Essence. Les prix vont-ils se stabiliser à la pompe ou au contraire augmenter ?
Publié : 14 avril 2024 à 21h02 - Modifié : 14 avril 2024 à 23h04 par Dolorès CHARLES
Alors qu'une pétition en ligne réclame le plafonnement du litre de carburant à 1,50 euro, la hausse des prix à la pompe s'accélère dans les stations service de l'ouest... On fait le point avec le syndicat professionnel Mobilians, et l'association 40 millions d'automobilistes.
Vous l'avez sans doute noté, quand vous passez à la pompe : la hausse du prix des carburants s'accélère, et le diesel n'y échappe plus, depuis quelques jours. Dans l'Ouest, le sans-plomb a franchi la barre des 2 euros le litre dans plusieurs stations, et il est difficile de trouver du gasoil à moins d'1,75 euro. C'est la hausse du prix du pétrole, qui explique cette augmentation dans un contexte géopolitique compliqué.
Cette hausse peut-elle se poursuivre ?
Les prix vont-ils se stabiliser ? Pour le Ligérien Francis Pousse, président national de la branche stations-services du syndicat professionnel Mobilians, "si on regarde la demande, avec une situation économique comme elle est, on devrait plutôt stagner, voire un peu baisser. Si par contre, on a une actualité internationale très chargée, on peut avoir une envolée du prix du baril... Toutes ces tensions géopolitiques ont un effet négatif pour nous sur le prix du baril de pétrole : la guerre en Israël, le détroit d'Ormuz, la guerre en Ukraine ... avec des attaques sur des raffineries. Toutes ces informations ne sont pas favorables à un cours du baril de pétrole bas, et personne ne sait ce qui va se passer dans les jours ou mois à venir."
Les opérations prix coûtant
Peut-on s'attendre au retour des opérations prix coûtant, dans les stations de grandes surfaces ? Pour Francis Pousse, c'est peu probable mais ce gérant de station-service estime qu'il n'y a pas vraiment de quoi les regretter. "Les opérations prix coûtant ont pratiqué des baisses de deux à trois centimes puisque c'est la marge brute moyenne dans les grandes surfaces. Un sans plomb à 1,90 vous allez le payer 1,87. C'est un geste, mais ce n'est pas mirobolant. On n'atteint pas les 1,50 par exemple. En fait, les grandes surfaces se sont rendues compte de la perte de marge sur la partie carburant, pour celles qui ont joué le jeu de faire du prix coûtant et c'est une partie du revenu du magasin. Aujourd'hui, seul Michel-Edouard Leclerc a dit qu'il ne le ferait pas, mais on ne le voit pas beaucoup ailleurs non plus de campagne de prix coûtant !"
Pourquoi 1,50 euro le litre de carburant ?
Une pétition en ligne réclame le plafonnement du litre de carburant à 1,50 euro. Lancée par l'association 40 millions d'automobilistes, la pétition a recueilli plus d'un million de signatures, en quelques jours. L'objectif est d'obtenir la baisse des taxes sur les carburants, alors que les prix à la pompe sont repartis à la hausse, mais pourquoi 1,50 euro ? "C'est le prix symbolique maximal que souhaitent les Français, selon Pierre Chasseray, délégué général de l'association 40 millions d'automobilistes. "On s'est rendu compte qu'au delà, on était en train de gréver les déplacements des Français, d'appliquer une forme de rançon sur le droit de rouler qui faisait que derrière les Français étaient obligés d'arbitrer dans leur budget... On a une rançon fiscale qui est demandée aux automobilistes, lorsqu'ils font le plein et qu'on est en train de confiner à domicile par la taxe et la fiscalité, une partie des Français qui a besoin de rouler."
"C'est une hérésie de venir taxer la mobilité parce que la mobilité... crée la consommation"
Est-il bien raisonnable de demander une baisse des taxes sur les carburants alors que les caisses de l'Etat sont vides ? N'est-ce pas là le meilleur moyen de creuser le déficit plus vite ? "On est en train de dépenser un pognon de dingue dans des choses qui ne servent à rien, pendant que l'essentiel qui sert le quotidien des Français, c'est à dire leur budget mobilité, eh bien celui ci devient une source de fiscalité ! D'un point de vue économique, c'est une hérésie de venir taxer la mobilité parce que la mobilité, c'est ce qui crée la consommation."
Les taxes représentent environ 60% du prix du carburant à la pompe, des taxes qui ont permis de faire entrer 42 milliards d'euros, en 2022, dans les caisses de l'Etat.