L’Arbre aux Hérons de Nantes abandonné : les porteurs du projet (très) en colère

Publié : 15 septembre 2022 à 17h52 - Modifié : 16 septembre 2022 à 17h58 par Emilie PLANTARD

Le héron, installé sur l'esplanades des Machines à Nantes
Crédit : Emilie Plantard

Trop cher, trop compliqué... Le projet culturel d’Arbre aux hérons ne verra finalement pas le jour à Nantes, la présidente de la métropole Johanna Rolland vient brutalement d’y mettre un terme. Un courrier de la préfecture de Loire-Atlantique, donnant un avis mitigé sur les contours juridiques, ainsi qu’un nouveau surcoût, ont pesé dans la balance.

Le moment est presque historique à Nantes... L’arbre aux hérons, projet culturel majeur de la métropole et des Machines de l'Ile, ne sortira pas de terre. Controversé, litigieux, et désormais trop cher... La métropole préfère y renoncer. De 35 millions d’euros estimés en 2017, puis 52,4 millions d’euros après réévaluation en 2020, le budget devrait encore augmenter de près de 25 millions d’euros pour que l’arbre puisse accueillir ses premiers visiteurs en 2027. L’instruction préalable du projet étant aujourd’hui terminée, la décision a été prise de le stopper, avant même de le soumettre au vote du conseil métropolitain. Johanna Rolland, présidente de Nantes Métropole explique qu' "au total, le projet est désormais chiffré à 80 millions d’euros. C’est trop. Nous avons décidé de mettre un terme à ce projet. Après l’été que nous avons passé, il est inutile de rappeler à quel point l’urgence écologique et l’urgence sociale sont prégnantes. Nous assumons en disant, dans un contexte nouveau, que cela ne peut pas être conduit."

« La déception » des créateurs de l’arbre au héron

L’arbre aux hérons était un projet artistique et culturel d’envergure à Nantes, l’œuvre s’inscrivant dans la continuité du célèbre Eléphant des machines et du Carrousel des mondes marins. Un rêve un peu fou des créateurs des Machines de l’île qui avaient déjà présenté plusieurs animaux, dont le fameux héron... Pour eux, le rêve s’effondre, même si la métropole veut les assurer de son soutien. "J’ai reçu personnellement les créateurs, précise Johanna Rolland, je sais l’engagement qui est le leur, je comprends leur déception, ils amènent à Nantes le sourire de nos enfants avec l’éléphant. Je souhaite qu’après le temps de la déception, nous poursuivront le temps du dialogue avec eux."

Johanna Rolland, présidente de Nantes Métropole
Crédit : Emilie Plantard

La colère des papas de l'Arbre aux hérons à Nantes. Après l’annonce de l’abandon du projet par la maire Johanna Rolland, les fondateurs des Machines de l’ile ont réagi ce vendredi. Pierre Orefice et François Delarozière "ne comprennent pas pourquoi le projet est abandonné. Ils n’acceptent pas cette décision et estiment qu’il s’agit d’un choix politique et non budgétaire" : la mairie ayant voté au début de l'été le projet de la cité de l’imaginaire du cap 44 - une médiathèque et un musée situés au même endroit que l’Arbre aux hérons - et au coût de 52 millions d’euros.

Ecoutez la colère de Pierre Oréfice, en conférence de presse. "Tout ça pour ça, après des années d'efforts. On s'est tué à porter ce projet avec eux. Ils craquent au moment où il ne faut pas craquer. Au moment où il faut trouver une solution alternative. On ne lâche pas une histoire qui est partie comme ça, on recherche des moyens, on remonte à Paris... on n'arrête pas comme ça ! Je parle avec mon coeur, mais c'est incompéhensble."

Conférence de presse du vendredi 16 septembre à Nantes

Les fondateurs des Machines de l’île espèrent qu’une solution sera trouvée pour maintenir le projet, sinon le héron pourrait s’envoler vers une autre ville selon eux. Affaire à suivre...

Pierre Oréfice
Crédit : Mattis Weber

Plusieurs raisons ont guidé cette décision

Le coup de grâce est probablement venu de la préfecture, fin août, qui a recommandé à la métropole de soumettre plusieurs travaux à concurrence. Jusqu’ici, un seul contrat était envisagé avec la compagnie des Machines, la métropole s’était d’ailleurs fait épingler par l’association Anticor qui craignait de possible conflits d’intérêts. Changer ce contrat s’annonçait difficile et aurait engagé des coûts supplémentaires, au-delà de ceux liés aux matières premières.

Fabrice Roussel vice-président de Nantes Métropole : "la préfecture dit c’est possible, mais il y a une complexité juridique beaucoup plus forte puisqu'il faut passer plusieurs contrats. C’est un coût supplémentaire de 10 millions d’euros. Et puis, nous avons aussi réévalué le coût du projet et notamment étant donné l’évolution du prix de l’acier, cela occasionne un surcoût de 15 millions d’euros." Au total, le projet a été réévalué à 80,4 millions d’euros, soit 45 millions de plus qu’en 2017.

8,5 millions d'euros déjà engagés

Le financement de l’Arbre aux hérons repose sur un financement à parts égales venant de la métropole de Nantes, de subventions publiques et de mécénat privé. A ce jour, 8,5 millions d’euros ont déjà été engagés, dont la moitié par la Métropole de Nantes. Deux autres millions ont été financés par des entreprises et des discussions sont d’ores-et-déjà prévues pour envisager l’avenir, à travers notamment le bestiaire, qui devait remplir l’arbre et dont une partie a déjà été créée. "Le budget que nous avons engagé nous a permis de réaliser les études, explique Fabrice Roussel, mais d’autres éléments dont le dernier est le héron donc il y a un enjeu de discussion avec les Machines, avec les entreprises du fonds de dotation pour voir comment tout cela peut continuer d’être animé. Aujourd’hui ces éléments sont propriété de la métropole nantaise et feront l’objet de discussions dans les prochaines semaines.

Une petite dizaine d’animaux ont déjà été présentés au public, c’est le cas du colibri, du caméléon, du paresseux... L’aménagement du Jardin extraordinaire, qui devait accueillir l’Arbre aux hérons dans le bas Chantenay, devrait se poursuivre. Avec probablement de nouveaux projets.  

Fabrice Roussel, 1er vice-président de Nantes Métropole
Crédit : Emilie Plantard