Face à la pénurie de bois, la solution du local
Publié : 11 octobre 2021 à 17h16 par Emilie PLANTARD
La semaine du bois local a commencé dans le Pays de Pouzauges, un événement pour sensibiliser à la valorisation de ce bois, parfois très accessible. Dans un contexte de pénurie, la démarche prend encore plus de sens.
La semaine du bois local existe depuis de nombreuses années dans le Pays de Pouzauges mais elle revêt cette fois un intérêt particulier. Du 9 au 16 octobre, plusieurs rendez-vous sont organisés pour expliquer au grand public comment valoriser ce bois, autrement qu’en le transformant en bois de chauffage, en en faisant une table, une clôture, un bardage... Des animations autour de l’abattage, du sciage, du tournage ont déjà eu lieu, alors qu’une table ronde sera organisée le vendredi 15 octobre. Les particuliers auront enfin l’opportunité de faire scier leur bois du 14 au 16 octobre grâce à une scierie mobile. Dominique Blanchard est vice-président de la communauté de communes du Pays de Pouzauges, il explique l’intérêt d’organiser un tel événement :
"L’objectif de cette semaine du bois, c’est de montrer qu’on a une ressource locale, qui peut être valorisée par les citoyens, parce que s’il y a de la demande de bois, cela va inciter les propriétaires et tous ceux qui transforment entre les 2 –et ça commence à venir, on a aujourd’hui un certain nombre de petites entreprises qui font l’intermédiaire entre la ressource et la demande des citoyens. Une chose dont on ne parle pas souvent, c’est que c’est de la valeur ajoutée qui reste sur le territoire. Le consommateur qui l’achète, il fait vivre l’agriculteur ou le propriétaire forestier et l’artisan local. Et ce n’est pas de l’argent qui s’en va à l’autre bout du monde."
Valoriser son propre bois
Parmi les intervenants sur cette semaine du bois local, Gilles Baud est menuisier de métier. Il a investi dans une scierie mobile en 2020 et se déplace pour débiter des arbres préalablement abattus. Aujourd’hui la demande est telle qu’il achète également des troncs, ou grumes, pour les débiter et en vendre le bois. Mais le cœur de son métier repose sur sa machine sur roue, capable de scier du bois pour en faire, entre autres, des planches.
"Le but de mon installation, c’était d’aller scier chez les gens leurs propres grumes pour qu’ils auto-consomment leur bois, dans 80% des cas à 30 KM autour d’ici. Je vais débiter des gros arbres, des petites… Quand je dis des gros arbres, c’est jusqu’à 1,25 mètres de diamètre et 7 mètres de long où il faut 2 télescopiques pour les charger, comme ça peut être des diamètres de 25 cm, et 3 mètres de long. Je suis un prestataire de service, qui vient transformer les troncs des clients. En planches, en poutres, en chevrons, en tasseaux… En ce qu’ils veulent."
De nombreuses possibilités
Les scieries mobiles étaient connues autrefois mais il n’en existe que peu aujourd’hui. Gilles est le seul artisan à proposer ce service en Vendée (ils sont 3 en Loire-Atlantique un peu plus en Bretagne). Entretien d’un bois ou d’une forêt, arbre tombé suite à un coup de vent ou arbre mort… Les occasions de faire appel à lui existent et la demande est relativement forte sur le secteur, pour des besoins variés.
"J’ai travaillé pour des agriculteurs où j’ai fait la charpente d’une stabulation, j’ai travaillé pour des particuliers où j’ai fait juste la grume du merisier du grand-père tombé à la dernière tempête, où le but était que chacun reparte avec une planche pour fabriquer un meuble, une tablette… Comme j’ai fait la totalité de la fabrication d’une maison à ossature bois, 40 M3 de Douglas pour un client qui fabrique sa maison tout seul."
Un remède à la pénurie ?
Dans le contexte actuel de pénurie de bois, l’activité de Gilles est d’autant plus pertinente. Lui possède un stock important de multiples essences locales et s’il ne surfe pas sur ces problèmes d’approvisionnement, il constate quand même un impact sur son activité.
"Ce que ça a changé pour moi, c’est tout le stock de bois qui rentre et tous les individuels dans le secteur, des particuliers qui viennent me voir pour faire leur bardage, leur cabane de jardin, des poteaux, pour habiller leur extérieur… Et c’est ça que ça change. C’est que les gens dans le territoire reviennent plus proches de la production, sur des bois locaux qui n’ont pas fait beaucoup de kilomètres et n’ont pratiquement pas d’emprunte carbone."
Gilles conseille à ses clients de se réunir à plusieurs avant de faire appel à ses services afin de réduire les coûts. Une démarche qu’il tient à promouvoir, pour favoriser la mutualisation et l’entraide entre les particuliers. La communauté de Communes de Pouzauges réfléchit également à mettre en place un site dédié, pour inciter les particuliers à utiliser et valoriser le bois local, autrement qu’en bois de chauffage.
A partir de 55 euros HT le m3 de bois débité.