EHPAD : des maires bretons envisagent d’attaquer l’Etat

Publié : 19 février 2024 à 12h24 - Modifié : 19 février 2024 à 12h37 par Valentin Monnier

Philippe Salmon, maire de Bruz (35)
Philippe Salmon, maire de Bruz (35)
Crédit : Valentin Monnier

Depuis des mois, les établissements pour personnes âgées (EHPAD) sont en souffrance, acculées par des difficultés financières liées notamment à l'augmentation des fluides. Un collectif s'est monté en région Bretagne, et envisage de porter plainte contre l'Etat, pour non-assistance à personne en danger. Les explications du maire de Bruz (35), Philippe Salmon.

Les EHPAD publics sont dans une situation économique inquiétante. C’est l’alerte du collectif "Territoires du grand âge en résistance" qui regroupe une cinquantaine de communes bretonnes. Dans la région, les trois quarts de ces établissements seraient en difficultés financières. Une étude réalisée au printemps dernier sur 1 500 EHPAD avait révélé que le déficit moyen était de 143 000 euros, certains ne pourraient plus payer les factures et seraient amenés à fermer. Aussi, le collectif "Territoires du grand âge en résistance" a consulté un cabinet d’avocat, et a écidé d’attaquer l’Etat en justice pour non-assistance à personnes en danger.

Les élus veulent des capacités financières et des soignants

Pour Philippe Salmon, le maire de Bruz et membre du collectif, les premières victimes de cette situation sont les pensionnaires des EHPAD eux-mêmes. "Au bout de la chaîne ce sont nos pensionnaires, c'est à dire qu'aujourd'hui on a la charge de prendre soin de ces personnes, c'est ce qu'on fait, ou plutôt c'est ce qu'on essaye de faire au maximum, mais avec de moins en moins de moyens et de plus en plus de difficultés... On demande non seulement des capacités financières, mais aussi qu'on puisse nous nous attribuer plus de quota de soignants pour s'occuper humainement et correctement de nos aînés et éviter de les bousculer pour faire les toilettes, de les faire manger avec un lance-pierre, ce qui a tendance à se produire."

Philippe Salmon, le maire de Bruz
Crédit : Valentin Monnier

Les causes de ces difficultés économiques sont diverses, "l'augmentation de l'inflation sur les fluides, en particulier l'électricité, le gaz et l'augmentation du prix des denrées alimentaires, explique le maire de Bruz. Mais on a aussi une pénurie de personnel, on a du mal à recruter du personnel qualifié, et on est obligé de faire appel à l'intérim, ce qui coûte deux fois plus cher."

"On s'est retrouvés ensemble et on a décidé de créer ce collectif breton."

L’idée de créer ce collectif s’est imposée d’elle-même, "c'est parti des Côtes d'Armor avec le maire de La Roche-Jaudy, Jean-Louis Even et le maire de Plouha, Xavier Compain qui se sont retrouvés un jour. Ils ont évoqué ce sujet et se sont aperçus qu'ils avaient les mêmes difficultés. Ils en ont parlé aux collègues du 22 et ils ont commencé à constituer un collectif pour réfléchir. Qaund j'ai appris ça, je me suis dit qu'on était tous dans les mêmes difficultés et même chose pour d'autres maires d'Ille et Vilaine. On a donc rejoint le mouvement, puis le Morbihan en a fait de même et le Finistère."

Philippe Salmon, le maire de Bruz
Crédit : Valentin Monnier

Les maires, qui envisagent d’attaquer l’Etat en justice pour non-assistance à personne en danger, demandent une loi sur le "grand âge" et espèrent que ce collectif fera boule de neige dans d’autres départements. Ils souhaiteraient enfin être rejoints et soutenus par les familles des résidants.