Des "commémor'actions", un an après la lutte contre les méga-bassines de Sainte-Soline
Publié : 25 mars 2024 à 9h10 par Dolorès CHARLES
Un après la lutte contre l'installation de méga-bassines à Sainte-Soline (79), des actions sont prévues un peu partout dans l'ouest ce lundi (25 mars) pour s'opposer à ces réserves d'eau géantes. Les militants les voient comme une menace pour l'environnement.
C'était il y a un an, à Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres : les affrontements entre forces de l'ordre et opposants aux méga-bassines faisaient des dizaines de blessés. Un an après, des commémor'actions sont prévues, dans l'Ouest comme partout en France. Avec notamment des "mega boums", ce lundi (25 mars) soir, devant des gendarmeries et des préfectures. Une façon pour les opposants aux méga-bassines de montrer que leur détermination est intacte. C'est l'état d'esprit d'Eliot, un militant morbihannais du collectif des Soulèvements de la Terre.
Un système incompatible avec le réchauffement climatique
Eliot était à Saint-Soline, le 25 mars 2023, et son opposition aux méga-bassines est encore plus grande aujourd'hui. Pour lui, les agriculteurs qui réclament ces retenues d'eau se font bernés par un système agro-industriel prédateur des ressources. Un système incompatible avec le réchauffement climatique : "Si on était resté sur le même climat que celui d'aujourd'hui, cela aurait pu être quelque chose de viable mais avec le changement climatique c'est quelque chose qui n'est absolument plus possible.
Les méga bassines continuent de pomper dans les nappes phréatiques, c'est juste qu'au lieu de pomper en été elles pompent en hiver. Mais il y a des cours d'eau qui ne sont pas réalimentés ; il va y avoir des zones humides qui elles-aussi vont se retrouver asséchées. C'est tous les écosystème qui sont autour des bassines qui sont en danger, voire même l'agriculture.
Il y a d'autres techniques qui permettent de mieux garder l'eau dans ces sols... comme la remise en place de bocage, remettre des haies, etc. Mais ce sont des techniques qui ne sont pas compatibles avec l'agriculture intensive, qui utilisent de très grandes parcelles."
"On doit aller vers une agriculture plus paysanne"
Il y a quelques jours, le président de la FNSEA demandait l'accélération, la facilitation des projets de stockage de l'eau, au nom de la souveraineté alimentaire de la France. Un argument qui fait bondir Eliot interrogé par Yann Launay.
"Quelle est la souveraineté alimentaire quand on a du phosphore qui vient du Maroc ? Quand pour produire nos engrais azotés, on est obligé d'utiliser des quantités astronomiques de gaz et de pétrole, qui encore une fois ne viennent pas de France ? Où est la souveraineté alimentaire quand on est obligé d'importer des céréales pour nourrir nos animaux en France, de pays tels que le Brésil ou l'Argentine ? On doit vraiment aller vers une agriculture plus paysanne avec beaucoup plus de main d'œuvre... mais il va falloir qu'on soit en capacité de récupérer le foncier, accaparé par des firmes et par des fermes immenses dont les propriétaires ne méritent même pas le nom d'agriculteurs."
On sent que les choses sont de plus en plus compliquées et qu'il va falloir que la lutte évolue
Les "méga boums" de ce lundi soir visent à dénoncer une nouvelle fois les violences policières de Saint-Soline. Si Eliot ne nie pas l'existence de militants prêts à en découdre, il est marqué par la volonté de répression du mouvement écologiste affichée par le gouvernement, et par la volonté de criminaliser un collectif qui n'a jamais appelé à s'en prendre aux personnes. "On a bien vu sur la manifestation en novembre sur l'A 69 - on a eu pratiquement aucun accrochage avec la police. Il y a beaucoup de questions qui se posent quant à l'avenir de la lutte, parce que le but reste toujours d'être efficace parce que les sujets sont beaucoup trop graves, pour qu'on puisse se permettre d'être totalement ignorés sur ces questions..."
Dans un rapport, la Ligue des Droits de l'Homme avait dénoncé un usage disproportionné des armes par les forces de l'ordre, lors de la manifestation de Sainte-Soline. C'est le parquet à compétence militaire de Rennes qui est chargé de l'enquête.
Des "méga boums" sont organisées ce lundi soir à Vannes, devant la préfecture, à 18h. A Quimperlé, à 18h aussi, place de la Résistance. A Nantes, à 19h, devant la préfecture. A Redon, place de Bretagne, à 19h30.
Une nouvelle mobilisation des anti-bassines est prévue fin juillet, dans le Poitou, à quelques jours du début des Jeux olympiques.