Vendée. La grippe aviaire nous privera de foie gras cet hiver

Publié : 13 décembre 2022 à 18h00 - Modifié : 13 décembre 2022 à 18h04 par Dolorès CHARLES

Foie gras
Crédit : Pixabay

Les cas de grippe aviaire se sont multipliés ces derniers mois en Bretagne et Pays de Loire, les producteurs ont été obligés d'abattre leurs volailles et la production de nouveaux élevages est à l'arrêt. Certains éleveurs comme Ludovic Corbineau en Vendée, très touché par l'épizootie, souhaite arrêter, et changer de métier. Témoignage.

Si vous n’aviez pas anticipé, il va être désormais bien difficile de trouver du foie gras, pour vos réveillons, ou alors à des tarifs inavouables. La grippe aviaire est passée par là, et de nombreux producteurs de l’Ouest sont déjà en rupture de stock. Certains n’ont même pas pu produire pour les fêtes : c’est le cas par exemple de Ludovic Corbineau, à Saint-Julien-des-Landes, en Vendée. Son activité avait déjà été suspendue pendant 8 mois, depuis mars dernier, à cause de la grippe aviaire. 

Le témoignage de Ludovic

Ludovic devait à nouveau recevoir des canards début décembre, mais de nouvelles contaminations dans le secteur ont tout annulé. Cela repartait et on commençait à sortir la tête de l'eau, et puis là juste avant les fêtes c'est la catastrophe. On me fout en l'air environ 40 % de mon chiffre d'affaires annuel, sur deux mois. Si l'État nous aide, tant mieux, sinon... En ce qui me concerne, il n'y aura pas de foie gras, et je n'en produirai pas l'année prochaine ! Je ne vais pas m'amuser à travailler deux mois de l'année. Il y en a peut être que cela fait rire de foutre en l'air les petits producteurs dans mon genre, mais j'ai autre chose à faire que de faire peur à ma famille et de ne pas savoir comment je pourrais la nourrir demain. Je vais faire autre chose et partir dans un autre domaine !"

Ludovic Corbineau
Crédit : Yann Launay

On pourrait produire beaucoup moins cher

Très amer, Ludovic Corbineau envisage sérieusement de changer de métier, après deux années très compliquées : "je me laisse encore une marge de manœuvre. Je veux voir en début d'année comment cela reprend, mais si on ne parle pas de vaccination avant le printemps ce n'est pas la peine de repartir, parce qu'au mois de mars, quand les oiseaux migrateurs vont remonter, ils seront encore malades ! Cela va encore être la même comédie, et puis on sera encore arrêtés pendant deux, trois ou quatre mois. Si on voulait vacciner, il y a longtemps qu'on vaccinerait mais on a préféré ne pas vacciner parce que comme ça, ça fait moins de production à l'année. Cela garde les prix assez élevée, c'est vrai on le vend très cher, c'est débile. On pourrait très bien produire beaucoup moins cher, mais ça ferait certainement beaucoup de manque à gagner pour nos gros industriels."

Ludovic Corbineau
Crédit : Yann Launay

Pour les producteurs de foie gras, la vaccination apparaît comme le seul véritable espoir : deux vaccins contre la grippe aviaire sont en cours d'évaluation, en France, avec de premiers résultats qualifiés "d'encourageants" par les laboratoires concernés.

La situation en Vendée

Face à l’accélération du nombre de foyers d’influenza aviaire confirmés dans la région Pays de la Loire depuis une semaine, principalement en Vendée et dans les Deux-Sèvres, le ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire a décidé la mise en oeuvre de mesures renforcées. A la date du 1er décembre, 34 foyers (*), principalement dans des élevages de canards et de dindes, ont été confirmés en Vendée depuis 1er octobre dernier. Depuis la reprise épizootique, les services de l’État et la Chambre d’agriculture de la Vendée sont pleinement mobilisés pour soutenir les éleveurs.

Afin d’éviter la propagation du virus, les transports d’oiseaux sont interdits par arrêté préfectoral autour de ces élevages en zones de risque de diffusion (ZRD) c'est-à-dire à forte densité de volailles. Des abattages préventifs ont été également réalisés autour des foyersainsi que des tests avant mouvement pour les palmipèdes. Ces mesures de lutte déjà en vigueur autour des foyers sont maintenues. S’y ajoutent la mise en place de zones réglementées.

Des dispositifs d’indemnisation seront déployés pour tenir compte de l’impact de ces mesures sur le fonctionnement des filières volailles. Le préfet de la Vendée appelle tous les acteurs de la filière avicole à rester vigilants et à l’application la plus stricte des mesures de biosécurité pour empêcher le virus d’entrer dans les élevages via la faune sauvage et les activités humaines et éviter sa diffusion entre élevages.

Les mêmes recommandations s’adressent aux particuliers détenteurs d’oiseaux de basse-couret d’ornement.

Liste des foyers par commune : St-Martin-des-Noyers, Les Pineaux, La Chaize-le-Vicomte, St-Fulgent, St-Hilaire-des-Loges, Moutiers-sur-Le-Lay, Foussais-Payré, Moreilles, La Chapelleaux-Lys, Vairé, Chantonnay, Coëx, Le Boupére, St-Christophe-du-Ligneron, La Tardière, Sevremont, St-Mars-La-Réorthe, Pouzauges, St-Paul-Mont-Penit, Memonblet, Les Landes-Genusson, La Guyonnière, Tallud-Sainte-Gemme, Challans et Soullans.

Sur les 34 foyers recensés, 6 foyers sont aujourd’hui éteints.