En Mayenne, la cimenterie Lafarge va capturer et stocker son CO2

Publié : 17 juillet 2023 à 11h23 - Modifié : 17 juillet 2023 à 16h44 par Emilie PLANTARD

L'usine Lafarge de Siant-Pierre-La-Cour (53)
L'usine Lafarge de Siant-Pierre-La-Cour (53)
Crédit : Lafarge France

Face aux enjeux climatiques, 4 industriels présents en région Pays-de-la-Loire, dont Lafarge à Saint-Pierre-La-Cour en Mayenne, ont décidé de s’associer pour lancer un projet majeur de captage et enfouissement de CO2. L’objectif est de réduire considérablement leurs émissions de gaz à effet de serre à horizon 2030.

Le gouvernement veut accélérer la décarbonation de l’industrie, et cela devrait se concrétiser dans l’ouest via GO CO2, un projet majeur de captage et de stockage de CO2. Porté par 4 industriels dans les secteurs du ciment, de la chaux et des hydrocarbures, ainsi que GRTGaz, leader du transport du gaz, il est soutenu par la région Pays-de-la-Loire qui a récemment accueilli le lancement de cette collaboration.

A terme, cela devrait contribuer à limiter considérablement l’empreinte carbone de ces 4 sites, parmi lesquels la cimenterie Lafarge en Mayenne. La fabrication du ciment passe par le fonctionnement de fours puissants et dégage d’importantes quantités de CO2 et ce projet devrait permettre de les réduire considérablement. "C’est quelque chose qui va amener à de gros investissements, détaille Loïc Leuliette, directeur de la communication et des affaires publiques pour Lafarge France, à la création de grosses infrastructures, qui vont permettre de capter le CO2 émis par ces gros sites industriels, les capter à la cheminée puisque chez nous, ça sort d’un four, de les canaliser, de les emmener à Saint-Nazaire pour pouvoir les transporter vers des lieux où ils seront stockés géologiquement, dans des couches géologiques sous-marines, généralement c’est là où il y a déjà eu du gaz, du pétrole, pour être séquestré définitivement.

 

Loïc Leuliette, directeur de la communication et des affaires publiques pour Lafarge France
Crédit : Emilie Plantard

Un investissement estimé à 1,7 milliards d’euros

Le principe est de récupérer ce dioxyde de carbone, de le transporter via des canalisations jusqu’au port de Saint-Nazaire où il sera pris en charge. Avant de le réintroduire dans des couches-géologiques sous-marines, un site norvégien existe déjà en mer du Nord. Toute la filière est à créer, l’investissement est considérable, on parle d’une projection à 1,7 milliards d’euros, mais jugé indispensable par les professionnels et les collectivités. "Les montants à investir par les industriels seront colossaux, explique Loïc Leuliette, la part de financement que les collectivités et l’Etat pourront aider est inconnue mais sera toujours la bienvenue. Aujourd’hui, pour émettre du CO2, on paie un droit, c’est-à-dire des quantités des CO2 avec des prix de marché, tout ça se vend et se revend, à un prix fixé à la tonne et ce prix est en croissance constante. Donc à un moment, il vaut mieux dépenser de l’argent pour une solution pérenne, pour que ce CO2 soit stocké, séquestré, plutôt que de payer la possibilité d’avoir le droit d’en émettre. Le but ultime c’est d’arrêter ces émissions dans l’atmosphère."

 

Loïc Leuliette, directeur de la communication et des affaires publiques pour Lafarge France
Crédit : Emilie Plantard

L’heure est aux études et au chiffrage

Ce procédé de captage et de stockage du CO2 est plutôt nouveau, GO CO2 (comme Grand Ouest CO2) est un des premiers projets en France. Le chemin promet donc d’être long et probablement difficile puisque des doutes existent autour de la pertinence de cette technologie, son coût et la capacité de stockage dans le monde. Pas de quoi freiner le groupe Lafarge qui compte ainsi réduire drastiquement l’empreinte carbone de sa cimenterie en Mayenne... "L’acceptabilité sociale c’est toujours un sujet important, reconnait Loïc Leuliette mais la priorité c’est de continuer à travailler à la faisabilité et aux études, au chiffrage de ces infrastructures, c’est d’avancer sur ce projet. Nous ce qu’on prévoit, c’est dès 2030, de capter au moins tous les ans 1 million de m3 de CO2 de notre usine dans cette filière de décarbonation. L’objectif commun, c’est quand même d’arriver au net zéro, comme demandent les français, leur président et comme réponse à l’exigence climatique."

Le projet réunit Elengy, GRTgaz, Heidelberg Materials, Lafarge, Lhoist et TotalEnergies et d'autres groupes pourront s'y joindre à terme. Ce projet soutenu par la Région des Pays de la Loire et le Grand Port Maritime de Nantes Saint-Nazaire (GPMNSN) a pour objectif de développer un programme d’investissement permettant le captage du CO2 sur les sites industriels, son acheminement par canalisation jusqu’au terminal d’export maritime de Saint-Nazaire à destination des zones de stockage géologique permanent, pour une capacité estimée à 2,6 millions de tonnes par an à l’horizon 2030.

Loïc Leuliette, directeur de la communication et des affaires publiques pour Lafarge France
Crédit : Emilie Plantard