Epidémies : les médecins généralistes en grève reconductible cette semaine
Publié : 26 décembre 2022 à 10h43 - Modifié : 26 décembre 2022 à 10h51 par Dolorès CHARLES
Les médecins généralistes sont de nouveau en grève cette semaine pour une revalorisation de l'acte médical et un allègement des tâches administratives. Le mouvement lancé par le collectif "Médecins pour demain" est reconductible. En cette période de fêtes, et de triple épidémie, le mouvement va sans doute compliquer encore un peu plus l'activité hospitalière.
Vous risquez de trouver porte close en ce lundi (26 décembre), si vous devez vous rendre dans un cabinet médical : les médecins sont à nouveau appelés à faire grève, et ce toute la semaine. Comme les 1er et 2 décembre dernier, les médecins demandent une consultation à 50 euros et une amélioration de leurs conditions de travail, pour que la médecine libérale redevienne attractive. Un appel à la grève pendant les fêtes, alors que les hôpitaux sont sous tension, dans un contexte de forte circulation des virus...
Les gens doivent comprendre que nous sommes indispensables
Le choix de la date peut surprendre, mais c'est le résultat du manque d'ouverture du gouvernement, avance Mélanie Rica Henry, généraliste à Guidel, près de Lorient, et membre du collectif "Médecins pour demain", à l'origine du mouvement : "ce n'est pas de gaieté de cœur que nous déclenchons un mouvement durant les périodes de fêtes et pendant les périodes virales. On souhaite marquer un grand coup parce que les Français n'ont pas forcément conscience de ce qui se passe, mais les mesures prises par le gouvernement vont démanteler la médecine générale. C'est important que les gens comprennent qu'on est indispensables. Malheureusement, notre souhait n'était pas de faire grève mais on n'a pas d'autres moyens pour se faire entendre... Faire grève sans gêner personne, ça n'a pas d'impact au niveau des décisions gouvernementales. Après, si le gouvernement avance sur certains points et accepte certaines avancées, il n'est pas impossible qu'on annule la grève. La balle est dans le camp du gouvernement."
Une nouvelle carte de séjour
Pour lutter contre le manque de médecin, le gouvernement veut créer une nouvelle carte de séjour pour faciliter l'installation en France de médecins étrangers. Une fausse solution, pour Mélanie Rica Henry : "si on se concentrait déjà sur l'installation de médecins qui ont été formés en France, ce serait un bon point. Il y a quand même 40% des médecins généralistes qui ne s'installeront jamais en médecine générale ou des médecins, parce que la plupart vont faire autre chose, une autre activité médicale ou même, pour certains, partir à l'étranger. Il y a déjà une fuite des médecins français à l'étranger et on voudrait attirer des médecins étrangers en France."
Alléger le temps administratif des généralistes
Le jeune collectif "Médecins pour demain", qui appelle à la grève, fait aussi une série de propositions pour que les généralistes puissent se concentrer sur les patients, pour que la permanence des soins soit garantie et pour que les internes choisissent plus facilement la médecine de ville : "alléger le temps administratif des généralistes et des médecins libéraux, il faut compter à peu près 25% de notre temps de travail. Ce qu'on voudrait, c'est pouvoir déléguer cette charge administrative, et l'autre chose serait de limiter les visites à domicile, parce qu'aujourd'hui, les médecins généralistes font beaucoup de visites à domicile. C'est quand même une perte de temps pour les médecins et de chance pour les patients. Un patient est quand même mieux pris en charge au cabinet avec du matériel adéquat. Dernière chose, c'est aussi pendant l'internat, pendant la formation des internes en médecine générale, les former à la gestion d'un cabinet médical. Il y a des choses qu'on ne sait pas faire, qu'on nous a pas appris. Si on pouvait dans la formation intégrer des modules à ce sujet, cela pourrait aussi inciter les jeunes médecins à s'installer."
La rémunération en question
Le collectif demande une remise à plat du mode de rémunération des médecins libéraux, et pour Mélanie Rica Henry, parler de doublement du tarif de consultation est trop caricatural : "aujourd'hui, on a des rémunérations forfaitaires sur objectifs ... et nous souhaiterions supprimer cette rémunération forfaitaire opaque. En fait, on passerait de 25 à 50 euros, mais déjà, si on compte ces rémunérations forfaitaires, on est déjà à peu près en moyenne à 36 € par acte. Ce n'est pas un doublement de la consultation, ce serait une augmentation par rapport aux rémunérations moyennes européennes. En Allemagne, les médecins généralistes peuvent embaucher deux secrétaires, ou une secrétaire et une assistante. En France, on peut embaucher par médecin seulement une demi secrétaire."
Cette grève sera reconductible, si le dialogue avec le gouvernement et l'Assurance maladie n'avance pas. Les 1er et 2 décembre dernier, dans l'Ouest, plus d'un cabinet sur deux avait gardé porte close.
Un rassemblement est prévu à Paris le 5 janvier, auquel participeront des médecins de Bretagne et des Pays de la Loire.