Immobilier : la décélération des prix
Publié : 11 juillet 2022 à 10h45 par Alexandra BRUNOIS
Vous l'avez forcément constaté autour de vous : les prix de l'immobilier, en Bretagne, ont continué à grimper, depuis un an. Les chiffres des notaires le confirment, avec par exemple +10% pour le prix médian des maisons anciennes en Loire-Atlantique comme dans le Morbihan, +11% en Ille-et-Vilaine, +12% dans le Finistère. Mais de premiers signes conduisent les notaires bretons à entrevoir ce qui ressemble à un atterrissage des prix. Reportage de Yann Launay
Certains phénomènes en tous cas se poursuivent, et sont confirmés par les chiffres, comme par exemple la part des acheteurs d'Ile de France. Une part qui a toujours été forte sur le littoral breton, mais qui augmente nettement dans l'intérieur et dans les villes bretonnes : le nombre d'acheteurs franciliens a doublé dans des villes comme Nantes et Saint-Nazaire, pour atteindre 10% des acheteurs. Et ce ne sont plus seulement des retraités ou des résidents secondaires, comme le souligne Marie-Virginie Durand, notaire à Nantes, et déléguée Loire-Atlantique du Conseil régional des Notaires bretons :
"On a une population active : ces gens qui viennent vers les communes de Nantes et Saint-Nazaire notamment travaillent à Paris, mais en télétravail dans nos régions. On a un phénomène de start-up. Ils ont le littoral à côté, ils ont les accès train rapides pour pouvoir rejoindre la capitale s'ils ont besoin de faire des conférences ou des réunions. Ça a commencé nettement la première année du confinement, ça s'est accentué. A voir pour la suite, si ça va perdurer ou pas, mais aujourd'hui c'est un fait."
Les prix de l'immobilier impactés par le contexte international
Les prix de l'immobilier n'auront cessé d'augmenter, en Bretagne, ces 10 dernières années... Mais les choses vont-elles changer, dans ce contexte de guerre en Ukraine, d'inflation, de hausse des taux d'intérêt ? Les notaires veulent rester prudents, mais notent une évolution récente, comme l'explique Marie-Virginie Durand :
"Depuis déjà plusieurs mois on voit un ralentissement. Alors ralentissement ne veut pas forcément dire qu'on a une baisse des prix, ce n'est pas le cas. On a plus de vendeurs, et aujourd'hui des acquéreurs qui sont peut-être un peu moins présents, moins pressés : quand vous mettiez en vente votre bien il y a encore un an, en une semaine vous aviez une offre et c'était vendu, et aujourd'hui il peut se passer un délai de 3 ou 4 mois avant qu'un acquéreur se positionne pour acheter un bien. Pour autant, le marché est toujours attractif, les prix ne flanchent pas."
Les chiffres de ces derniers mois indiquent que le marché s'assagit : les biens se vendent moins vite, la hausse des prix ralentit...
Acheter maintenant ou attendre ?
Si vous aviez un projet d'achat de maison, d'appartement, de terrain, ou si vous vouliez mette en vente votre bien, vous vous posez forcément cette question : est-ce le bon moment, avec ce contexte chahuté, est-il raisonnable d'attendre et d'espérer une baisse des prix ? Ou au contraire doit-on se presser pour prendre de vitesse la hausse des taux d'intérêt ? La réponse de Marie-Virginie Durand
"Faut pas se précipiter, il faut faire son budget, surtout pour ceux qui investissent sur des terrains, avec des constructions de maison : le coût de la construction ayant augmenté avec le coût des matériaux, il peut y avoir de mauvaises surprises, donc attention à avoir un peu de marge. Il ne faut pas non plus attendre plus que ça à partir du moment où c'est un projet de vie. On se dit que les prix ont toujours monté, ils ont effectivement très élevés aujourd'hui, d'où la stagnation depuis plusieurs mois, mais encore une fois pas vraiment de baisse... Et on a du mal à imaginer que les gens auront envie de revendre moins cher que ce qu'ils ont acheté, donc on ne croit pas forcément à une baisse significative sur l'ensemble des biens..."
Que peut-on prévoir pour les mois qui viennent ?
La réponse de Philippe Eon, notaire en Ille -et-Vilaine et vice-président du Conseil régional des Notaires bretons
"Peut-être un atterrissage, certainement, des prix... Est-ce que c'était nécessaire ? Je le pense, parce que les prix ces 2 dernières années se sont vraiment envolés sur certains secteurs. Après, il y a les acteurs économiques, les acteurs bancaires, qui aussi doivent permettre de donner les outils à ceux qui ont envie d'acheter, pour soutenir et ne pas avoir un krach immobilier. Il y a la politique de la ville, peut-être des décisions gouvernementales qui vont être un support à la construction et, je l'espère en tous cas, à un atterrissage en douceur."