La filière bois veut se développer dans l’ouest

Publié : 3 juin 2022 à 9h51 - Modifié : 3 juin 2022 à 11h02 par Emilie PLANTARD

Un stock de bois en Vendée
Crédit : Emilie Plantard

Après trois ans d’absence, le Carrefour International du Bois revient pendant trois jours à Nantes. Une occasion unique pour les acteurs de la filière de se rencontrer et de négocier après la crise qu’ils viennent de traverser. Et un temps fort pour le territoire, qui veut développer son activité bois.

Il est considéré comme le plus grand salon européen de la filière bois et il n’a pas eu lieu depuis 4 ans. Autant dire que les professionnels sont heureux de se retrouver sur le Carrefour International du Bois, qui se tient en ce moment à Nantes (du 1er au 3 juin 2022). Les visiteurs viennent de toute l’Europe, pour visiter les stands de gestion forestière, de grossistes, de scieries, de menuiseries... Après avoir traversé une crise sans précédent ces trois dernières années, notamment au niveau des prix, les professionnels retrouvent quelues couleurs.

C’est le cas pour la construction bois notamment, Karine Bouhier est co-dirigeante de LCA Construction Bois, en Vendée. "On n’est pas retournés au prix d’il y a 2 ou 3 ans, mais on est en train de les stabiliser avec les délais d’approvisionnement. Ce qu’on a connu l’année dernière était assez exceptionnel. On est passés en gros de 4 semaines de délai à 6 mois. Et puis c’était très compliqué de trouver de la matière, à des prix acceptables pour nos clients et nous, pour sortir des affaires qui soient rentables. Ça n’a pas toujours été le cas. Mais depuis décembre, c’est en train de se stabiliser."

La tension redescend doucement

La construction bois a été particulièrement chahutée ces deux dernières années. Difficultés d’approvisionnement, hausse importante des prix du bois... Le montant des devis, signés parfois un an avant le début des chantiers, ont d’ailleurs créé quelques problèmes entre les entreprises et les clients, mais bonne nouvelle, aujourd’hui, la tension semble retomber un peu.

"Evidemment maintenant pour tous les nouveaux contrats, c’est systématique, il y a des clauses de révisions de prix, précise Karine Bouhier, co-dirigeante de LCA Construction Bois, en Vendée, et pour les contrats qui étaient signés sans clause puisque c’était l’habitude dans nos métiers, il faut repartir discuter avec le client pour qu’il accepte. On a des matières qui ont pris 200, 250%, quand on sait que la matière représente 30% de notre marché, à un moment ça ne passe plus. Le client il est obligé de discuter avec nous. J’ai des confrères, il y a des chantiers où ils ne sont pas allés, ils ne pouvaient pas se permettre."

Karine Bouhier, co-dirigeante de LCA Construction Bois, en Vendée
Crédit : Emilie Plantard

Relocaliser la production et la valeur ajoutée

Très dépendante du marché international, la filière bois française semble avoir appris les leçons de cette crise et veut relocaliser au maximum. C’est également l’ambition de la filière locale en Bretagne et Pays-de-la-Loire. Nicolas Visier est délégué général de Fibois Pays-de-la-Loire, qui regroupe les 12 interprofessions sur la région : "C’est quand même une absurdité d’importer des choses qu’on peut produire chez nous, donc de re-produire en local, de transformer en local, moi je suis quelqu’un d’optimiste, on doit revenir à des choses plus raisonnables. Tout le monde le dit, même les industriels. Tout le monde a été marqué par l’épisode, donc on prend conscience qu’on doit transformer des matières qui poussent chez nous, on a des arbres qui poussent chez nous, il faut les utiliser chez nous."

Replanter des arbres

Aujourd’hui, les régions Bretagne et Pays-de-la-Loire ne sont pas des régions très productrices de bois, la filière porte 4000 entreprises et 30.000 salariés sur les 400.000 salariés en France. Les acteurs veulent donc faire grandir le marché local, en produisant d’abord plus de bois. "Si on veut penser à l’avenir et développer la filière bois, ajoute Nicolas Visier, il y a deux choses importantes. Il faut planter des arbres, investir massivement dans nos forêts. On a compris qu’il fallait absolument planter des arbres. On a planté 1 million d’arbres, et on a un projet d’en planter 2 millions. On a 10% de surface forestière, on peut aller beaucoup plus loin. Et deuxième point, il faut former du monde.

Depuis le 1er janvier 2022, la règlementation (RE2020) impose une performance environnementale des matériaux de construction des logements neufs. De quoi privilégier le bois sur l’acier ou le béton.

Le Carrefour International du Bois
Crédit : Emilie Plantard
Le Carrefour IInternational du Bois
Crédit : Emilie Plantard
Nicolas Visier, délégué général de Fibois Pays-de-la-Loire
Crédit : Emilie Plantard