Des chauffeurs de car sans permis, en Pays de la Loire
Publié : 17 octobre 2023 à 17h56 - Modifié : 17 octobre 2023 à 18h09 par Dolorès CHARLES
Il y a quelques chose d'ubuesque dans cette situation : des personnes sans emploi passent une formation pour devenir conducteur de véhicules de transports en commun, et Dieu sait s'il en manque... mais elles attendent d'avoir le feu vert, ou plutôt le fameux permis délivré via l'ANTS, en Pays de la Loire. Un cas loin d'être isolé à notre seule région.
Des permis de conduire tardent à arriver en région Pays de la Loire, et ailleurs en France. Des dizaines de chauffeurs de car (40) sont dans l’attente d’obtenir le droit de prendre le volant. La faute à qui ? A l’ANTS ou l’Agence Nationale des Titres Sécurisés, qui peine à fournir le fameux permis D, pour conduire des véhicules affectés aux transports en commun. L’attente est de deux mois en moyenne minimum, et peut atteindre 9 mois, et ce délai pénalise fortement les compagnies de transports, déjà en pénurie de main-d'œuvre.
Un document provisoire
La proposition d’un document temporaire a été soumise au Ministère des transports, en vain, comme l’explique Pascal Fontaine, président de la Fédération régionale des Transports de Voyageurs (FNTV) en Pays de la Loire, avec Nicolas Guinaudeau. Aussi, les entreprises sont obligées de naviguer à vue. "L'Etat ne donne pas de calendrier. Si on savait à quelle période ils pouvaient récupérer ce sacré permis, on pourrait s'organiser, sauf que là on n'a aucune information, et le plus dramatique, c'est que ces personnes qui ne sont pas embauchées sont obligées de se réinscrire à Pôle emploi, sinon elles n'ont pas de revenus alors que nous, on a des postes pour elles...
On demande à c'est que les délais soient réduits pour la délivrance du permis. On souhaite absolument un interlocuteur privilégié par rapport à cette plateforme (ANTS) et qu'on ait un document provisoire le temps qu'ils récupèrent leur permis, de manière à les faire travailler."
Pas de chauffeur, pas de ligne scolaire
Il manque plus de 300 chauffeurs de cars dans la seule région ligérienne et ces délais, qui sont aujourd’hui trois fois plus longs, empêchent parfois certaines lignes scolaires d’être assurées.
Pourtant le problème n’est pas nouveau pour Pascal Fontaine, interrogé par Nicolas Guinaudeau. "Sur les Pays de Loire, on a recensé dernièrement ces cas de figure, et il y aurait 40 personnes concernées. C'est un problème qui dure depuis plusieurs années puisque maintenant les permis de conduire sont délivrés par une plateforme numérique, avant c'était dans les préfectures et maintenant c'est sur une plateforme ! On a des demandeurs d'emploi qui passent cette formation de"Transports en commun" pendant trois mois et, avant on nous disait qu'il y avait un délai de trois semaines, un mois avant qu'ils ne récupèrent le permis et il s'avère qu'aujourd'hui que les délais sont augmentés. On est incapable de leur dire si on peut les embaucher ou pas !"
Humainement, ce n'est pas simple
Pour certains néo-conducteurs en reconversion, l’absence de permis les oblige à revenir au chômage ou au RSA, pour toucher des indemnités. "On a des entreprises pour lesquelles les services scolaires ne sont pas faits par manque de conducteurs, alors qu'en théorie on a des effectifs ! Toutes les semaines, on a des rendez vous et des réunions avec le ministère, cela a été demandé et pour l'instant, on a une fin de non-recevoir et on ne sait pas pourquoi.... On a beaucoup de gens qui passent le permis transports en commun qui ont vraiment bossé parce que ce n'est pas facile d'avoir ce permis ... et au bout du compte, ils ne peuvent pas travailler. Il faut se mettre à leur place, c'est compliqué pour eux humainement."
Sollicitée par Ouest-France, l’ANTS se défend et assure que les délais médians d’instruction restent maîtrisés au niveau national à 8 jours. Cependant, dans certains départements, les délais peuvent en effet être ponctuellement dépassés, et c’est le cas chez nous dans l'ouest.