Relocalisation. Des bols Bretons 100% fabriqués désormais dans le Finistère
Publié : 19 octobre 2023 à 15h25 - Modifié : 19 octobre 2023 à 15h26 par Gilles Jourdain
La société des" Céramiques de Cornouaille" a décidé il y a trois ans environ, de relocaliser la fabrication des célèbres bols bretons, sur lesquels sont écrits les fameux prénoms. La nouvelle usine va ouvrir le mois prochain, en novembre sur la zone de Troyalac'h, près de Quimper.
Avec leurs deux oreilles et leur myriade de prénoms, les bols bretons figurent en bonne place dans les magasins de souvenirs de la région et il est fort probable que vous en ayez au moins un chez vous. Deuxième acteur du marché, derrière la Faïencerie de Pornic (44), avec 350 000 bols produits par an, les "Céramiques de Cornouaille" basées à Quimper sont en passe de vivre une petite révolution. Fondée en 1998 par Xavier Dutertre et son épouse, l'entreprise jusqu'ici sous-traitait la fabrication des bols à l'étranger ; Pologne, Chine et plus récemment Portugal, avant de réaliser la décoration dans ses ateliers de Quimper. Le projet aujourd'hui est de relocaliser cette fabrication en Bretagne.
"On a la chance qu'on parle de relocalisation de bols, ça fait toujours tilt dans la tête des gens"
La réalisation du projet passe par la création d'une société "Les Faïenceries de Cornouaille" avec une nouvelle usine installée sur la zone de Troyalac'h à Saint-Evarzec. Les explications de Xavier Dutertre : "on part d'un petit atelier de décoration à une usine atelier. Je préfère encore garder le mot "atelier" même si le bâtiment est dans une zone industrielle, la plus grosse zone de la région. Nous avons un bâtiment de 2000 m2 avec énormément de travaux et d'artisans locaux. On a la chance qu'on parle de relocalisation de bols, ça fait toujours tilt dans la tête des gens. On est plutôt aidés, donc c'est plutôt une démarche très positive des artisans... On a acheté le bâtiment en décembre 2022 et on en arrive à fin 2023 et l'usine devrait démarrer au mois de novembre. Il a fallu quasiment onze mois."
"Il y a à la fois beaucoup de technologie et de l'intelligence..."
"Avant on recevait un bois déjà façonné et on le décorait, explique Xavier Dutertre. Demain, on va repartir de l'argile, on reçoit des boudins de terre - c'est l'expression - des pains d'argile d'à peu près dix kilos. On reçoit de l'émail et du plâtre en poudre, et avec ce plâtre on va faire les moules qui vont permettre de façonner l'argile. On obtiendra le bol et avec l'émail on va émailler le bol, et c'est ce qu'on recevait à ce jour... On est amenés à faire 400 000 pièces par an, ce n'est plus de l'artisanat au sens stricto sensu, même si la main sera toujours présente : l'émaillage est fait à la main, les contrôles sont faits à la main, les moules en plâtre sont faits par l'homme, etc. Il y a à la fois beaucoup de technologie et de l'intelligence de la tête et de la main."
Le projet est né après le Covid-19, lorsque les banques étaient réceptives et très à l'écoute des projets de relocalisation. "Au total, il aura fallu trois ans entre le moment où on a dit "go" et on y va. Il y a eu un an et demi d'étude, il s'est repassé un an pour boucler complètement le financement" et cette semaine, la plus importante machine est arrivée - la machine qui va façonner le bol breton.
"La grosse tendance actuelle c'est de changer l'orthographe des prénoms"
Le prénom est un élément important du bol et nous avons demandé à Xavier Dutertre, quelles étaient les tendances du moment : "la grosse tendance c'est de changer l'orthographe des prénoms. Vous prenez un prénom classique, mais vous allez déplacer ou ajouter un H, vous allez mettre deux L. Il faut qu'on soit très vigilants à ça et on commence à avoir des messages : "Veux tu m'épouser ?" - "Je t'aime", des messages d'anniversaires, des événements particuliers... On utilise le bol pour faire passer un message ! J'avais vu passer sur Facebook le bol le plus cher du monde, il avait été mis au nom de M'Bappé !! Et puis on a nos heures de gloire quand nos bols sont utilisés pour des séries TV comme "Fais pas ci, fais pas ça!"
Les premiers exemplaires devraient sortir d'ici la fin de ce mois d'octobre en prototypes. L'investissement est d'environ 2 millions d'euros, et le prix du bol devrait légèrement augmenter pour dépasser les 10 euros l'unité, mais il restera inférieur à 11 euros, les dirigeants veulent que "le bol reste un produit populaire". Des embauches sont également prévues.