Effectifs, salaires, groupes de niveaux : les enseignants en grève pendant 4 jours en Loire-Atlantique
Publié : 18 mars 2024 à 22h48 par Dolorès CHARLES
A l'appel de quatre syndicats (SUD, FSU, CGT et FO), les personnels de l'éducation seront en grève ces jours prochains, du 19 au 22 mars, en Loire-Atlantique. Beaucoup d'écoles, collèges et lycées seront concernés et perturbés dans l'Académie par ce mouvement, qui vise à revendiquer plus de moyens et d'effectifs.
Ecoles fermées ou perturbées aujourd’hui, dans le grand ouest. C’est jour de grève ce mardi (19 mars), plusieurs syndicats d’enseignants ont appelé la profession à se joindre à la mobilisation de la fonction publique. De la maternelle au lycée, les professeurs seront aux abonnés absents, parfois un jour, parfois plusieurs comme en Loire-Atlantique où la grève doit durer quatre jours. Au cœur des revendications, les effectifs et les salaires.
Les syndicats dénoncent la coupe de 700 millions d’euros pour le budget de l’Education nationale, et refusent la mesure des groupes de niveaux. "C'est un peu ce qui a mis le feu aux poudres, et c'est ce qui symbolise le mieux, à notre sens, le projet gouvernemental qui est de construire une école du tri social, où on va sélectionner de plus en plus tôt les élèves. En dehors du fait qu'on sait très bien que ce sont des dispositifs pédagogiques qui ne seront pas du tout efficaces, on pense que c'est très stigmatisant pour les élèves de les trier de plus en plus tôt.
"On lui demande de dépenser plus et de dépenser mieux"
C'est un modèle d'école qui ne nous convient pas, car cela représente globalement les logiques gouvernementales, qui sont en œuvre depuis plusieurs années, et en parallèle de ça, ce qu'on demande au ministère c'est d'investir et de recruter. On lui demande de dépenser plus et de dépenser mieux."
Pour Clément Brochard, professeur de CM1 à Nantes, syndiqué Sud Education 44, "ce qu'on demande et ce qui est un peu corrélé par la majorité des travaux en sciences de l'éducation, c'est d'avoir des effectifs moins fournis en classe pour pouvoir aider correctement chaque élève et qu'il y ait une émulation de groupe, qui se crée par des enfants qui ont effectivement différents niveaux mais qu'on peut réussir à faire travailler ensemble. Et ça, ce sera possible si on renforce l'encadrement et si on recrute davantage de personnels auprès des élèves."
Sud Education 44 annonce un mouvement très suivi en Loire-Atlantique, et il pourrait prendre de l’ampleur ailleurs en France comme en Mayenne. L'ambition est ce que cela "devienne un mouvement d'envergure nationale. A Bordeaux, il y a un appel à quatre jours de grève, c'est aussi le cas en Mayenne, ou dans le 93 en Seine-Saint-Denis. C'est en train d'arriver dans différents endroits," souligne le co-secrétaire du syndicat.
Quid des salaires qui ont été augmentés ?
Les augmentations "de 10 % qui devaient être prévues pour tout le monde, on en est très loin, et très souvent, elles sont corrélées à de nouvelles missions. A l'école primaire, il faut prendre des groupes d'élèves au collège et faire des heures en plus. En fait, dans un contexte où la grande majorité des collègues est épuisée, cela n'a pas de sens de demander des missions supplémentaires. C'est une logique du travailler plus pour gagner plus, et nous, on demande une vraie augmentation de salaire sans contrepartie et un rattrapage du pouvoir d'achat car nos salaires n'ont pas suivi le cours de l'inflation ces dernières année," explique Clément Brochard qui n'oublie pas les AESH.
La violence vient des institutions
Les professeurs sont parfois confrontés à des actes de violences. Près de Dijon, le collégien qui a menacé (vendredi 15 mars) sa principale au couteau a été mis en examen et placé en détention provisoire. Des faits qui peuvent exister dans l'Académie, selon Clément Brochard joint par Dolorès Charles : "c'est l'institution qui fabrique cette violence, c'est à dire qu'entasser des enfants à 30 voire à 35 sans accompagnement, sans prise en compte des singularités, faute de moyens, encore une fois, évidemment cela crée des situations à un moment qui explosent...
On y est confronté de temps en temps, voire de manière un peu régulière, et ce qu'on défend surtout c'est que pour pouvoir prendre en compte les singularités de chacun/e ci il faut recruter encore une fois des personnels : psychologues, infirmiers / infirmières scolaires, professeurs, etc.) Tant qu'on n'aura pas ça, on ne pourra pas répondre aux besoins des élèves convenablement."
Des manifestations sont prévues partout en Loire-Atlantique et dans l'ouest ce mardi 19 mars. Vous pouvez les retrouver sur une carte ici.