L'Ille-et-Vilaine accueille les premiers SDF en provenance de Paris
Publié : 22 juin 2023 à 7h49 - Modifié : 22 juin 2023 à 7h51 par Dolorès CHARLES
Les premiers sans-abris parisiens sont arrivés en Bretagne cette semaine : 19 personnes ont été accueillies à Montgermont par l’association "Aurore" dans l’ancien hôtel Formule 1. Il s’agit d’un sas temporaire où les SDF resteront trois semaines.
C'est l'un des dix sas d'accueil des migrants en région : un ancien hôtel de Montgermont, près de Rennes, abrite depuis mardi (20 juin) ses premiers SDF en provenance de Paris. 19 personnes, en majorité de jeunes Afghans, mais aussi des Soudanais et une famille colombienne. Dix-neuf personnes qui resteront trois semaines à Montgermont, le temps pour l’association "Aurore" et pour les services de l’Etat de faire le point sur leur situation et de leur trouver un lieu d’accueil en Bretagne (*).
Un accompagnement personnalisé
Comment va s'organiser l'accompagnement de ces migrants ? Quelles sont les priorités de l'association ? La réponse de Fabien Béliarde, directeur d'activité de l'association Aurore, et responsable du site à Yann Launay : "Il y a deux travailleurs sociaux qui sont sur place, donc il y a un accompagnement social de proximité qui est proposé. L'idée est de faire un point sur leur situation globale : la situation administrative, mais notre accompagnement ne s'arrête pas là, il s'attache aussi à éventuellement déceler un certain nombre de vulnérabilités, des problèmes de santé psychique...Cela peut être la question de la scolarité... de façon à raccrocher rapidement avec l'école. Il y a un certain nombre de points comme ça qui seront listés, à la fois pour répondre à des besoins urgents et en même temps pour essayer d'inscrire ces personnes dans une continuité de parcours."
Une réelle opportunité pour certaines personnes
Un premier groupe de 19 personnes, alors que le site de Montgermont peut en accueillir 50, faut-il comprendre qu’il y a peu de candidats à l’installation en Bretagne ? Pour Fabien Béliarde, le dispositif ne fait que démarrer, et va trouver sa vitesse de croisière. Fabien Béliarde souligne que pour ne pas voir ces personnes repartir à Paris dans 3 semaines, leur complète adhésion est indispensable :
"Je pense qu'il y a beaucoup d'inquiétudes car ce sont des publics qui ont parfois du mal à faire confiance aux institutions, parce que les institutions les ont laissés dans une situation d'errance quelques mois, ou quelques années. Après chacun est dans des stratégies personnelles et (a) des raisons de vouloir rester à Paris. De nombreuses personnes travaillent à Paris, donc elles ne vont pas accepter d'aller en région alors qu'il y a le travail, il y a le lien communautaire et les repères. Malgré tout, l'enjeu de ce dispositif est vraiment de s'adresser aux personnes pour qui cela représente une réelle opportunité, aux personnes qui veulent s'installer en région, pour bonifier leurs chances d'une intégration réussie avec un logement, un emploi et s'intégrer totalement dans la vie de la société française."
Merci les Jeux Olympiques
Ce transfert de SDF de Paris vers les régions intervient à l’approche de la Coupe du monde de Rugby et des Jeux olympiques de Paris 2024. Les associations n’ont-elles pas le sentiment d’aider l’Etat à déplacer les SDF parisiens pour donner une bonne image de la capitale ? Fabien Béliarde a plutôt envie de dire merci les Jeux Olympiques, "car on va pouvoir essayer d'expérimenter des solutions de fond pour ces publics, qui sont dans ces installations depuis des années. Dans ces campements, il faut aussi qu'on puisse leur venir en aide. Pour nous, associations, cela nous offre un nouveau cadre pour réaffirmer un certain nombre de principes, notamment le droit à l'hébergement inconditionnel, le droit à la continuité de l'hébergement et de l'accompagnement. Et au sein de ce cadre, on va militer de sorte à ce que ces conditions, qu'on a posées au moment des échanges qu'on a eues avec les services de l'Etat, soient respectées."
Les capacités d’accueil étant partout proches de la saturation, les associations comme"Aurore" demandent la création d’un nombre de places d’hébergement suffisant, partout en France, pour accueillir tous les publics précaires, quelle que soit leur situation administrative.
(*) Pour rappel, le site de Bruz un temps évoqué pour accueillir ces SDF a été abandonné au sud de Rennes, au motif que l’emprise foncière nécessiterait de trop lourds investissements notamment pour dépolluer les sols [Préfecture d'Ille-et-Vilaine].