Environnement. La nouvelle filière de traitement de l’usine d’eau potable de Vilaine Atlantique
Publié : 27 avril 2023 à 10h32 par Dolorès CHARLES
Après 7 ans de travaux de réhabilitation et de modernisation avec la création d’une nouvelle filière de traitement, la nouvelle usine d’eau potable du Drezet, désormais baptisée Vilaine Atlantique, vient d'être inaugurée (14 avril)à Férel dans le Morbihan. Reportage de Yann Launay.
Sécuriser l'alimentation en eau potable du Morbihan, de la Loire-Atlantique et de l'Ille-et-Vilaine : c'est la vocation de la nouvelle usine de traitement de Férel, qui vient d'être inaugurée, après sept ans de travaux. Installée depuis 1971 près du barrage d'Arzal, sur l'estuaire de la Vilaine, l'usine a été remodelée, modernisée, et le traitement de l'eau a été optimisé, pour une eau potable de haute qualité...
De plus en plus de charbon actif utilisé !
Avec notamment l'utilisation de charbon actif en poudre, pour capter les molécules indésirables comme l'explique Jean-Luc Jégou, directeur général d'Eaux & Vilaine : "Là dans les filtres, on en met en permanence : on a du charbon toujours neuf, performance optimum tout le temps. Cela élimine la matière organique, mais surtout cela élimine tout ce qu'on connaît : pesticides, hydrocarbures qu'il peut y avoir... Ce qui nous inquiète, c'est le pesticide aujourd'hui lié par exemple au Métolachlore... On respecte les normes relativement facilement mais par contre, on est obligé d'essayer de jour des quantités de charbon de plus en plus importantes. Là où on utilisait 2 grammes par m3 autrefois, on va finir par utiliser 10 grammes ou plus pour atteindre les performances. Le charbon n'est pas donné et plus on utilise, plus le coût de l'eau augmente !"
Un équilibre financier à trouver
Les techniques mises en œuvre dans l'usine de Férel permettent de retirer les polluants tels que les résidus de pesticides, mais avec des coûts de traitement toujours plus élevés. Pour Jean-François Mary, ce n'est pas parce que des usines performantes comme celles de Férel existent qu'il faut se dispenser de lutter contre la pollution en amont.
Pour le président d'Eaux & Vilaine, interrogé par Yann Launay, c'est aussi une question de justice pour le consommateur final : "Nous devons améliorer la qualité de nos eaux brutes pour maîtriser le coût de potabilisation de l'eau, afin qu'on n'ait pas la double peine pour le consommateur, à savoir un prix de l'eau élevé et des coûts environnementaux supportés via les impôts et en particulier via la fameuse taxe GMAPI (Gestion des milieux aquatiques prévention des inondations), qui se généralise à tous les EPCI (Établissement public de coopération intercommunale). Aujourd'hui, vous êtes consommateur, vous payez sur votre facture d'eau, vous êtes contribuable, vous payez la taxe GEMAPI."
Une gestion de l'eau à plusieurs
Capable de produire 90 000 m³ d'eau potable par jour, l'usine Vilaine Atlantique fonctionnera aussi en interconnexion avec plusieurs autres usines bretonnes, pour mieux affronter périodes de sécheresse ou défaillances techniques, avance Jean-Luc Jégou : "on a une sécurisation, par exemple avec une unité de Campbon, près de Saint-Nazaire, qui peut nous amener de l'eau, et on envoit de l'eau aussi. Demain, avec l'usine de Villejean à Rennes : les deux usines seront interconnectées, et l'on pourra passer de l'eau dans un sens ou dans un autre, si l'une est défaillante. Dans le fonctionnement futur, on imagine redescendre de l'eau en été parce qu'en été on a besoin de plus d'eau, et par contre en hiver, on a de la marge de manœuvre pour envoyer de l'eau. On a des jeux de gestion à plusieurs sur des territoires très importants."
L'aqueduc reliant l'usine de Férel à l'usine de de Villejean, à Rennes, doit être mis en service début 2024.
Pluies : la situation bien meilleure que l'an passé
Point faible de cette usine située en estuaire, la remontée d'eau salée, en période de sécheresse. Ce qui se produit quand l'écluse du barrage d'Arzal doit s'ouvrir pour laisser passer un bateau. Le problème s'est posé l'été dernier, mais pour 2023, Jean-Luc Jégou se dit beaucoup plus serein :
"Les pluies de mars ont bien reconstitué les stocks en Bretagne d'une manière générale, il y a toujours des captages compliqués dans la recharge, et qui demandent parfois des mois et des mois, mais globalement, par rapport à il y a un an, la situation est incroyablement meilleure. On devrait passer l'été sans trop de problèmes. En Bretagne, s'il pleut pas pendant plusieurs semaines, cela bascule très vite mais en gros jusqu'au 15 août, on a je pense une bonne visibilité par rapport à l'an passé."
Pour régler le problème de remontée d'eau salée, une écluse anti-salinité devrait être construite à partir de 2024, et opérationnelle en 2026 ou 2027. Pour une résilience toujours plus grande de la production d'eau potable, l'usine Vilaine Atlantique sera intégrée à un réseau d'usines interconnectées, pour des échanges d'eau. La jonction avec l'usine de Campbon, en Loire-Atlantique, est déjà effective, et la liaison avec l'usine de Villejean, à Rennes, sera en service début 2024.