L'enseignement du breton en danger ?
Publié : 19 janvier 2022 à 21h44 par Dolorès CHARLES
L'enseignement des langues régionales à nouveau en danger, en Bretagne : c'est le sentiment des manifestants rassemblés ce jeudi (19 janvier) à Rennes, devant le Rectorat.
Les défenseurs de la langue bretonne se sont réunis ce jeudi après-midi à Rennes, ils expliquent que la convention entre l'Etat et la Région, qui doit préciser les modalités de l'enseignement du breton et du gallo, n'a toujours pas été renouvelée. Ce texte doit pourtant donner une feuille de route pour les 5 ans à venir, mais ils dénoncent la mauvaise volonté du ministère de l'Education nationale, comme le regrette Renan Kerbiquet, co-président de Kelennomp, l'association des enseignants de breton :
"Il faut tordre le bras, quelque part, au ministre de l'Education nationale (Jean-Michel Blanquer), pour lui faire accepter ce texte. Ce texte n'est pas une révolution : par exemple on demande, comme objectif, de passer de 20 000 élèves bilingues, à 30 000 à l'issue de la prochaine convention, dans 5 ans. "Ah non mais peut-être, ce n'est pas exclu", nous dit la secrétaire générale... Et tout est comme ça, que des réponses évasives, alors que les solutions sont apportées dans le texte apporté par la Région. On attend les nouvelles d'en haut, et vous savez que le ministre de l'Education nationale est un fervent défenseur des langues régionales, puisqu'il va à Ibiza, étudier le catalan."
Un blocage politique ?
Pour Tangi de l'association Kevre Breizh, c'est du côté du ministère que cela bloque, et à ses yeux ce blocage est politique : "l'année dernière a été votée ce que l'on appelle la Loi Molac, pour le développement des langues régionales. Le ministre Jean-Michel Blanquer s'est toujours opposé aux mesures principales de cette loi. La loi est passée grâce à un nombre très important de députés et sénateurs qui l'ont votée, et donc aujourd'hui ce qu'il a perdu au niveau de l'Assemblée nationale et du Sénat, il est en train d'essayer de le récupérer en bloquant toute avancée sur le terrain, dans l'application de la loi..."
L'absence de renouvellement de la convention aurait des conséquences directes, comme l'explique Renan Kerbiquet : "ça a une conséquence concrète : le nombre de postes au concours, les lieux de formation... Par exemple aujourd'hui, les enseignants en formation doivent courir à Saint-Brieuc... Comment voulez-vous recruter de nouveaux enseignants, qui sont sur la route 2 jours parce qu'ils doivent aller à Saint-Brieuc, et qu'à côté ils sont en demi-poste à Brest, à Quimper ou à Vannes... Ce serait réglé par la convention, par la mise en place d'un campus numérique."
Pour les manifestants il y a urgence : il ne reste que quelques jours pour pouvoir soumettre le texte au vote du conseil régional, lors de la dernière session avant l'élection présidentielle...