Ergotech et Célérifère : deux entreprises de l'ouest "Made in France"

Publié : 10 novembre 2022 à 14h33 - Modifié : 10 novembre 2022 à 14h45 par Dolorès CHARLES

Ergotech (découpe tissus)
Crédit : Yann Launay

La 10e édition du salon "Made in France" (M!F) démarre ce jeudi pour 4 jours (du 10 au 13 novembre 2022). Plus de 1000 exposants vous donnent rendez-vous pour le plus grand événement célébrant la fabrication française, dont deux entreprises de l'ouest Ergotech (56) et Célérifère (85).

Il fête ses 10 ans : le salon du "Made in France" démarre ce jeudi 10 novembre, à Paris, avec plusieurs dizaines d'exposants venus de Bretagne et des Pays de la Loire. Parmi eux : Ergotech, une entreprise qui fabrique des fauteuils ergonomiques à Plescop, près de Vannes. En plein développement, la société morbihannaise ne se contente pas de faire l'assemblage de pièces made in China : Ergotech mise sur des matières premières et des pièces quasi exclusivement fabriquées en France ou en Europe.

Le sur-mesure d'Ergotech à Plescop

Ergotech mise aussi sur le sur-mesure, comme l'explique le jeune gérant de l'entreprise, Kevin Le Texier à Yann Launay : "vous ne pouvez pas adapter un produit que vous avez acheté en Chine, et que vous allez revendre puisque le produit, il est tel quel. S'il fonctionne parfaitement, tant mieux ! Mais c'est rare... et s'il ne fonctionne pas et qu'il faut l'adapter, vous ne pouvez pas ! Le seul moyen de faire de l'ergonomie, c'est de fabriquer pour adapter chaque produit à la personne. C'est à dire qu'un produit qu'on va vendre nous en références standards, dans 20 ou 30 % des cas en fonction des produits, on va les réadapter, les re-moduler, etles transformer pour qu'ils soient adaptés à chaque situation. Et ça, vous ne pouvez le faire encore une fois qu'en étant fabricant. Quand vous allez acheter du produit sur mesure à l'étranger, vous allez payer beaucoup plus cher, que de le faire en France."

Kevin Le Texier
Crédit : Yann Launay

Le "Made in France" plus cher ?

Qui a dit que le made in France serait toujours plus cher que les produits concurrents venus d'Asie ? Ergotech démontre le contraire, en parvenant a être moins cher que ses concurrents importateurs, sur certains de ses produits phares. Un écart qui a même eu tendance à se creuser avec l'augmentation des coûts de transport des marchandises venues d'Asie :

"Sur la base d'un fauteuil à réponse équivalente et à qualité équivalente de nos concurrents, on est 25 à 40 % moins cher. Pour vous donner un ordre d'idée, pour des personnes qui ont des maux de dos, un fauteuil qu'on va vendre environ 800 € en fonction des pathologies, nos concurrents vont les vendre jusqu'à 1 400 €... Par contre sur les produits type coussins Nomad, les assises pour un véhicule, pour les gens qui ont des maux de dos par exemple, là, on est relativement plus cher que nos concurrents parce que nos concurrents sont des entreprises comme Amazon."

Un avenir fragile

Dans son atelier de Plescop, Ergotech emploie une trentaine de salariés à la fabrication de fauteuils mais aussi de vêtements, notamment pour des grandes marques françaises de prêt-à-porter. Le regain d'intérêt pour le made in France bénéficie à l'entreprise, mais reste fragile, pour Kevin Le Texier, surtout dans le contexte de la guerre en Ukraine : "La guerre masis aussi le prix de l'énergie, l'augmentation de la masse salariale et notamment du Smic... Si c'est une bonne chose par rapport à l'inflation, cela pénalise fortement les entreprises. Quand on voit nos voisins espagnols et portugais avec un SMIC à 850 €, c'est catastrophique pour les personnes en tant qu'individus, mais c'est catastrophique aussi pour les entreprises de la filière puisque nous ne sommes absolument plus du tout compétitifs par rapport à nos voisins (...) Il y a des marchés comme l'ergonomie où c'est gagné, on va tout refaire en France parce qu'il n'y a pas d'autre solution pour être efficace et pour répondre à la demande. Il y a d'autres marchés comme le textile où malheureusement, il semble que la bataille va être perdue, due à la guerre en Ukraine."

Ergotech (56)
Crédit : Yann Launay
Ergotech - Kevin Le Texier
Crédit : Yann Launay
Kevin Le Texier
Crédit : Yann Launay

Une trottinette éco-conçue à Dompierre

Sur le stand des Pays de la Loire, c'est une trottinette électrique qui représentera la Vendée : la trottinette mise au point par la jeune entreprise Célérifère, fabriquée à Dompierre-sur-Yon avec des composants majoritairement français. Baptisée "Imi" (ndlr : "bon sens", en japonais), cette trottinette est éco-conçue, pliable, réparable, équipée d'une planche de bois et de poignées en cuir. Son créateur, Karim Tarzaïm, souhaitait dès le départ fabriquer en France avec des pièces françaises, pour garantir un niveau de qualité, un respect de l'environnement, et parce que finalement, les pièces et les savoir-faire ne sont pas si difficile à trouver en France et dans l'Ouest :

"C'est une question de volonté. En France, tout l'usinage et la tôlerie viennent des Epesses à côté du Puy du Fou, car nous croyons au circuit court. Mais quand on démarre un projet c'est quand même plus simple de faire des réunions à proximité plutôt qu' à l'autre bout de la planète. La planche en bois est faite du côté de Fontenay et après on a une autre partie, du côté de Cholet, puisqu'on récupère des chutes de cuir, de sacs à main, et des vêtements haut de gamme, et on les ré-utilise pour faire nos poignées en cuir. "

Karim Tarzaïm
Crédit : Yann Launay

Une trottinette made in France

Mais un des composants, et pas des moindres, vient encore d'Asie : la batterie... au grand regret de Karim, qui compte bien équiper Imi de batteries françaises dès que ce sera possible : "il faut accepter qu'un produit ne peut pas être forcément 100 % made in France. Tout ce qu'on peut trouver, on le prend, et après ce qui est déraisonnable ou ce qui n'est pas possible, il faut accepter que ça ne le soit pas... "

La trottinette est commercialisée au tarif de 1800 euros : elle est plus chère que les concurrentes made in China, mais aussi plus qualitative, un positionnement commun à de nombreuses productions françaises. Mais le contexte actuel d'inflation ne va-t-il pas changer la donne ? La réponse est non, pour Karim Tarzaïm : "Il y a un vrai élan que l'on retrouve chez les particuliers, ils ont envie de retrouver peut-être quelque chose de plus cher mais de plus durable. Les politiques aussi s'en emparent, et passent beaucoup au salon du made in France... Après, les gens sont prêts à mettre 30 % de plus pour du "made in France", mais pas plus... On aimerait tous acheter des produits français plus chers, mais est ce qu'on est tous capables de le faire, la réponse est non !"

Karim Tarzaïm
Crédit : Yann Launay

Le Salon du Made in France réunit plus de 800 exposants jusqu'à dimanche à Paris - Porte de Versailles. Toutes les infos sur ce site internet : https://www.mifexpo.fr/