Dinan. Des maisons pour moins de 20 000 euros avec "Hameaux légers"
Publié : 19 juin 2023 à 8h47 - Modifié : 19 juin 2023 à 8h55 par Dolorès CHARLES
Focus aujourd'hui sur une nouvelle forme d'habitat en partie partagé, et en construction à Saint-André-des-Eaux, dans les Côtes-d'Armor avec l'association "Hameaux légers". Des maisons pour moins de 20 000 euros, réalisées avec des matériaux récupérés, et sur un terrain non acheté.
Une maison pour moins de 20 000 euros, c'est possible grâce à l'association "Hameaux légers", basée dans les Côtes d'Armor. "Hameaux légers" propose de construire de petits lotissements écologiques et économiques, sur des terrains mis à disposition par les communes moyennant un faible loyer. Mais comment peut-on faire chuter le tarif d'une maison à un chiffre si bas ? Il faudra d'abord être prêt à mettre la main à la pâte, et ne pas chercher à vivre dans 300 m2. Les maisons conçus par Hameaux légers sont de formes diverses, elles peuvent faire jusqu'à 70 m2, et leur construction est très étudiée.
"La maison repose sur 13 points de fondation légère et les pneus sont remplis de gravier"
Exemple avec cette maison polygonale en bois, édifiée à Saint-André-des-Eaux, dans les Côtes d'Armor, et présentée par Xavier Gisserot, cofondateur de l'association : "il y a beaucoup de matériaux utilisés, qui sont soit des matériaux de réemploi, de récupération. Pour la maison (devant nous), les menuiseries sont des menuiseries de réemploi. En général, quand on veut construire une maison pas chère comme ça, il faut commencer par récupérer les menuiseries et ensuite, on fait la conception autour des menuiseries trouvées. On va économiser aussi beaucoup avec les fondations puisqu'on va avoir des systèmes qui ne sont pas des fondations en béton. Là, en l'occurrence, ce sont des fondations avec des pneus récupérés. La maison repose sur treize points de fondation légère et ses pneus sont remplis de gravier : c'est un système qui a été expérimenté dans pas mal d'endroits déjà en France et ailleurs, qui peut supporter 72 tonnes par point ! On est sur des habitats qui sont beaucoup plus légers..."
"On se veut être une alternative aujourd'hui aux lotissements conventionnels"
Sans être des tiny houses, ces maisons restent compactes, d'une surface comprise entre 20 et 70 m2, avec souvent la possibilité d'extensions successives. Mais les habitants ont aussi accès à des espaces partagés, comme l'explique Xavier Gisserot : "les espaces dont on se sert ponctuellement, comme une buanderie, une chambre d'amis ou alors une très grande cuisine salle à manger pour accueillir douze amis deux fois par an, vont être partagés avec les voisins, au sein d'un petit groupe de 6 - 8 ou de dix maisons... On se veut être une alternative aujourd'hui aux lotissements conventionnels qu'on voit fleurir un peu partout, qui sont très chers et qui sont très destructeurs pour la planète, finalement dans la manière dont ils sont conçus... Autre chose : les lotissements sont conçus d'une manière où il y a peu de liens entre voisins. Les gens y rentrent chez eux du boulot, ils mettent la voiture dans leur garage, ils sortent directement de leur garage à leur maison et en fait le lien entre voisins est très pauvre."
Une manière différente de vivre et de s'épanouir
Pour faire chuter le prix de sa maison, il faut accepter d'utiliser des matériaux en réemploi, et pouvoir participer à la construction, ce qui peut paraître impossible, ou en tous cas très contraignant. Mais l'association "Hameaux légers" invite non seulement à faire des économies, mais aussi à faire de vrais choix pour retrouver le sens d'une vie véritablement locale :
"On a de gros frais à payer pour se loger et on a besoin d'avoir des emplois bien rémunérés qui nous prennent beaucoup de temps ou qui parfois sont loin de notre domicile... et donc on a peu de temps pour sortir de cette spirale ! Nous ce qu'on essaie de proposer, c'est une spirale vertueuse qui vient casser cette dynamique. Je réduis beaucoup mes coûts de la vie, je reprends de la liberté sur la manière dont j'affecte mon temps et le travail ou les activités que je réalise, parce que j'ai moins besoin d'argent, et que je peux choisir des activités porteuses de sens pour moi, et qui me permettent de m'épanouir et d'être utile dans la société."
Le terrain n'est pas acheté
Les maisons "Hameaux légers" sont en partie construites avec des matériaux de récupération, en auto-construction, au moins partielle, un bâtiment commun abrite des espaces partagés par 8 familles en moyenne, et enfin, et c'est la clé, le terrain n'est pas acheté.
Mais comment ça marche ? "On va travailler avec des communes qui ont des terrains et qui vont les mettre à disposition d'une association d'habitants par un bail emphytéotique de 99 ans, avance Xavier Gisserot. Cela permet d'avoir une forme de droit d'usage très sécurisé : on va payer un petit loyer... en général 50 à 150 € par mois, en fonction des infrastructures que la collectivité prend en charge. La commune va énormément profiter de l'accueil de ces profils d'habitants, qui sont des gens qui ont envie de s'impliquer, envie d'avoir des activités, qui ont du sens des activités, de l'économie sociale et solidaire, des activités agricoles, artisanales, qui ont envie de baisser leur coût de la vie pour pouvoir se lancer dans ces activités... parce que ces activités ne sont pas payées 2 000 ou 2 500 € par mois aujourd'hui dans notre système, en tout cas au départ."
L'association est encore toute jeune, mais le concept connaît déjà le succès : pour chaque projet de 8 maisons en moyenne, 600 candidatures sont envoyées. "Hameaux légers" à recenser 200 communes françaises intéressées, prêtes à mettre des terrains à disposition.
Des lotissements "Hameaux légers" sont en projet ou en construction à Saint-André-des-Eaux, dans les Côtes d'Armor, à Plessé près de Redon, à Commana dans les Monts d'Arrée, à Plouigneau près de Morlaix, à Guipel près de Rennes, ou encore à Trignac près de Saint-Nazaire.