Epidémies : "Quand on est malade, il faut porter un masque !" pour le professeur Revest de Rennes

Publié : 30 novembre 2022 à 5h05 - Modifié : 1er décembre 2022 à 15h47 par Dolorès CHARLES

Des passagers masqués dans les transports
Crédit : Pixabay

La neuvième vague de COVID-19 a débarqué en France, et cela se voit avec l'augmentation du nombre de cas : +41,7% de nouveaux cas enregistrés en sept jours, et les épidémies de grippe et de bronchiolite se poursuivent. Hier la Première ministre a appelé chacun à respecter les gestes barrières et à notamment porter le masque dans les transports en commun. Pour le professeur rennais Matthieu Revest "il faut mettre le masque dès que l'on est malade."

Alors que le nombre de cas de covid-19 repart à la hausse, doit-on être inquiet devant ce qui ressemble à une 9ème vague du virus ? Pour le professeur Matthieu Revest, infectiologue au CHU de Rennes, les variants concernés n'invitent pas au catastrophisme, mais on peut être inquiet devant la fragilité du système de santé, devant les risques de saturation des hôpitaux comme de la médecine de ville, parce que cette fois, pour cet hiver qui démarre, le covid n'est pas seul, et le risque est de voir se cumuler plusieurs épidémies :

"Il y a le virus de la bronchiolite, le virus de la grippe qui arrive assez fort et il y a plein d'autres virus hivernaux, donc c'est ça qui pose problème en pratique. Il faut essayer de se protéger contre ces maladies hivernales transmissibles. J'ai eu une espèce de petite bronchite, une petite angine, j'ai remis le masque un peu partout, même si ce n'était pas la question du COVID, mais il s'agissait d'éviter de transmettre ces maladies-là et ça me parait une bonne idée. Moi, qui prends le bus tous les jours pour venir à l'hôpital pendant 20 kilomètres, là je suis le seul à avoir mon masque... alors que tout le monde tousse et se mouche. Ils n'ont pas forcément le COVID, mais ils ont nécessairement un virus contagieux et ce serait pas mal d'avoir des mesures barrières finalement."

Matthieu Revest
Crédit : Yann Launay

Ce n'est pas une bonne idée de s'exposer à des virus !

Depuis quelques mois, le COVID fait moins peur, et s'installe dans le paysage, et la tentation est grande de ne plus prendre de précautions particulières, et de compter sur l'immunisation naturelle. Mais ce principe, appliqué au COVID comme d'ailleurs aux autres virus, est dangereux, met en garde le professeur Revest au micro de Yann Launay :

"On a toujours eu cette espèce de fantasme de penser qu'avoir la maladie naturelle, c'était bon pour la santé puisqu'on se protégeait. Pourquoi pas ? Mais ce sont des maladies qui tuent les gens aussi. Le VRS qui est un virus qui n'est pas grave du tout, pour les adultes et les enfants plus âgés, ce n'est pas grave du tout, c'est un petit rhume mais pour les enfants de moins de six mois, ça peut être gravissime ! Les bébés, les nouveau nés sont très à risque de bronchiolite. Si on est malade, allez voir un nouveau né ce n'est pas une bonne idée, même si on a juste le nez qui coule. Toutes maladies infectieuses, il y a une petite proportion de formes graves, même chez des individus sains. Et plus vous avez le cas  et plus vous verrez des formes graves ! et c'est ce qui se passe avec les VRS actuellement. Non, ce n'est jamais une bonne idée de s'exposer à des virus : il ne faut pas aseptiser le monde, c'est sûr, mais ce n'est jamais une bonne idée. Si on peut l'éviter, c'est toujours mieux !"

Test Covid Enfant
Crédit : Yann Launay
Matthieu Revest
Crédit : Yann Launay

Quand on est malade, il faut porter un masque !

Devant l'augmentation du nombre de cas de covid, de grippe, de bronchiolite, le Professeur Revest n'est pas forcément favorable au retour d'une obligation générale du port du masque, mais il invite ses concitoyens à faire preuve d'esprit de responsabilité. Pour les autres et pour le système de santé :

"Se vacciner contre la grippe, se vacciner contre le COVID avec les nouveaux vaccins dorénavant qui sont actifs sur les variants qui circulent, ce qui n'était pas encore le cas au mois de septembre, mais dorénavant, c'est le cas, c'est plutôt une bonne nouvelle. On a des moyens de prévention, on a aussi des moyens de prévention par les mesures barrières. Quand on est malade, on ne va pas voir les nouveaux né, il ne faut vraiment pas. Et quand on se sent un peu malade, on porte un masque, on se lave les mains... transitoirement, pas out le temps. Quand on est en forme, on n'a pas forcément besoin de porter le masque de façon systématique. On est dans une atmosphère très confinée, ça peut se discuter. mais quand on est assez aéré, ce n'est pas la peine. Mais quand on est malade, il faut clairement porter un masque."

Matthieu Revest
Crédit : Yann Launay

A l'Assemblée nationale hier après-midi (29 novembre), la Première ministre Elisabeth Borne a appelé à porter le masque en présence de personnes fragiles et dans les transports en commun.

La vaccination contre la grippe accuse un net retard (entre 20 et 25%) par rapport aux saisons précédentes, et pour la vaccination anti-covid, en Bretagne, seuls 13,7% des plus de 80 ans sont à jour de leur calendrier vaccinal, et 37,6% des 60-79 ans.