L'accès compliqué à l'IVG dans certains secteurs de Vendée
Publié : 5 mars 2024 à 19h53 - Modifié : 6 mars 2024 à 8h54 par Dolorès CHARLES
49 ans après la loi Veil, la France devient le premier pays au monde à inscrire le droit à l'avortement dans sa Constitution, mais il reste des difficultés pour y accéder, révèle le Planning Familial ... d'autant plus en Vendée, terre catholique.
Un vote pour l’Histoire ! Lundi (4 mars), la France est devenue le premier pays au monde à inscrire dans sa Constitution l’interruption volontaire de grossesse, et à protéger le droit à l’avortement. La cérémonie de scellement de la modification de la Constitution est prévue ce vendredi 8 mars à 12h, place Vendôme… une date symbolique en cette journée internationale des Droits des Femmes.
"C'est un droit aquis qu'on ne pourra plus toucher"
Le Parlement, réuni en Congrès, au château de Versailles a très largement voté en ce sens (780 voix pour, 72 contre). Graver ce droit dans le marbre va permettre aux femmes de ne plus avoir peur de recourir à l’avortement, c’est ce qu'avance Emilie Deutsch, conseillère conjugale et familiale au Planning familial de Vendée, à la Roche sur Yon. "Quand on voit certains pays comme la Pologne ou les Etats-Unis où ils avaient ce droit et ils sont revenus en arrière, on se dit qu'on a beaucoup de personnes en France qui ont lutté pour ré-avoir ce droit après la loi de 1920, qui nous a été interdit en France et on ne sait jamais ce qui peut nous arriver ... Si on revient en arrière par n'importe quel gouvernement, et si c'est inscrit dans la Constitution, on ne fera pas partie de ces pays qui reviennent en arrière. Ce sera un droit qu'on aura acquis et qu'on ne pourra plus toucher et en étant les premiers cela donne l'exemple et peut-être que ça pourra faire ricochet."
Les médecins "sont dans l'obligation de donner les coordonnées d'un collègue ou d'un confrère qui peut le faire"
Si le Planning Familial de Vendée se réjouit de cette décision, l'association pointe les difficultés pour accéder à ce droit d'avorter. "Il y a toujours une différence entre théorie et réalité. En Vendée, pour des raisons humaines - il n'y a pas assez de personnes - ce qui fait qu'il y a des délais de plus en plus longs pour accéder à l'IVG, et des personnes vont finir par approcher les délais presque dépassés... Les médecins ont la possibilité de dire qu'ils ne veulent pas le faire, mais ils sont dans l'obligation de donner les coordonnées d'un collègue ou d'un confrère qui peut. Quand une personne n'a que deux ou trois semaines pour avorter, il faut savoir qu'il y a au moins une semaine d'attente pour faire l'échographie de datation et après pour tout mettre en place... Si on la renvoie vers trois personnes, cela peut amener la personne à voir son délai dépassé pour accéder à l'IVG."
Pourquoi tous ces freins ?
Les raisons de ces freins sont multiples :"la Vendée reste un département très catholique, et dans certains secteurs c'est encore plus présent... Les personnes devraient aussi être volontaires pour travailler dans ce service car parfois à l'hôpital, on est mis là où il y a de la place et certaines personnes qui ne sont peut-être pas du tout pour l'IVG peuvent se retrouver dans le service des IVG, et cela peut amener des freins... Il faudrait qu'elles soient ok pour venir travailler... cela éviterait cette clause de conscience."
Si ce droit est garanti par la loi depuis 1975, des obstacles subsistent, le manque de médecins par exemple peut ralentir les délais pour recourir à l’IVG. C’est le cas par exemple à Luçon (Vendée), où les patientes sont parfois redirigées vers Cholet (Maine et Loire).