La nidification des gravelots : attention où vous marchez sur les plages bretonnes !

C'est un petit oiseau emblématique de nos côtes, et c'est une espèce menacée : le gravelot à collier interrompu pond ses œufs à même le sable, en haut de plage, ce qui les rend particulièrement vulnérables. Alors que la période de nidification du gravelot démarre dans nos régions, vous êtes appelés à la vigilance, pour éviter l'omelette ! Pourtant, les bons gestes à adopter n'ont rien de compliqué ou de contraignant.

Les bonnes pratiques sur les plages

Petit rappel des bonnes pratiques sur les plages avec David Hémery, chargé du suivi des Gragelots chez Bretagne vivante. "Marcher plutôt à marée basse près de l'eau. Tenir son chien en laisse et ne pas le laisser divaguer sur toute la plage ou courir après les oiseaux. Il faut éviter de jeter nos déchets quand on a un oiseau, par exemple, qui est devant nous, qui pousse des petits cris qui miment une blessure, il faut juste se décaler, faire un détour d'une cinquantaine de mètres et poursuivre son chemin plus loin. Le but n'est pas d'interdire aux gens les plages parce que cela ne marchera pas. Les gravelots ont besoin de la présence humaine pour se reproduire, mais d'une présence humaine, contrôlée, responsable et sensibilisée. Si on se promène tranquillement en famille et qu'on profite de la plage, cela peut très bien marcher."

"Depuis deux ans, on a recours aux cages anti-prédateurs... "

Dans les semaines ou mois qui viennent, vous croiserez peut-être de curieuses cages, en grillage, posées sur le sable ou sur une zone de galets, en haut de plage : ce sont des dispositifs de protection des nids de gravelots, comme l'explique David Hemery. "Depuis deux ans, on a recours aux cages anti-prédateurs... La protection utilisée auparavant était des enclos et malheureusement c'est assez visible et les corneilles et les pies comprennent très vite que enclos signifie nourriture... Et comme elles aussi ont des petits à nourrir, il y a eu beaucoup de prédation par corvidés. Les cages anti prédateurs, c'est très interventionniste, mais cela fonctionne bien. On est passé entre 25 et 40 % d'éclosion à plus de 70 % d'éclosion en deux ans. Il n'y a pas de solution miracle, il faut rester vigilant, tirer des conclusions de toutes nos actions et s'adapter en fonction des prédateurs, des activités humaines et du gravelot aussi."

Une populaton fragile, à protéger

En 2023, 1 200 couples de gravelots à collier interrompu ont été recensés sur les côtes françaises, dont 249 en Bretagne. Un chiffre encore modeste, mais les efforts de protection semblent commencer à porter leurs fruits car "249 couples en 2023, c'est un record sur les 15 à 20 dernières années. On a réussi par nos actions depuis le début des années 2010 à faire remonter la population. L'équilibre reste très fragile car si demain on arrête de protéger le gravelot - on estime d'après nos analyses et les Normands ont le même résultat - que dans 50 ans, on n'aura plus de gravelots sur nos plages !" précise David Hemery.

C'est une espèce "parapluie" : en le protégeant, on protège l'écosystème précieux des hauts de plage, avance David Hémery. "On travaille ... à partir de la ligne de laisse de mer, cette ligne sombre qui est déposée par la mer avec beaucoup d'algues, de cadavres d'animaux marins, de poissons et jusqu'en haut des dunes... cette partie là, c'est celle des habitats préférentiels du gravelot et les actions de protection du gravelot vont bénéficier à la végétation de cet habitat, aux arthropodes, à la microfaune des plages et aux autres oiseaux et mammifères qui peuvent fréquenter nos plages. C'est aussi important pour nous les hommes car la dune est un rempart et un barrage contre les vagues et les tempêtes."

Pour protéger les nids, des cages en grillage sont utilisées et si vous en rencontrez sur la plage, vous êtes evidemment invités à les laisser en place. La période de nidification du gravelot court d'avril à août, avec un pic entre avril et juin.