Grippe aviaire : coup dur pour les éleveurs de l'ouest touchés

Publié : 20 octobre 2022 à 9h46 - Modifié : 21 octobre 2022 à 19h00 par Emilie PLANTARD

Jacques Dupont, Les volailles de la Rondelière
Jacques Dupont, Les volailles de la Rondelière
Crédit : Emilie Plantard

Les éleveurs de volaille ont de nouveau manifesté à Rennes lundi (17 octobre) alors que la préfecture du Maine-et-Loire communique sur de nouveaux cas détectés dans une basse-cour et sur la faune sauvage. L’inquiétude est vive concernant ce virus. En Vendée, deuxième département producteur en France, déjà plus de 570 élevages ont été touchés en 2022, six nouveaux foyers se sont déclarés depuis octobre.

En Loire-Atlantique aussi, le cheptel de Jacques Dupont à Saint-Etienne-de-Mer-Morte a été contaminé en mars dernier. Lui produit des volailles en filière courte et des canards en filière longue et alors qu’il était en zone surveillée, il avait dû tester les 9000 canards qu’il s’apprêtait à vendre..."On a voulu faire des analyses avant de déplacer les animaux vers l’abattoir, et ces analyses se sont avérées positives au H5N1. Décision a été prise de les euthanasier, et puis mes poulets, mes pintades, il y a une relative proximité parce qu'il y a une distance de plus de 100m mais je suppose que les canards ont contaminé les volailles... Tout a été évacué et euthanasié."

Jacques Dupont, éleveur à la Ferme des Rondelières
Crédit : Emilie Plantard

Un impact économique et moral

Jacques Dupont a dû euthanasier ses 9000 canards en mars dernier ainsi que 300 volailles en filière courte, avant d’appliquer les protocoles de nettoyage et désinfection. La perte est considérable, malgré l’indemnisation de l’Etat. "Pour ma part j’ai quand même emprunté 52.000 euros de trésorerie dans l’attente de toucher les indemnités. J’en ai déjà touché 29. Ça nous couvre d’un point de vue économique mais la charge mentale c’est énorme, il a fallu bien s’entourer pour garder le moral. Voir ses bêtes mourir c’est un non-sens pour un éleveur."

Il faudra faire avec la grippe aviaire

En Loire-Atlantique, plusieurs exploitations ont été contaminées, lui produit 52.000 canards par an en élevage intensif, 1200 volailles en plein air et il sait désormais qu’il doit faire avec ce risque de grippe aviaire..."J’ai envisagé de changer de métier mais on est engagé financièrement donc on est coincé... et à court terme c’est de faire son métier correctement, en termes de bien-être animal, éviter les allées-et-venues, moi j’ai réduit mon cheptel de 10 à 15%."

Jacques Dupont, éleveur à la Ferme des Rondelières
Crédit : Emilie Plantard

Ne pas enfermer les volailles

Le gouvernement a pris des mesures de confinement pour les volailles de plein air. Mais cette décision divise. Jacques Dupont est éleveur en circuit court et en production intensive et il a été touché par la grippe aviaire, c’est d’abord dans son élevage intensif de canard que s’est propagée la maladie. Lui ne croit pas à l’enferment des volailles de plein air. "C’est un non-sens : on se rend compte que quand on enferme des bêtes dans des locaux qui ne sont pas faits pour ça, cela pose plus de problèmes. Et puis on a bien vu, on a fait une enquête, dans les zones touchées : sur les 3 élevages contaminés, les 3 étaient détenteurs d’animaux d’élevage dits intensifs."

Le collectif d’éleveurs de plein air « Sauve qui poule » a récemment écrit au ministre de l’agriculture pour lui faire part de ses observations et lui demander d’adapter les mesures à leur type d’élevage. (Courrier du 14 octobre)

Le producteur Jacques Dupont fait de la vente directe de volailles. Des ventes d’automne sont organisées à la ferme des Rondelières ce vendredi 21 octobre, jeudi 27 et vendredi 28 octobre.

Jacques Dupont, éleveur à la Ferme des Rondelières
Crédit : Emilie Plantard