte

Loire-Atlantique : Vigilance, alerte, alerte renforcée et crise selon les secteurs, alerte eau potable

Pauline Pennober, chargée de mission Eaux et Rivières de Bretagne
Crédit : Emilie Plantard

Vers des mesures plus drastiques ?

Les niveaux des eaux souterraines sont par endroits particulièrement bas, ceux de certaines rivières deviennent également inquiétant, c’est le cas de l’Odet qui s’approche de son record historique de 1976. La situation est également critique du côté de Saint-Malo où la population augmente l’été et où des travaux sur actuellement en cours les réseaux et en Loire-Atlantique ou le préfet alerte sur la consommation de l'eau portable. L’association Eau et Rivières de Bretagne veut donc alerter sur le risque de rationalisation, aujourd’hui et à l’avenir. "Nous on pense que des baisses de débit au robinet, c’est probable que ça arrive un jour, alerte Pauline Pennober. On avait déjà failli passer juste à côté en 2017 à Rennes, parce qu’il y avait eu une sécheresse hivernale très importante et pendant l’été, il y avait eu une rénovation du réseau d’eau qui fait qu’il y avait moins d’eau disponible. Les rennais étaient passés à quelques mètres cubes de la rationalisation de l’eau potable. Ce risque est une réalité en Bretagne."

ImaGeau, filiale du groupe Saur, a mis en place la plateforme Info-sécheresse, une plate-forme gratuite destinée à informer le grand-public.

Une prise de conscience nécessaire

La région Bretagne est connue pour sa pluviométrie importante, raison peut-être pour laquelle on ne se méfie pas de la sécheresse et pourtant, l’eau y devient un produit rare. L’association Eau et Rivières veut alerter sur les risques de sécheresse à l’avenir et tient à sensibiliser sur les enjeux, afin d’éviter des mesures plus drastiques. D’autant que la population bretonne augmente régulièrement, notamment sur la période estivale... Pauline Pennober, chargée de mission pour l’association ajoute que "C’est pas juste la population qui augmente, c’est aussi l’artificialisation qui augmente, les industriels qui consomment de plus en plus d’eau, les individuels aussi, c’est pour ça qu’il n’y a pas un problème, une solution, il y a tout un ensemble de facteurs et un ensemble de solutions. On peut continuer à accueillir des populations mais il faudra mieux les répartir, il faudra repenser notre tourisme pour qu’il soit plus sobre. Et il faudra mettre des conditions d’économie d’eau, aujourd’hui le matériel hydro-économe dans les maisons, ce n’est toujours pas obligatoire. C’est déjà un produit rare, c’est juste qu’on ne s’en rend pas compte."