Deux décès aux Urgences du CHU de Nantes, depuis le 1er janvier
Publié : 12 janvier 2024 à 8h09 par Dolorès CHARLES
Avec la très forte activité enregistrée dans le service des urgences du CHU de Nantes (44), le personnel a dû faire face à deux décès depuis le 1er janvier. Un patient est décédé dans la file d’attente, avant hospitalisation, et le deuxième sur un brancard dans le couloir. La Direction a déclenché le "plan de mobilisation interne."
Au CHU, ce n'est pas une mais deux personnes, qui sont décédées depuis le début de l'année aux Urgences. La première patiente de 86 ans est décédée en zone d'attente de départ, avant hospitalisation, elle "présentait des comorbidités sévères et son pronostic vital était engagé", et pour la deuxième patiente, elle est décédée sur un brancard "devant une équipe de médecins et de soignants". Elle a fait un arrêt cardio-respiratoire. Les services étaient totalement engorgés avec plus de 250 admissions par jour pendant près de deux semaines.
"On ne peut pas accepter de mourir sur un brancard"
Résultat, pas assez de lits, ni de personnels, et au final un manque de chance pour les patients comme le déplore Tony Gilbert, secrétaire général FO du CHU de Nantes, interrogé par Jules Housseau. "Je ne peux pas dire aujourd'hui qu'il y a eu un dysfonctionnement de prise en charge, par contre on peut affirmer qu'il nous manque des lits d'hospitalisation justement pour désengorger les urgences. Il y a quelques années, 260 passages cela restait exceptionnel sauf que là, les urgences ont enquillé plus de quinze jours consécutifs... forcément, nos collègues étaient en surchauffe totale. On ne peut pas accepter qu'on n'ait pas de lits d'hospitalisation pour les patients qui peuvent être justement en fin de vie, et de mourir sur un brancard. Ce n'est digne d'une société développée."
Selon le syndicat Force Ouvrière, il manquerait, pour la seule région des Pays de la Loire, quelque 6 800 infirmières et infirmiers, tout secteur médical confondu. Ces deux décès enregistrés ne seraient pas directement liés, mais il y a bel et bien saturation dans ce service.
"Il faut absolument des moyens pour qu'on puisse fonctionner correctement"
Patrice Le Luel, secrétaire général adjoint CGT du CHU, parle d'une "situation intolérable". "Les moyennes d'hospitalisation sur 24 heures ont été très élevés, jusqu'à 280 patients... Ce n'est pas acceptable et il ne faut pas que ça soit banalisé, parce qu'on s'aperçoit qu'avec des files d'attente très importantes, il y a une perte de chances de prise en charge sur les patients. Si c'est banalisé, cela veut dire que dans un an, on aura peut-être plusieurs décès et 300 à 400 passages par jour. On ne peut pas le tolérer, il faut absolument des moyens pour qu'on puisse fonctionner correctement, et ça passe par le nombre de lits et les effectifs ad hoc."
Pour répondre à cet afflux de patients, la direction du CHU vient de déclencher un plan de mobilisation interne, qui implique notamment un report de certaines opérations non vitales, un renfort de personnel et l'ouverture de 12 lits supplémentaires.