Iran. Le témoignage d'un ancien étudiant de l'ouest

Publié : 3 novembre 2022 à 18h38 - Modifié : 3 novembre 2022 à 18h39 par Dolorès CHARLES

Iran
Crédit : Pixabay

De nouveaux incidents ont eu lieu aujourd'hui (jeudi 3 novembre) à l'occasion du 40e jour de deuil traditionnel après la mort Hadis Najafi, une manifestante de 22 ans tuée le 21 septembre dernier à Karaj, à 30 km à l'ouest de la capitale. Mattis Weber a joint un ancien étudiant de l'ouest, qui revient d'Iran.

Six semaines après la mort de Mahsa Amini, cette jeune étudiante tuée froidement par la police des mœurs en Iran, la révolte ne faiblit pas dans le pays, et plusieurs manifestations ont lieu chaque jour pour réclamer la chute du pouvoir, avec en tête les étudiants qui bloquent les universités et protestent dans les rues parfois au péril de leur vie. Mattis Weber a joint un immigré iranien. Ingénieur dans le sud de la France après avoir fait ses études dans l’oues, il revient tout juste d’un voyage de plusieurs semaines en Iran.

Pour Karim (prénom d'emprunt), le pouvoir en place instaure une censure médiatique : "le média contre régime, ça n'existe pas en Iran... Le journaliste s'il parle de la réalité se retrouve soit en prison ou soit il est obligé de quitter le pays. S'il veut rester en Iran, il est obligé de suivre le gouvernement et la propagande au gouvernement, ou alors il est en train de profiter de cette situation, et il s'approche du gouvernement. Dans les médias, ce que vous pouvez trouver aujourd'hui, il y a un petit nombre des gens qui sont en train de perturber le futur état en Iran, mais il n'y a pas de problème. C'est la police qui va les arrêter. Au fur et à mesure que les gens commencent à manifester et à protester, ils commencent à donner des informations mais de fausses informations."

Un ancien étudiant de l'ouest
Crédit : Mattis Weber

Karim revient aussi sur la "police du Hijab" qui a notamment coûté la vie à Mahsa Amini : "il y a un service particulier pour les gens arrêtés aléatoirement, car ils ne respectent pas le foulard islamique. Ils arrêtent les gens sur la route et ils doivent signer des papiers : Mahsa Amini a été tuée dans ce système. Aujourd'hui, il y a pas mal de gens qui ont été arrêtés pendant la manifestation ... Ils n'ont pas accès aux hôpitaux, au service médical ... ils sont simplement dans les prisons du régime d'Iran."

Un ancien étudiant de l'ouest
Crédit : Mattis Weber

Sa première crainte, être arrêté pour espionnage : "à partir de la deuxième semaine, on a vu que le nombre de systèmes pour arrêter les gens, les gardiens de la révolution a augmenté et on a commencé à se stresser. En traversant la manifestation, on a un risque d'être arrêté et pour moi, c'était encore pire parce qu'il y a des années que j'habite hors de France, et je me suis dit que si je suis arrêté je peux être condamné pour être un espion.. parce qu'il y a des années que je suis en France et à partir du moment que je suis en France pour eux je suis suspecté d'être espion."

Un ancien étudiant de l'ouest
Crédit : Mattis Weber

Ce jeudi encore un paramilitaire a été tué, et dix policiers, ainsi qu'un homme religieux ont été blessés lors d'affrontements violents avec des manifestants à l'ouest de Téhéran.