L'Ouest face à la double vague, Delta - Omicron
Publié : 3 janvier 2022 à 17h49 - Modifié : 4 janvier 2022 à 8h14 par Dolorès CHARLES
Depuis ce lundi matin, de nouvelles restrictions sont en place en France pour faire face à l'épidémie de COVID-19. L'Ouest est moins touché que d'autres régions, mais les taux d'incidence sont importants et la vigilance est de rigueur. Le point avec l'épidémiologiste de Rennes, Pascal Crepey.
La France fait face à une double vague, la première du variant Delta, et la seconde liée au variant Omicron. Un variant qui selon les dernières remontées hospitalières serait plus contagieux mais moins dangereux que le Delta. Pour revenir sur la situation sanitaire en France et dans l’Ouest, l’épidémiologiste de Rennes, Pascal Crepey était l’invité de l’émission "Sur place ou à emporter" ce lundi midi. Pour lui, "Omicron va dominer la circulation virale dans les prochaines semaines (…) comme c’est déjà le cas au Royaume-Uni ou au Danemark".
Encore une fois, l’Ouest est relativement épargné
Deux particularités, le climat sans doute et le fait que la population soit majoritairement vaccinée contre le COVID-19, comparé à d’autres territoires. Pascal Crépey répond à Anthony Boutin : "on est encore une fois un peu moins touchés que les autres régions, cela ne veut pas dire que le virus ne circule pas, il circule très fortement mais les incidences sont un peu plus faibles. On est aussi un peu plus vaccinés que d'autres régions : il y a quasiment 10% de différence entre la Bretagne et l'Ile de France ou la région PACA, cela contribue à nous protéger. La situation est relativement bonne à comparer avec les autres régions, mais je dis "relativement" car encore une fois il ne faut pas dire qu'on est à l'abri."
Pour lutter contre ces vagues successives, les préfets ont pris des arrêtés obligeant le port du masque en extérieur partout sur le territoire, en Loire-Atlantique, Mayenne ou Vendée et dans certaines grandes villes des Côtes d’Armor et d’Ille-et-Vilaine.
Olivier Véran parle de "dernière vague"
Confiant ou trop optimiste, le ministre de la santé Olivier Véran parle d’une 5ème et peut-être "dernière vague". Interrogé sur cette qualification de "dernière vague", Pascal Crépey rappelle que le virus réserve encore son lot de surprises et qu’il faudra continuer à vivre avec lui, mais qu’aujourd’hui c’est possible grâce à la vaccination et aux nouveaux traitements qui arrivent.
En attendant, les fêtes de fin d’année avec les rassemblements en famille et entre amis entraîneront indéniablement un pic dans une dizaine de jours et orienteront les courbes à la hausse. Pour Pascal Crepey, pas d’affolement, les écarts réalisés en fin d’année doivent simplement être ponctuels :
"Lorsqu'il y a regroupement de personnes il y a un risque de contamination, et je pense qu'il y a eu beaucoup de contaminations lors des réveillons de Noël et du Nouvel An, mais je crois aussi que les Français ont fait particulièrement attention. Beaucoup se sont testés, on a vu une explostion du nombre de tests, voire une pénurie d'autotests. Tout cela contribue à nous protéger. L'an dernier, nous n'avions pas vu d'explosion particulière liée à des réveillons, cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de contaminations, mais cela veut dire que tous ces évènements ponctuels ont un impact ponctuel. Ils ne vont pas changer la dynamique au long terme..."
Quid du télétravail obligatoire ?
Il prône aussi le télétravail, un mode (de travail) qui doit être privilégié dans les entreprises qui le peuvent, pour limiter les contacts et le risque de transmission : "pour les professions qui sont télétravaillables, c'est une excellent chose car cela diminue le risque pour les télétravailleurs mais aussi pour celles et ceux qui ne peuvent pas télétravailler, car vous réduisez le nombre de personnes sur les lieux de travail et également dans les transports en commun. Vous réduisez le risque de contacts entre personnes qui sont le support de ces contaminations ... Tous ceux qui peuvent télétravailler doivent vraiment télétravailler au maximum."
L'isolement revu avec le nouveau variant
Avec Omicron, les durées d’isolement ont évolué, et ces durées sont jugées pertinentes mais moins efficaces pour l’enseignant chercheur et biostatisticien de Rennes, Pascal Crépey : "avec les niveaux d'incidence que l'on a, si l'on restait sur les règles d'isolement que l'on avait, en fait on se retrouvait tous confinés assez rapidement. Si on ne veut pas bloquer la vie de la cité, on a besoin d'adapter un peu les choses... Comme on sait que l'on a un peu moins de chance d'être infecté, voire beaucoup moins de risque de faire une forme grave si l'on est complètement vacciné avec une 3ème dose, les autorités de santé ont décidé de s'appuyer sur cet élément pour lever la quarantaine des personnes contacts, que ce soit chez les adultes ou chez les enfants, mais cela est conditionné à la réalisation d'un test antigénique ou PCR, dès que l'on sait que l'on est cas contact, puis à J+2 et à J+4."
En France, de nouvelles restrictions ont été mises en place cette semaine pour lutter contre la propagation du virus, et l’interdiction de la consommation au bar, debout, en fait partie. Mais cette mesure est-elle vraiment efficace ? Oui pour l’épidémiologiste Pascal Crépey car elle diminue de fait la fréquentation des établissements et donc le risque de contamination.
"En fait imposer la position assise, c'est réduire la jauge du nombre de personnes dans les bars et les restaurants, c'est ce qui est recherché c'est diminuer la densité de personnes dans ces lieux pour diminuer le risque qu'il y ait une personne infectée..."