Grand malaise, chez SOS Médecins
Publié : 5 octobre 2021 à 15h12 - Modifié : 5 octobre 2021 à 15h18 par Dolorès CHARLES
Le malaise de SOS Médecins, l'association créée en juin 1966 tire la sonnette d'alarme et demande une revalorisation tarifaire des visites à domicile. A Nantes comme à Rennes, seules les visites nocturnes sont assurées.
L’association SOS Médecins a lancé une mobilisation générale la semaine passée, avec une grève de 24 heures des consultations et visites à domicile pour demander une revalorisation tarifaire de ces visites à domicile, un tarif qui n’a pas évolué depuis 15 ans ! Aujourd’hui, seules les visites en journée de 8h à 20h (ainsi que le samedi matin de 8h à midi) ne sont pas assurées. L’association regrette que les visites à domicile, qui sont un vrai plus pour les personnes malades, âgées, handicapées, qui ne peuvent en tout cas se déplacer, ne soient pas mieux reconnues.
Le président de SOS Médecins à Rennes, le Dr Fouad El Alaoui :
"On trouve que les moyens alloués à la visite à domicile sont insuffisants, au regard des besoins des français et du vieillissement de la population. A titre d'exemple, l'indemnité de déplacement de 10 euros pour les visites à domicile n'a pas évolué depuis 15 ans : une consulation chez un médecin généraliste en journée c'est 25 euros, et une visite à domicile en journée c'est 35 euros. L'indemnité de déplacement est donc de 10 euros, et il faut savoir que cette indemnité pour le week-end est uniquement de 3, 50 euros, une consultation au cabinet le week-end est de 51,50 euros et à domicile de 55 euros."
La visite à domicile, le coeur du métier
Chaque année, SOS médecins Rennes qui compte 14 médecins assure 35 000 consultations. SOS médecins agit souvent à la demande du centre 15 et décharge donc les urgences de la prise en charge de nombreux patients. De son côté, SOS Médecins Nantes réalise, en moyenne, 550 actes par jour en moyenne, dont les deux tiers à domicile. La visite à domicile est le cœur de métier de l'association : une visite plus contraignante et chronophage. Les médecins ne connaissent pas les patients, et pour ne rien arranger, à Nantes, le trafic est en croissance et ralentit l'activité de ces médecins libéraux.
Le président de SOS Médecins à Nantes, Boris Dumont : "on fait de plus en plus de personnes âgées en perte d'autonomie à domicile, c'est une activité qui n'a pas arrêté de croître en 20 ans ! Ce sont des actes longs qui prennent du temps, des actes au cours desquels vous découvrez à chaque fois un nouveau patient avec sa pathologie et ses antécédents, et tout ça il faut le décortiquer en début de consultation ou de visite, et ensuite prendre des décisions pour des pathologies et pour des compensations d'états chroniquesn parfois pas simples à gérer... Cela prend du temps, ce sont des actes qui prennent une demi-heure voire 3/4 d'heure. Evidemment il y a des actes plus simples et nous faisons beaucoup d'actes d'urgence pour des jeunes (on fait beaucoup de pédiatrie) mais forcément l'acte moyen est de plus en plus long lorsque l'on fait des visites non-programmées à domicile."
Une visite revalorisée pour les médecins traitants
Pour mieux comprendre le malaise, c’est la revalorisation des visites à domicile des médecins traitants pour leurs patients attitrés cet été, qui a mis le feu aux poudres et réveillé la colère de SOS Médecins : "la visite à domicile a été revalorisée en juillet dernier, pour un certain nombre de ses visites : elle a été portée à 70 euros par acte, pour des patients de plus de 80 ans, avec des pathologies particulières, 4 fois par patient et par an, mais SOS Médecins n'a pas eu le droit à cette revalorisation. Comment vous l'expliquez ? Eh bien, la réforme a été dirigée par la CNAM (Caisse Nationale d'Assurance Maladie) en accord avec les syndicats pour les médecins traitants, et nous avons été de facto exclus !"
La visite à domicile menacée
Aujourd’hui, le mouvement continue, et des négociations sont en cours au niveau national. Pour le président de l'association nantaise, soutenue localement par l’ARS ou le SAMU, cette visite est clairement menacée : "pour l'instant nous allons continuer ... mais c'est susceptible d'évoluer en fonction des négociations, qui se font plutôt au niveau national. Nous sommes très soutenus par les élus locaux, les institutions, l'ARS, etc. Mais pour nous le risque c'est que cette visite non programmée (disparaisse). Cette visite, qui n'est quasiment plus faite par les médecins généralistes, si elle n'est pas revalorisée au même titre que les généralistes qui ne la font quasiment plus, les médecins de SOS finiront par ne plus la faire non plus !"