Des enfants ukrainiens, accueillis dans le Morbihan, font une "pause" avec la guerre
Publié : 17 octobre 2023 à 9h10 par Dolorès CHARLES
Une trentaine d'enfants ukrainiens sont accueillis depuis plusieurs jours dans le Morbihan, à Larmor-Baden. Une parenthèse dans leur quotidien rythmé par la guerre. La Ville de Vannes a signé un protocole de coopération avec celle de Konotop. Reportage de Yann Launay.
Ils se sont éloignés de la guerre pour une quinzaine de jours : un groupe de jeunes Ukrainiens est accueilli dans le Morbihan, depuis la semaine dernière. Ils viennent de Konotop, dont le maire a signé un protocole de coopération avec la ville de Vannes. Konotop est situé dans le nord-est de l'Ukraine, près de la frontière avec la Russie, et subit des bombardements réguliers. Les 30 jeunes Ukrainiens sont hébergés au centre de vacances de Larmor-Baden, au bord du golfe du Morbihan.
Une parenthèse dans leur quotidien
Tous ces enfants ont des parents, des frères ou des sœurs qui se battent contre l'armée russe. Plusieurs d'entre eux ont perdu des membres de leur famille. Ce séjour breton est une parenthèse qui fait du bien au moral, comme l'explique Victoria, 16 ans, traduite par Inna, professeur de français :
"La nature est belle, il y a beaucoup d'objets et d'aliments que nous n'avons pas en Ukraine. J'ai mangé des huîtres pour la première fois ! Étrange mais délicieux. Les Français sont magnifiques, aimables et hospitaliers. J'ai beaucoup de nouveaux amis. Nous avons visité la ville de Vannes, les marchés, les supermarchés naturellement, parce que nous mangeons beaucoup, et nous aimons manger. Nous avons fait les promenades sur les rives du golfe. Ces activités nous permettent d'oublier un peu la guerre, mais nous avons sur nos téléphones une application spéciale avec le signal pour les alertes aériennes. Nous sommes en France, mais chaque jour, nous entendons les dangers... Nous sommes en France et en même temps en Ukraine."
"Le séjour en France me plaît, je me calme un peu, mais je pense toujours à mes proches qui sont au front"
De nombreuses visites, de nombreuses activités sont programmées tout au long du séjour : un voyage qui tranche avec le quotidien de Konotop, où il a fallu s'habituer à la guerre, comme l'évoquent Tatiana et Anastasia, deux camarades âgées de 15 ans : "quand je me lève tôt, je vais à l'école, je fais des cours et quand les alertes aériennes interrompent nos études, nous descendons dans les caves. Après l'école, je me promène avec mes amis, je lis les livres, et puis je participe au jeu patriotique. Il y a le jeu patriotique en Ukraine, ce jeu nous apprend à défendre la patrie, à étudier les traditions des Cosaques ukrainiens, nous apprend à garder les traditions ukrainiennes... Le séjour en France me plaît, je me calme peu à peu, mais je pense toujours à mes proches qui sont au front, et qui défendent la patrie."
"C'est une histoire qui va s'écrire dans le temps entre Vannes et Konotop"
Le groupe a été accueilli par David Robo, le maire de Vannes, qui souhaite développer un partenariat durable avec ces jeunes, leurs enseignants, leurs familles. "La finalité n'est pas juste d'accueillir des enfants, la finalité est de créer des liens durables avec la ville de Konotop. Là-bas, ils n'ont plus rien, ils n'ont plus de véhicules de transport en commun, ils n'ont plus de matériel pour déblayer les rues... Ils ont fait des tranchées autour de Konotop à la pelle. Je m'inscris dans le temps long avec que Konotop, avec ses enfants et cette jeunesse et voir de quelle manière on va pouvoir créer quand le conflit se sera arrêté, construire des partenariats économiques. Ils ont besoin de tout notre soutien et de notre aide."
Ils doivent apprendre les valeurs européennes
Ce séjour n'a rien d'anecdotique pour Anastasia, coordinatrice ukrainienne du voyage, et responsable administrative des écoles de Konotop. "La participation à plusieurs projets internationaux avec les Européens est très important parce que nos élèves apprennent à comprendre les cultures des pays européens. Ils doivent savoir les principes de l'Union européenne, apprendre les valeurs européennes, comprendre pourquoi leurs parents se battent avec la Russie et pourquoi les Ukrainiens ne veulent pas l'occupation russe mais veulent l'indépendance, et la culture européenne."
Les jeunes reprendront la route de Konotop ce mercredi 18 octobre. Le maire de Vannes, en contact avec le maire de Konotop, souhaite développer des coopérations dans le domaine éducatif, économique, culturel, avec la ville ukrainienne.