Drame de Nanterre. Dégradations et colère à Brest

La Première ministre, Elisabeth Borne, dont le déplacement aujourd'hui en Pays de la Loire a été annulé, appelle "à éviter l’escalade" des violences. 40 mille policiers et gendarmes seront mobilisés la nuit prochaine selon le ministre de l’Intérieur, Gérarld Darmanin. Le gouvernement veut éviter une nouvelle nuit de violences partout en France suite au décès de Nahel, 17 ans tué par un policier suite à un refus d’obtempérer à Nanterre. Hier soir, 150 personnes ont été interpellées après des émeutes.

Dans l’Ouest, on déplore de gros incidents

Des poubelles et une caravane incendiées quartier Balzac à Saint-Brieuc, un McDonald's et des voitures incendiés quartiers Saint-Nicolas et des Fourches à Laval, un commerce bio détruit et une station de tram endommagés quartier Pontanézen et Europe à Brest. Dans la Cité du Ponant, une quinzaine de voitures ont aussi brûlé et la mairie de quartier a été dégradée. Une cinquantaine de jeunes ont cherché à empêcher l'intervention des pompiers, et ont affronté policiers et gendarmes. Pour le maire de Brest, qui s'est rendu sur place, rien ne peut justifier ces violences.

François Cuillandre au micro de Yann Launay. "Le drame de Nanterre, que personne ne peut nier, n'autorise pas tout et n'autorise pas à nos yeux les dégradations très fortes, commises partout en France. Il n'y a pas que à Brest ! Ce genre de gestes se retourne contre les habitants. Il y a eu un drame à Nanterre et je crois qu'il ne doit pas être instrumentalisé pour faire ce qui a été fait ici, comme dans d'autres villes de France. Ce n'est pas acceptable ! J'écoutais une radio qui n'est pas la vôtre, le journaliste disait "La police a tué à Nanterre". Non, c'est un policier qui a tué, ce n'est pas la police. Il ne faut pas mélanger. Ce que je dis en complément, c'est que la ville de Brest a toujours maintenu le service public dans ce quartier... ce n'est pas le premier aléa qu'on subit et on continuera à le faire."

Des actes de dégradations condamnés par les habitants

Les habitants de Brest, que nous avons rencontrés, se disent touchés par le drame, mais ils n'acceptent pas les violences de la nuit dernière : "Je ne comprends pas, cela ne fera pas revenir le jeune homme. C'est vraiment du gratuit, et ça ne sert absolument à rien... Ces gens n'ont pas de cœur, ce sont des imbéciles. Vous voulez démarrer le matin pour travailler, et il n'y a plus de voiture ! S'il y a quelqu'un, par exemple, qui dort à l'intérieur, il sera brûlé en même temps. Ce sont des choses inacceptables... D'un côté je comprends leur façon de vouloir exprimer par rapport à ce qui s'est passé du côté de Nanterre, mais pour moi, je trouve que ce n'est pas la meilleure des façons de s'exprimer. Ils peuvent s'exprimer pacifiquement en manifestant mais incendier des bâtiments pour vouloir passer un message, je trouve que c'est irréfléchi de leur part."

Idriss : "il y a trop de bavures policières en ce moment !"

Idriss vit tout prêt des bâtiments et des voitures incendiés. Il condamne les violences urbaines, mais attend aussi une évolution dans les pratiques des policiers. Pour lui, le drame de Nanterre est une bavure qui n'aurait pas dû se produire : "à la limite, ce qu'il aurait dû faire, c'était interpeller le jeune ou bien le laisser partir, relever la plaque d'immatriculation et faire des enquêtes par la suite. Ils (les policiers) doivent revoir leur façon de faire. Ce n'est pas normal ce qu'ils sont en train de faire. Avant, ils faisaient peut être mieux, mais aujourd'hui cela devient un peu du n'importe quoi. Ils doivent revoir leurs procédures, il y a trop de bavures policières en ce moment. Ça devient un peu trop fréquent et c'est pas bien du tout."

L’AG des luttes appelle à un rassemblement ce soir à 18 heures, place de la Liberté à Brest. Hier, 300 personnes ont déambulé dans les rues de Rennes pour rendre hommage au jeune homme Nahel. Une marche blanche a réuni 6 000 personnes cet après-midi à Nanterre à la demande de la mère de Nahel.

Le policier auteur du coup de feu a été mis en examen pour homicide volontaire et placé en détention provisoire. Le parquet considère que "les conditions légales d’usage de l’arme ne sont pas réunies."