La plus grande station à hydrogène vert de l'Ouest, construite à Vannes

Publié : 16 septembre 2021 à 8h54 par Dolorès CHARLES

Electrolyseur Morbihan Energie
Electrolyseur Morbihan Energie
Crédit : Yann Launay

Alors que s'ouvre la semaine européenne de la mobilité, l'hydrogène apparaît de plus en plus comme une solution majeure pour des transports décarbonés. Reportage dans le Morbihan.

C'est à Vannes que démarre la construction de ce qui sera la plus grande station à hydrogène vert de l'Ouest. L'hydrogène sera produit sur place, à partir d'eau, avec de l'électricité issue des énergies renouvelables. L'électrolyseur pourra produire 300 kg de gaz par jour. La station sera installée près de l'usine Michelin et ce n'est pas un hasard, comme l'explique Jo Brohan, président du syndicat intercommunal Morbihan  Energies :

"Michelin, dans son process industriel, utilise de l'hydrogène, pour nettoyer les fils d'acier qui sont dans les pneus. Ils vont nous acheter 70 kg/jour. Il nous restera donc 230 kg par jour : il y  aura une station, avec un pistolet, comme une station de carburant, mais également des contrats que l'on va passer avec des collectivités sur des flottes un peu captives comme les poubelles ou les bus."

Jo Brohan, Morbihan Energie
Crédit : Yann Launay

Des bus hydrogènes à Lorient

Même si l'hydrogène ne remplacera pas toutes le autres technologies, ses applications sont très nombreuses : "l'électricité restera, pour les petits véhicules. L'hydrogène sera certainement plus utilisé sur des véhicules plus puissants. Actuellement, on réfléchit sur les bateaux sur le Golfe, on réfléchit avec Lorient sur les bateaux trans-rade. Il y a déjà un train qui circule sur les voies non électrifiées, et bien sûr les bus : Lorient par exemple, lorsqu'on va être opérationnel, s'engage à l'achat de 11 bus hydrogène..."

Jo Brohan
Crédit : Yann Launay
Jo Brohan, Morbihan Energie
Crédit : Yann Launay

Demain, l'hydrogène sera à 1 euro du kilo !

Reste que le coût de cet hydrogène vert reste élevé, il est pour l'instant supérieur aux autres sources d'énergies. Jo Brohan ne le nie pas, mais pour le président de Morbihan énergies, les prix baisseront avec la massification de la production : "on est dans l'expérimental, les 300 kg que l'on va produire, c'est petit... Demain, ce sera des électrolyseurs à 1000, même jusqu'à 5000 kg par jour, c'est évident. La technologie, on va la maîtriser vite, l'électrolyse de l'eau, c'est connu... Mais elle va également évoluer : pas plus tard que la semaine dernière, on parlait de l'électrolyse de la vapeur d'eau... On va aller vers des productions intéressantes, et on dit même que demain, l'hydrogène sera à 1 euro du kilo : avec un euro, vous ferez 100 kilomètres..."

Jo Brohan, Morbihan Energie
Crédit : Yann Launay

Une voiture à hydrogène coûte au moins 50 000 euros

L'objectif est bien de faire rouler des flottes de bus, de poids lourds, à l'hydrogène. Pour ce qui est des particuliers, les voitures à hydrogène existent : Morbihan énergies en utilise deux, alimentées par un petit électrolyseur installé au siège du syndicat, à Vannes. Et cela fonctionne : les véhicules sont fiables. Mais là aussi le prix est un frein : il faut débourser aujourd'hui entre 50 000 et 80 000 euros pour acheter une voiture à hydrogène :

"On est sur des unités, il n'y a pas de chaîne de construction de véhicules hydrogène. Tant que cela restera relativement confidentiel, cela restera cher. Je vais vous donner un autre exemple : un bus urbain coûte environ 350 000 euros. Vous passez à un bus hydrogène, c'est 600 000... Les collectivités qui s'engagent savent très bien que ce n'est pas un gain financier, c'est pour la protection de l'environnement, mais cela ne pourra pas se faire sans aide financière..."

Jo Brohan, Morbihan Energie
Crédit : Yann Launay

La station hydrogène de Vannes devrait être opérationnelle début 2022.