Eau potable. La commune bretonne de Botmeur est à sec

Publié : 12 août 2022 à 9h23 par Dolorès CHARLES

Le maire de Botmeur Eric Prigent - Château d'eau
Crédit : Yann Launay

La troisième (ou quatrième c'est selon) vague caniculaire de l'année en France atteint son pic ce vendredi 12 août, avec des valeurs entre 38 et 41°C dans le pays, confronté à de multiples incendies et à une grave sécheresse. Dans le Finistère à Botmeur, l'eau se fait si rare que la municipalité a rempli le château d'eau avec des camions citernes.

Avec cette sécheresse qui dure, les nappes phréatiques s'amenuisent, et certaines communes manquent d'eau : Botmeur, par exemple, dans le Finistère, a dû faire remplir son château d'eau par des camions citernes, pour couvrir les besoins des 218 habitants et des estivants. Le débit des deux captages de la commune s'est réduit et le petit château d'eau de la commune était vide, comme l'explique Eric Prigent, maire de Botmeur : "C'est une réserve de 150 m3 qui correspond à trois grosses journées de consommation sur la commune. Habituellement, il n'y a pas de souci, les sources donnent normalement et ça se remplit, ça compense les consommations qu'on peut avoir. Mais cette année, depuis la fin juin, on perd un, deux, voire trois ou quatre m3 par jour, donc sur 150 m3 de réserve, le niveau n'a pas cessé de descendre et devenait inquiétant. On a la particularité, c'est sûrement un tort, de n'être connecté à aucune autre commune. C'est sûrement la géographie et la faible densité d'habitants qu'on s'est dit qu'on pouvait rester en autonomie."

Eric Prigent, maire de Botmeur
Crédit : Yann Launay

"Ce transport d'eau nous coûte une fortune"

La commune bretonne traque les fuites sur le réseau, et réfléchit à des solutions durables. Pour le maire, le ravitaillement par camion n'a pas vocation à se répéter trop fréquemment : "C'est le transport qui coûte de l'argent, on en est à 30 euros le m3, sur les trois premières cuves reçues, et on le refacture 1,10 euro. Aujourd'hui, on était dans l'urgence, maintenant il faut qu'on trouve des solutions pérennes. Il faut que chacun y mette du sien pour qu'on puisse diminuer au maximum nos consommations, et je pense qu'on a peut-être besoin d'avoir des crises comme ça pour se rendre compte de la valeur de l'eau."

La commune de Botmeur (29)
Crédit : Yann Launay
Eric Prigent, maire de Botmeur
Crédit : Yann Launay

Vers une ressource partagée

Le maire appelle les habitants à économiser l'eau, pour ne pas avoir à réitérer cet achat d'eau à l'extérieur. Pour le maire, les Botmeuriens ont un vrai rôle à jouer : "On consomme environ 40 m3 jour. On a calculé sur les 218 habitants, 20 litres économisés par jour, c'est 10% de consommation en moins. Et 20 litres, c'est un minimum. De toute façon, on n'aura pas d'amélioration significative avant fin octobre - début novembre. Il faut qu'on tienne jusque là, donc il faut économiser l'eau, croiser les doigts en espérant que le niveau de la nappe va se maintenir. On voit que partout ça devient plus tendu, on va devoir tous se partager la ressource, de toute façon."

Eric Prigent, maire de Botmeur
Crédit : Yann Launay

Changeons nos habitudes !

De leur côté, les habitants se disent prêts à faire des efforts encore plus grands pour économiser l'eau, comme en témoignent Daniel et Solène rencontrés par Yann Launay : "On récupère l'eau de lavage des mains, on va la remettre aux plantes. On va essayer d'économiser, on va changer nos habitudes, éviter de se laver tous les jours, de toute façon on n'a pas le choix... On ne pensait pas du tout en arriver là. On verra au fur et à mesure ce que l'on peut faire, on fait déjà le maximum. La météo annonce canicule et après un peu d'orages, mais on n'aura pas forcément de pluie, et pas assez pour tout remettre bien comme c'était."

Daniel et Solène, habitants de Botmeur
Crédit : Yann Launay