La crêperie Lohéac fait désormais travailler ses salariés, la nuit ... en heures creuses
Publié : 16 janvier 2023 à 14h05 - Modifié : 16 janvier 2023 à 14h10 par Dolorès CHARLES
Dans le contexte énergétique actuel, difficile pour certains commerçants de faire face à la flambée des factures. A Lorient dans le Morbihan, le patron de la crêperie Lohéac a décidé avec ses salariés de modifier l'organisation du temps de travail, et de passer en heures creuses.
Quand une entreprise décide de passer en horaires de nuit pour réduire la facture d'électricité : à Lorient, la Crêperie Lohéac et ses 10 employés fabriquent des spécialités bretonnes et jusqu'au 1er janvier, l'équipe de production travaillait de 7h à 12h et de 14h à 17h, mais depuis 15 jours, les plannings ont radicalement changé. Les employés travaillent de 22 heures à 6 heures, pour faire tourner les appareils de cuisson en heures creuses.
La survie de l'entreprise était en jeu, comme l'explique le patron, Xavier Lohéac, à Yann Launay : "nous avions en 2022, depuis plusieurs années d'ailleurs, une note stable au niveau électricité. On était aux alentours des 25 à 28 000 € et au mois de novembre, différentes offres nous ont été faites, la meilleure offre que nous ayons trouvée, en tout cas la moins mauvaise, nous montait la note annuelle à 100 000 €. On fait 1,2 million d'euros de chiffre d'affaires, c'était impensable, surtout compte-tenu de la conjoncture qui était déjà compliquée avec les hausses de matières premières aux alentours de 25 %. Le tout conjugué fait qu'on devait trouver une solution pour essayer de réduire la note d'électricité en travaillant en heures creuses."
Une décision concertée avec les salariés
Même si les heures de nuit sont majorées de 25% pour les employés, l'entreprise s'y retrouve en divisant le coût par deux, par rapport aux heures pleines. Sans cette économie, Xavier Lohéac estime que la seule perspective pour son entreprise était la fermeture, dans 6 mois. La décision a été prise en concertation avec les employés, principalement des femmes, qui ont rapidement accepté, ce qui finalement ne surprend pas leur patron : "on est soudés, on est une petite équipe, on travaille ensemble depuis des années. Je savais qu'elles étaient très impliquées et qu'elle pouvaient comprendre ce choix. C'est vrai que l'impact d'organisation familiale, d'organisation du rythmes de sommeil, de rythme de vie n'est pas simple. Il y a une adaptation qui est en train de se faire. Nous espérons par des mesures gouvernementales et une possible renégociation de nos contrats à la baisse, peut être pouvoir espérer revenir à une organisation normale pour les heures d'été, c'est à dire à partir du mois d'avril - mai. Sur les heures d'hiver jusqu'à fin mars, c'est l'organisation qui est en place."
Laure a dit oui, pour sauver son entreprise
Parmi les employés qui voient leurs horaires de travail chamboulés : Laure, qui a "accepté pour sauver son entreprise, mon patron et mes collègues. " Accepté", c'est un peu dur parce que c'est une organisation très compliquée. Moi qui vis seule avec mon petit garçon de neuf ans de base, mon patron avait accepté de s'adapter un peu à ma vie et à mon histoire. Là, ça complique un peu les choses. On s'adapte ! J'ai la chance d'être bien entourée. Ma mère, qui est grand mère de mon petit-garçon, s'en occupe régulièrement, comme le mercredi ou le week end, puisque là je travaille tous les week ends. On ne pourra pas trop penser à la vie de famille. On pense d'abord au travail et puis on s'organise sur le moment."
Le patron de la crêperie, Xavier Lohéac, espère renégocier son contrat d'électricité dans les semaines qui viennent, pour que ce fonctionnement en horaires de nuit ne soit que transitoire.