En Loire-Atlantique, les associations demandent le plan grand-froid

Publié : 27 janvier 2023 à 10h00 - Modifié : 27 janvier 2023 à 14h27 par Emilie PLANTARD

Rassemblement devant le logement provisoire à Nantes
Crédit : Emilie Plantard

A Nantes ce jeudi (26 janvier), un rassemblement contre l’expulsion programmée des locataires d’une résidence temporaire a été l’occasion pour les associations de réclamer le déclenchement du plan grand-froid, et l’interdiction de toutes les expulsions en plein hiver. Explications.

Ce jeudi 26 janvier à Nantes, les associations étaient mobilisées autour de trois colocataires d’une résidence temporaire menacés d’expulsion. Depuis la loi Elan de 2019, il est en effet possible d’occuper des bâtiments vacants pour organiser des hébergements temporaires, via des sociétés privées notamment. A Nantes, sous la pression des locataires et des associations, le prestataire a indiqué chercher une solution de relogement mais en plein hiver, ces démarches inquiètent car pour ces locataires, la menace est de se retrouver à la rue, avec tous les risques que ça implique.

Dans quel monde on vit ?

Renz est porte-parole de la Maison du Peuple : "Le risque il est d’y laisser sa peau et en plus le nombre de personnes est grandissant. Des affaires comme aujourd’hui se répètent : on vient de nous solliciter cette semaine pour un camping à Saint-Julien-de-Concelles qui va être expulsé, en plein hiver. Une trentaine de travailleurs pauvres. On essaie d’appliquer la loi et de faire de l’argent partout, il n’y a plus d’humain. On trouve ça normal d’expulser des gens en plein hiver, sous couvert de lois existantes. Dans quel monde on vit ?"

Contactée, la mairie de Saint-Julien-de-Concelles confirme un problème avec l’ancien exploitant du camping dans le cadre d’un changement de gestionnaire, mais assure que tout est fait pour que des solutions de relogement soient trouvées, notamment par les employeurs de plusieurs travailleurs.

Renz, porte-parole de La Maison du Peuple
Crédit : Emilie Plantard

La conséquence d’un système défaillant

Le risque pour les locataires est bien sûr de se retrouver à la rue. Un risque d’autant plus important qu’aucun plan grand froid n’a encore été déclenché dans l’ouest malgré la baisse des températures... et que le 115 est saturé. Emilie Plantard a rencontré Vincent, militant au DAL 44 (Droit Au Logement 44) : "Les plans Grand Froid ne devraient pas être jugés comme ça, au thermomètre du jour au lendemain, on ouvre, on ferme... Manifestement on aurait besoin de plus de places d’hébergement, mais on dit depuis plusieurs années qu’on ne devrait pas avoir besoin autant de places d’hébergement. Mais de plus en plus les systèmes d’urgence se pérennisent et il y a de moins en moins d’accompagnement social... ce qui fait que les sites d’hébergement sont saturés de gens qui n’ont rien à y faire. Le système social est complètement défaillant."

En Loire-Atlantique le plan hivernal est déclenché lorsque les températures relatives atteignent -5° la nuit pendant 2 jours consécutifs.

 

Un des colocataires entouré de bénévoles des associations
Crédit : Emilie Plantard
Vincent, militant au DAL 44 (Droit Au Logement 44)
Crédit : Emilie Plantard

Demande d’ouverture des gymnases

A Saint-Nazaire, les collectifs et associations d’aide aux sans-abris se sont déjà mobilisés cette semaine devant la préfecture de Loire-Atlantique. Pour faire face à la baisse des températures des derniers jours, ils demandent aux collectivités locales de réagir. Pour Vincent du DAL44, il faut dans l'urgence "rouvrir les gymnases, et déclencher le plan Grand Froid. Mais ce n’est qu’une urgence à court terme. Il faut que les politiques pensent un peu plus loin. Nous constatons, nous qu'il y a un certaine nombre de personnes à la rue qui n’appelle plus le 115 parce qu’elles ont renoncé à appeler... parce que personne ne répond ou qu’il n’y a pas de place... et quand il y a une place, les conditions sont complètement délabrées...

Sur des lieux d’hébergement ouverts récemment, les niveaux de violences psychologiques et physiques sont tels que les gens ne veulent plus. Ils préfèrent dormir sous un pont et essayer de ne pas crever..."

Vincent, militant au DAL 44 (Droit Au Logement 44)
Crédit : Emilie Plantard

A Nantes, l’aide aux sans-abris vient d’être renforcée. La ville met à disposition 25 places d’hébergement supplémentaires, jusqu’au 28 janvier pour l’instant.