Des planches de surf bretonnes, à base d'algues vertes ... en impression 3D
Publié : 2 juin 2023 à 10h50 - Modifié : 2 juin 2023 à 10h54 par Dolorès CHARLES
Produire des planches de surf en algues vertes, c'est l'idée innovante du breton Jérémy Lucas, originaire de Douarnenez. Il vient de remporter l’Ocean Pitch Challenge, un concours international valorisant les projets en faveur de la protection de l'Océan.
Fabriquer des planches de surf à base d'algues vertes, en impression 3D : c'est le défi que s'est lancé Jérémy Lucas, un jeune entrepreneur de Douarnenez, dans le Finistère. Il vient de remporter le premier prix de l'Ocean Pitch Challenge, un concours international qui distingue des projets en faveur de la protection de l'Océan.
"L'idée est d'utiliser cette denrée qu'on a ici en abondance et de proposer que ce soit un substitut du pétrole ou du polystyrène dans la fabrication de planches de surf..."
Passionné de surf, Jérémy cherchait un moyen de remplacer les produits pétroliers utilisés pour fabriquer la grande majorité des planches : "Cela fait 60 ans qu'on fait des planches de surf de la même manière à partir de polystyrène et polyuréthane et ça fait aussi 60 ans qu'on voit des algues vertes ici, sur les côtes en Bretagne. L'idée est d'utiliser cette denrée qu'on a ici en abondance et de proposer que ce soit un substitut du pétrole ou du polystyrène dans la fabrication de planches de surf... J'ai eu une opportunité de dingue de pouvoir développer ça, de fédérer des gens autour de moi - institutionnels, techniciens, ingénieurs, et chercheurs sur le sujet. Dans un premier temps, le surf et après, vous avez les mêmes problèmes pour le kayak, le paddle, le wind foil et les coques de bateau si l'on veut, il y a énormément de choses à faire dans ce secteur là."
Le principe est de transformer les algues vertes pour en faire un matériau compatible avec une imprimante 3D : "l'algue verte brute aura été nettoyée et cela veut dire qu'on vient retirer le sable, l'eau de mer, les éventuels coquillages, puis on va les sécher, les déshydrater et les ramener à une granulométrie, à une poudre très fine. Ensuite cela va être combiné à un autre thermoplastique, qui va être un plastique en fin de vie ou un déchet qu'on va pouvoir récupérer auprès de certaines entreprises. Les prochains essais en laboratoire consistent à charger au maximum en poudre d'algues vertes afin d'obtenir un matériau, qui va remplacer le pain de mousse - l'âme d'une planche de surf - à partir de ces nouveaux matériaux là."
"Honnêtement, il ne s'agit pas de faire de l'écolo bobo"
Jérémy souhaite fabriquer des planches pour surfeurs de tous niveaux, y compris les plus aguerris. L'objectif n'est pas de fabriquer des planches à base d'algues vertes uniquement pour pouvoir dire qu'elles sont à base d'algues vertes : "Honnêtement, il ne s'agit pas de faire de l'écolo bobo ... Il faut que la planche soit nécessairement performante. Il faut que ce soit résistant et l'impression 3D le permet ! Si je reprends notre bon vieux pain de mousse en polystyrène, vous êtes sur une structure monobloc, dans laquelle vous ne pouvez pas inculquer davantage de résistance à une certaine zone de la planche de surf. Là sur l'impression 3D, cela permet le juste dépôt de quantité de matière souhaitée aux zones de fragilité envisagées sur une planche de surf. Si vous pensez que vous allez poser votre pied avant, par exemple, cela va être la zone votre plus fragile et vous pouvez consolider davantage de matière, et la rendre plus solide s'il n'y a pas de mousse en polystyrène."
Une planche faite à 100% d'algues vertes
A terme Jérémy aimerait obtenir une planche composée à 100% quasiment d'algues vertes. "On pourrait aussi s'intéresser à la fibre algo sourcée et pourquoi pas à la résine algo sourcée pour avoir une planche de surf, faite à partir exclusivement d'algues dans tous les composants de ces matériaux. L'idée est d'aller financer de la recherche sur ces sujets, et c'est possible : on sait faire un paquet de trucs techniquement, mais ce qui est compliqué c'est de pouvoir mettre en application toutes ces briques technos dans un modèle économique, ou même dans une petite entreprise, et de rendre un modèle scientifique viable économiquement parlant... mais l'idée n'est pas de produire une planche par an, mais d'en produire plusieurs..."