Depuis Nantes, la 2x2 n’ira finalement pas jusqu’à Pornic
Publié : 17 juillet 2022 à 18h49 par Emilie PLANTARD
Le département de Loire-Atlantique avait prévu de réaménager la D751 entre Nantes et Pornic, un axe particulièrement fréquenté et accidentogène. Après une concertation de 2 ans, la décision a été prise de ne pas doubler la seconde partie de cette route côté Pornic, pour éviter une artificialisation des sols.
La route de la plage ne sera finalement pas plus rapide pour les nantais. Après 2 ans de concertation, le département de Loire-Atlantique a fait le choix de ne pas élargir la totalité des 40KM de l’axe Nantes-Pornic, mettant en avant des arguments environnementaux de plus en plus prégnants. C’est une décision forte mais cohérente, après s’être engagé à lutter contre l’artificialisation des sols. "L’idée ça a été de constater que nous avions, en Loire-Atlantique, artificialisé 2 fois plus de terre dans les 70 dernières années que dans toute l’histoire de l’humanité, explique Freddy Hervochon, vice-président du conseil départemental de Loire-Atlantique en charge des mobilités. Il faut se rendre compte de ce phénomène qui nous fait dire que si nous continuons comme ça, compte tenu de l’attractivité de notre département, en 2050 c’est l’équivalent de la Brière, du Gâvre et du lac de Grandlieu qu’on détruit.
Une des décisions concerne le maintien de la portion Port-Saint-Père jusqu’au « Pont Béranger » sur le même axe plutôt que le dévier pour passer en 2x2 voies. Cela permet d’impacter 2 fois moins de zones humides.
Priorité à l'environnement
C’est en 2020 que le département a fait le choix de lancer une grande concertation. Cette route devenait un point noir, avec une circulation de plus en plus importante et des accidents fréquents. Un temps évoqué, le passage en 2x2 voies des 40km de la départementale n’est finalement pas l’option qui a fait consensus. La deuxième phase de concertation, portant sur l’aménagement de 2 portions entre Port-Saint-Père et Pornic et réalisée en 2022, a clairement révélé la conscience écologique des participants, qu’ils soient riverains, usagers ou élus. Freddy Hervochon précise qu'"elle était déjà là en 2020 mais elle s’est confortée et consolidée. Sur le bilan de la concertation, 2 réunions publiques, des ateliers thématiques, 8 permanences et l’enjeu principal qui est ressorti systématiquement c’est l’environnement, l’enjeu climatique et le zéro artificialisation nette. Alors que nous étions la seule institution à adopter ce « zéro artificialisation nette » en 2019, ça se diffuse."
Un projet raisonnable
L’objectif est de désengorger cet axe, en particulier aux abords de Nantes. Le début de la départementale est déjà en 2x2 voies, l’objectif est de poursuivre cet élargissement, autant que nécessaire. Pas plus. "Il y a des travaux qui sont en cours, en sortie de la métropole, c’est encore 11km de mise en 2x2 voies qui va courir jusqu’en 2030. Donc il n’y a pas rien qui se fait, ensuite nous ne sommes plus sur les mêmes flux. En général, les flux venant de Pornic vers la métropole, ils se concentrent lorsqu’on arrive au niveau de la métropole. Un peu plus vers le pays de Retz, il y a une dilution du trafic" détaille le vice-président du conseil départemental de Loire-Atlantique, en charge des mobilités.
D'indispensables travaux de sécurisation
Au-delà de ses bouchons, cette route entre Nantes et Pornic est également tristement connue pour les accidents mortels qui s’y sont produits, notamment en 2018 et 2019. Un collectif de riverains et d’élus étaient montés au créneau pour réclamer l’accélération du passage en 2x2 voies de la totalité de la route. Aujourd’hui, la priorité est donnée à l’aspect environnemental, sans pour autant négliger le côté sécuritaire. "Je ne pense pas que l’écologie doit passer avant la sécurité, par exemple même si nous ne doublons pas la déviation de Chaume-en-Retz, il va y avoir des fermetures de carrefours dangereux qui ont été identifiés. Il y a des tas de travaux de sécurisation qui vont être menés en parallèle pour continuer à sécuriser cette voie. Cela va de fait contribuer à diminuer les accidents et nous ne reviendrons pas sur les 80 km/h."
Cette décision va également permettre de moins dépenser. La prolongation de la 2x2 à Port-Saint-Père est évaluée à 70 millions d’euros. Elargir la totalité de la route aurait coûté près de 150 millions d’euros.