En Loire-Atlantique et en Vendée, le lait Juste se vend plus cher

Publié : 9 septembre 2022 à 17h13 - Modifié : 9 septembre 2022 à 17h26 par Emilie PLANTARD

Yoann Vetu, producteur de lait au Petit Auverné en Loire-Atlantique
Crédit : Emilie Plantard

Dans un contexte d’inflation sur les matières premières et l’énergie, les producteurs laitiers travaillent à perte et réclament une revalorisation du prix du lait. De son côté, la marque de producteurs Juste, créée en Vendée en 2018, a fait le choix d’acheter son lait plus cher et d’augmenter le prix de vente en rayon.

Récemment, les producteurs de lait bretons ont menacé de lancer une série d’actions et notamment de bloquer les sorties d’usines pour créer une pénurie de produits laitiers en magasins. En cause, le prix du lait, fixé par les laiteries et toujours pas revalorisé malgré les hausses de coûts de production. En France, les 1000 litres de lait sont en moyenne rémunérés 438 euros aux producteurs, alors même que les coûts des matières premières augmentent régulièrement depuis 1 an. Les explications de Yoann Vetu, producteur de lait au Petit Auverné en Loire-Atlantique. "Qu’est-ce qu’il faut pour faire du lait ? Des vaches. Il faut aussi des intrants. C’est l’alimentation, le maïs, l’herbe, la luzerne... On les produits sur l’exploitation donc on sème, on récolte et pour ça il faut de l’énergie. Ensuite il faut apporter de l’azote et ça a énormément augmenté. C’est 3 fois plus cher qu’il y a 1 an. On dépense plus pour produire un litre de lait."

Yoann Vetu, producteur de lait au Petit Auverné en Loire-Atlantique
Crédit : Emilie Plantard

Le lait Juste rémunère le producteur au juste prix

Il serait donc normal que les producteurs vendent leur lait plus cher, sauf que ce sont les coopératives qui décident et elles rechignent. C’est pour éviter ce rapport de force difficile que la marque de lait Juste et Vendéen a été créée en 2020. Or depuis quelques jours, une brique de lait Juste se vend plus cher en magasin, ce qui permet de mieux rémunérer les producteurs. Yoann Vetu est producteur de lait, il est aussi ambassadeur de la marque Juste en Loire-Atlantique. "On achetait le lait aux ambassadeurs Juste 450 euros les 1000 litres, c’était depuis le début. Au 5 septembre on a augmenté le prix du lait. Ça veut dire qu’on l’a monté à 510 euros, on l’a augmenté en fonction de l’augmentation des intrants. Avec 510 euros, les agriculteurs vivent bien."

Vaches
Crédit : Emilie Plantard
Yoann Vetu, producteur de lait et ambassadeur de la marque Juste 44
Crédit : Emilie Plantard

Des négociations très dures

Ce lundi 5 septembre, le groupe Intermarché a annoncé un premier accord via sa laiterie, la laiterie Saint-Père, basée en Loire-Atlantique. Mais les autres laiteries n’ont, pour l’heure, pas bougé leurs prix. Yoann Vetu est producteur de lait en Loire-Atlantique, lui vend son lait 446 euros les 1000 litres et ça ne couvre pas ses frais. Il attend beaucoup des négociations avec les laiteries, même s’il est lucide... "Les négociations c’est très compliqué, à part aller dans la rue mais c’est dépassé, il faut arrêter d’embêter le consommateur. En face ils nous disent qu’ils ont des acheteurs difficiles en affaire mais si on n’augmente pas le prix, c’est le producteur qui perd de l’argent."

Vers une pénurie de producteurs ?

Ce rapport de force inégal nuit à la profession et les producteurs sont tentés de raccrocher. Alors, est-ce qu’un jour il manquera de lait en France ? C’est ce que craint Yoann Vetu. Pour lui cette nouvelle crise est celle de trop puisque "les producteurs de lait décident d’arrêter leur production. Plutôt que de se battre, on se bat tout le temps. La production de lait n'est pas rentable donc les jeunes commencent par arrêter ce qui gagne le moins. C'est beaucoup de travail donc ce n'est pas dur d'arrêter."

Les négociations sont en cours entre laiteries et distributeurs. Pour rappel, la loi Egalim 2 est censée garantir une meilleure prise en compte des coûts de productions des agriculteurs... Mais elle est peu respectée.

Yoann Vetu, producteur de lait en Loire-Atlantique
Crédit : Emilie Plantard