La ministre Agnès Pannier-Runacher en Finistère. Comment mieux faire respecter la Loi EGalim ?
Publié : 16 avril 2024 à 8h59 - Modifié : 16 avril 2024 à 9h00 par Dolorès CHARLES
La ministre en charge de l’Agriculture, Agnès Pannier-Runacher, était en Bretagne hier (lundi 15 avril) pour évoquer les lois EGalim et la rémunération des agriculteurs. Le gouvernement veut toujours plus de transparence sur l'origine géographique des produits, mais il y a des écueils dans l'application de la Loi et une vraie complexité administrative pour la laiterie Malo, un temps montrée du doigt.
C'était une des doléances des agriculteurs : que l'Etat fasse respecter la loi Egalim, censée garantir aux producteurs un prix correct. Les contrôles effectivement se multiplient : le gouvernement a fixé aux services concernés l'objectif de 10 000 contrôles en 2024 (contre 6700 en 2023). La ministre Agnès Pannier-Runacher était ce lundi 15 avril dans le Finistère, pour faire le point. Depuis janvier, 191 contrôles ont été menés en Bretagne principalement dans la grande distribution (9 contrôles sur 10). Un peu plus du tiers de ces contrôles ont révélé des irrégularités liées en particulier à l'origine géographique de la viande, des légumes ou du poisson.
Des entorses qui peuvent être involontaires, comme des étiquetages qui ne sont pas à jour mais il existe aussi de la grande fraude organisée, comme l'explique Agnès Pannier-Runacher, ministre déléguée auprès du ministre de l'agriculture. "Ce sont des réseaux organisés qui vont importer des produits étrangers et qui vont les réétiqueter et de la carotte hollandaise se retrouve sous des barquettes avec écrit "Produit en France" et elle est ensuite vendue dans les réseaux de grande distribution. Ici, la fraude vient d'industriels ou de la logistique, et l'acheteur de grande distribution lui même a été trompé. Ce sont des enquêtes qui sont plus longues pour savoir d'où vient la fraude et pour pouvoir sanctionner lourdement ce type de situation."
Le gouvernement veut toujours plus de transparence sur l'origine géographique des produits alimentaires : un test va démarrer dans quelques semaines pour indiquer l'origine des produits transformés, qui entrent dans la composition des plats préparés. "Lorsque vous avez une sauce tomate, c'est intéressant de savoir que le site industriel qui prépare la sauce est français. Cela veut dire qu'il y a de l'emploi français, mais c'est aussi intéressant de vérifier que les tomates sont françaises. Beaucoup de sites industriels qui produisent en France peuvent acheter leurs ingrédients à l'étranger... et c'est une double information à laquelle le consommateur doit pouvoir avoir accès."
La Laiterie Malo : "Produire un lait en Bretagne de qualité, cela a un prix"
Les services de l'Etat vérifient aussi la conformité des contrats passés entre les éleveurs laitiers et les industriels. Parmi les entreprises contrôlées : la laiterie Malo, qui produit à Saint-Malo les fameux yaourts en pot carton. Malo appartient au groupe Sill, dirigé par Sébastien Floch, qui ne le cache pas : la loi Egalim est complexe à appliquer, à tous points de vue : "d'abord, il faut contractualiser avec le monde agricole et de la même manière, il faut contractualiser de la même manière avec nos clients - la grande distribution - et qu'on arrive à leur faire accepter les prix et faire le lien entre ces deux c'est beaucoup de juridique, de temps, de complexité administrative et une vraie capacité à ce que la grande distribution accepte le prix juste et donc de recevoir des augmentations de prix et de les payer. Produire un lait en Bretagne de qualité, cela a un prix et il faut que collectivement, on se rende compte que chacun dans cette filière est responsable et le consommateur également."
"Certains contrôleurs sont venus nous embêter alors que le fondamental est là"
Le nom de la laiterie Malo a été cité en début d'année parmi des entreprises ne respectant la loi Egalim. Une injustice insupportable, aux yeux de Sébastien Floch, alors que Sill, groupe propriétaire de Malo, a augmenté la rémunération de ses 600 producteurs de lait. "Malo a eu un contrôle en avril 2023 toujours en cours et on n'était pas très content parce que cela prend d'abord du temps ; Malo respecte les choses et parce qu'il manque deux ou trois signatures sur des contrats, et certains contrôleurs sont venus nous embêter alors que le fondamental est là, c'est à dire que le prix producteur est bien versé depuis le premier jour. Dans la complexité administrative qu'on évoque, cela nous semble important qu'on puisse se concentrer sur l'essentiel, c'est à dire obtenir de vrais et justes revenus agricoles. Je crois que les contrôles doivent avant tout porter là dessus !"
Lors de son passage en Bretagne, Agnès Pannier-Runacher a confirmé le lancement d'un "démonstrateur territorial" en élevage laitier, en Finistère Nord. C'est un projet pilote grandeur nature pour trouver les méthodes d'élevage permettant de réduire les émissions de gaz à effet de serre. 14 millions d'euros seront investis dans le projet, porté par la Chambre d'agriculture, les collectivités, les lycées agricoles, les coopératives ou encore les centres de recherche comme l'INRAE.