Le phénomène de la "Grande Démission" : analyse avec un cabinet de recrutement nantais
Publié : 10 novembre 2022 à 9h36 - Modifié : 10 novembre 2022 à 15h13 par Alexandra BRUNOIS
De meilleurs salaires et de meilleures conditions de travail, c’est ce que recherchent beaucoup de Français. Et depuis quelques mois et la pandémie de Covid 19, c’est la révolution sur le marché du travail avec un phénomène de "Grande Démission". Les explications avec Marie Bretécher, directrice de l'agence de recrutement Moreno Consulting, à Nantes.
Jeudi noir en ce 10 novembre. A l’appel de la CGT, c’est une nouvelle journée de mobilisation nationale partout en France et dans l’Ouest. Après la grève du 27 octobre en pleines vacances de la Toussaint, cette journée interprofessionnelle s’annonce un peu plus suivie. Les Français sont appelés à "maintenir la pression" pour des salaires et des retraites indexés sur l’augmentation du coût de la vie. Des manifestations sont prévues en Bretagne et Pays-de-la-Loire, au total une vingtaine de cortèges de Nantes, à Saint-Nazaire, en passant par Vannes, Rennes, Saint-Brieuc, Quimper, etc. (*)
Le phénomène de la Grande Démission
Depuis quelques mois et la pandémie de Covid 19, le marché du Travail subit le phénomène de la "Grande Démission". D’abord aux Etats-Unis, ces départs massifs au sein des entreprises ont été observés en France et dans l’Ouest jusqu’à atteindre des records. Marie Bretécher est psychologue du travail et directrice de l’agence de recrutement Moreno Consulting de Nantes. "On a depuis fin 2021, mais aussi depuis début 2022, un nombre de démissions qui atteint un niveau historique ! On a plus d'un million de démissions par trimestre depuis fin 2021, ce qui est assez énorme. On a des entreprises qui l'ont effectivement évoqué en disant "on a en trois ou quatre mois, l'équivalent de près de 100 années d'expérience qui partent avec des démissions de salariés". C'est important, mais c'est quelque chose qui est tout à fait classique en sortie de crise, on l'a déjà vécu ! On a en principe ce phénomène-là qui s'opère à la fin d'une crise, comme ce qu'on a vécu avec le Covid."
Plus d'un million de démissions par trimestre
Selon Marie Bretécher de l’agence de recrutement Moreno Consulting, interrogée par Alexandra Brunois, "beaucoup de personnes, avec le Covid, se sont rendues compte d'un certain nombre de valeurs ou de critères qu'elles voulaient conserver et qu'ils ne retrouvaient plus dans leur poste actuel... Cela a a amené ce type de démission. On a des entreprises par exemple, qui ont beaucoup de cadres qui ont souhaité avoir moins de déplacements et c'est ce qui a pu amener des démissions dans certains postes ou des entreprises qui le nécessitaient pour retrouver un travail un peu plus sédentaire, pour être un peu plus en famille."
Les salariés recherchent plus de flexibilité
Face à ce phénomène, et à de nouvelles envies de flexibilité (télétravail, et avantages divers) de la part des salariés, les entreprises ont des difficultés à recruter depuis plusieurs mois. "Est-ce que demain j'aurais la possibilité d'avoir un ou plusieurs jours de télétravail ? Cela peut être aussi la flexibilité dans les horaires. Cela peut être sur la partie climat social, ambiance, la formation des collaborateurs. Comment met-on l'accent sur l'accompagnement des carrières ? comment on travaille sur la qualité de vie au travail ?"
Et puis il y a la relation managériale, souligne Marie Bretecher, "comment on instaure un climat un peu différent au niveau du management. Cela peut également être des éléments autour de la rémunération : prime, d'intéressement, de participation, mutuelle d'entreprise. En tous les cas, la rémunération est un élément important, mais par contre, ça ne sera pas cet élément qui fera qu'on va rejoindre ou non une entreprise. L'ambiance, le sens que lon va donner au travail sont essentiels aujourd'hui."
Le phénomène de Grande Démission devrait s’estomper, un retour à la normale avec des démissions moins nombreuses est attendu d’ici la fin de l’année.
(*) De nombreux services publics sont impactés à commencer par les transports, à la SNCF, mais aussi l’école des enfants, les hôpitaux et bien d’autres secteurs d’activité.