Grève des enseignants : Des milliers de manifestants

Publié : 13 janvier 2022 à 16h38 par Emilie PLANTARD

Manifestation le 13 janvier 2022 à Nantes
Crédit : Emilie Plantard

C’est bien un jeudi noir dans les écoles, avec une grève qui mobilise autour de 40% d’enseignants selon le ministère de l’éducation. Les enseignants ont battu le pavé dans de nombreuses villes de l’ouest, contre le protocole sanitaire mais plus largement pour réclamer plus de moyens.

Ils étaient plusieurs milliers de manifestants à Nantes (3000 selon la Police), à Rennes (3000), Vannes (600)… Dans les rangs, la fatigue se mêle à la colère. Les revendications portent sur le protocole sanitaire, bien sûr. Mais c’est surtout le manque de moyen qui est dénoncé. Pas assez de profs, pas assez de remplaçants ni de personnels spécialisés. Quelques Atsem sont également présents, c’est un ras-le-bol général qui réunit les professions de l’enseignement autour des syndicats.

Sylvain Marange est co-secrétaire départemental du SNES-FSU de Loire-Atlantique :

"En fait, la 5è vague Covid et les protocoles qui ont été édictés par le ministre viennent porter un coup de projecteur à la tension qui existe depuis très longtemps dans les écoles et les établissements. Il nous manque des enseignants, il nous manque des assistants d’éducation, il nous manque des accompagnants aux élèves en situation de handicap, il nous manque des conseillers principaux d’éducation, il nous manque des agents de service, en fait on manque de personnel de façon cruelle alors en situation de crise, les choses sont encore plus douloureuses pour les personnels et pour les élèves."

Sylvain Marange, co-secrétaire départemental du SNES-FSU de Loire-Atlantique
Crédit : Emilie Plantard

Les syndicats veulent être concertés

Les syndicats réclamaient déjà des moyens supplémentaires avant la crise et l’épidémie de Covid n’a fait qu’exacerber les tensions. Aujourd’hui dans la rue, les enseignants et personnels de l’éducation national veulent plus de considération pour leurs professions, ils demandent à être mieux écoutés par le ministre notamment.

Sylvain Marange, co-secrétaire départemental du SNES-FSU de Loire-Atlantique :

"On a besoin que le parlement décide un collectif budgétaire c’est-à-dire décide une révision du budget, pour recruter par milliers les personnels, pour assurer le fonctionnement de l’école. Quant au protocole il est indispensable qu’il soit négocié avec l’ensemble des acteurs de terrain. Ce n’est pas possible que les choses se décident rue de Grenelle et descendent jusqu’au personnel d’une façon en plus de cela méprisante, c’est-à-dire par voie de presse, et jamais ces protocoles n’ont jamais été ni discutés ni négociés avec les personnels de terrain. C’est scandaleux."

Manifestation 13 Janvier 2022 Nantes
Crédit : Emilie Plantard
Sylvain Marange, co-secrétaire départemental du SNES-FSU de Loire-Atlantique :
Crédit : Emilie Plantard
Manifestation 13 janvier 2022, Nantes
Crédit : Emilie Plantard
Sylvain Marange, co-secrétaire départemental du SNES-FSU de Loire-Atlantique
Crédit : Emilie Plantard

Des manifestants fatigués du protocole

Dans le cortège, des enseignants et personnels du primaire mais également du secondaire, public mais du privé. Sur les pancartes qu’ils brandissent, ils s’en prennent au ministre et au protocole sanitaire, tous mettent en avant la fatigue, l’incompréhension et veulent plus de simplicité pour les élèves.

"Enfants, enseignants, parents… Halte à l’épuisement ! … Là on roule sur les jantes, on est vraiment à un point de non-retour et à la limite nous, on subit. Par contre c’est pour les gamins que c’est horrible…. On passe notre journée à chercher les élèves cas contact, les attestations sur l’honneur pour dire qu’ils sont négatifs, nous on est épuisés, on ne travaille plus, on ne peut plus mettre en place de projets avec les élèves, on ne peut plus rien monter à côté… On n’en peut plus de ce ministre, on n’en peut plus de cette politique, on n’en peut plus d’être méprisés, ça devient intenable dans les écoles… Les difficultés que nos collègues rencontrent dans le public, nous les rencontrons aussi dans le privé, ce n’est plus possible non plus dans le privé."

 

Manifestants à Nantes
Crédit : Emilie Plantard

L'expression d'un ras-le-bol général

Le contexte sanitaire et les protocoles successifs sont surtout l’épreuve de trop pour ces professions en demande de moyens depuis des années. Dans le cortège, les enseignants et les personnels des établissements scolaires expriment leur lassitude…

"C’est un peu un ras-le-bol général mais c’est plus par rapport au fait qu’il y ait eu zéro moyen humain supplémentaire, zéro moyen matériel… Pas que le protocole, loin de là, aussi l’inclusion des élèves en difficulté, c’est aussi une politique managériale, enfin c’est une souffrance maintenant mon travail… Même avant le Covid on était déjà en manque de remplaçants, d’enfants répartis dans les classes maintenant ça ne s’améliore pas et ça fait trop longtemps que ça dure… Là il y a une grosse inquiétude pour nos élèves sur les épreuves de spécialité pour le BAC, qui doivent se tenir au moins de mars, on a aucune information de la part du ministère. Qu’est-ce que je dis à mes élèves, je suis bien embêtée parce que je n’ai aucune information, on ne sait pas !"