Dégâts. La tempête Ciaràn a fortement endommagé les serres d'agriculteurs bretons

Publié : 9 novembre 2023 à 12h27 - Modifié : 9 novembre 2023 à 12h29 par Dolorès CHARLES

Les dégâts dans les serres de Julien Thepaut -Pleubian (22)
Les dégâts dans les serres de Julien Thepaut -Pleubian (22)
Crédit : Yann Launay

Le courant, la téléphonie, les rails ferroviaires... Les impacts de la tempête Ciaràn, suivie de Domingos, sont encore bien réels en Bretagne. L'agriculture n'a évidemment pas été épargnée et les dégâts sont conséquents. Reportage dans les Côtes-d'Armor avec Yann Launay.

Une semaine après le passage de la tempête Ciaràn en Bretagne, les dégâts sont encore en train d'être listés. Dans le secteur agricole c'est la désolation. Certaines productions sont ou seront impactées et les agriculteurs attendent le soutien de l'Etat, et pas seulement dans les discours. Ils attendent une reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle pour tous les secteurs touchés par la tempête.

Chez Corentin, la tempête à déchiqueté les bâches d'une partie de ses serres

Les producteurs de fruits, légumes ou fleurs sous serre ont été particulièrement touchés. Corentin Achille produit des légumes bio à Pleubian, dans les Côtes d'Armor : la tempête à déchiqueté les bâches d'une partie des serres de son exploitation. Corentin se désole devant la mâche et les épinards désormais à ciel ouvert : "pour mes cultures, il y a une partie qui est détruite parce que les bâches sont parties, et une partie qui sera peut-être détruite parce que s'il fait froid, je ne peux plus gérer mon climat dans ma serre...

Dernier problème, c'est que je dois implanter des cultures, mais je ne peux pas parce que je ne peux plus aller sur le terrain où il y a plus de bâches et là, c'est rempli d'eau et elles seront au froid aussi, donc il n'y a pas d'intérêt. Il y a du matériel à commander et à recevoir, trouver des créneaux de beau temps pour remettre des bâches. Cela va être assez long. Pour l'instant, nous  faisons les travaux parce que notre objectif est de produire au plus vite, mais on espère avoir quelque chose de l'État et ou en tout cas d'être déclaré en catastrophe et avoir un soutien au niveau des assurances également."

Corentin
Crédit : Yann Launay

"Je ne peux plus alimenter les plants en eau, les tomates vont être ramollies et invendables"

A Pleubian, sous la vaste serre de Kevin Thépaut, des morceaux de verre jonchent les allées et les rangs de tomates. Des dizaines de carreaux de la serre ont été brisés par la tempête, alors que la récolte n’était pas terminée : "les tomates sont impropres à la consommation, ça va être détruit. Potentiellement, il peut avoir un micro bout de verre à l'intérieur. Je ne peux plus alimenter les plants en eau, donc les tomates vont être ramollies et invendables... On va dans un premier temps ramasser à la main, gros et petits morceaux car sinon tout ça va rester dans les prochaines cultures. J'ai commencé à contacter mon fournisseur qui va réaliser le changement des carreaux mais beaucoup de serres en verre sont touchées, en espérant que les interventions se fassent rapidement mais ce n'est pas garanti."

Tempête Ciaran - dégâts à Pleubian (22)
Tempête Ciaran - dégâts à Pleubian (22)
Crédit : Yann Launay
Kevin Thépaut
Crédit : Yann Launay

L'aspect commercial des dégâts ne sera visible qu'en 2024

Il faut maintenant réparer les serres le plus rapidement possible, pour ne pas annuler de plantations, et ne pas aggraver l'aspect commercial des dégâts, qui lui ne sera visible qu'en 2024, comme l'explique Dominique Picard, président de la section "production sous abri" du groupement Prince de Bretagne. "Une partie conséquente des tomates produites sur l'année 2024 est déjà contractualisée auprès de GMS - de Grandes et Moyennes Surfaces. Le client final a déjà un volume à un prix. Si on n'arrive pas à fournir, est ce qu'on risque de perdre des places, d'être déréférencé chez certaines GMS ? C'est le deuxième effet Kiss-Cool. On n'y pense pas forcément quand on voit les bâches s'envoler, cela viendra l'année prochaine et c'est pour ça qu'il faut absolument conserver nos calendriers de production pour être présent, parce que d'autres régions ou pays le seront."

Dominique Picard, du groupement Prince de Bretagne
Crédit : Yann Launay

La reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle

Les dégâts causés par le vent sont censés être couverts par les assurances, mais pour Gilbert Brouder, président de la coopérative "Les Maraîchers d'Armor", la reconnaissance de l'état de catastrophe naturelle reste indispensable : "on a le sentiment que si on n'est pas en catastrophe naturelle, on va laisser du monde derrière nous (...) Si l'État ne prend pas cette mesure pour répondre à cette diversité, on va laisser des producteurs sur le côté qui ne pourront pas repartir, alors qu'on importe 50 % des fruits et légumes."

Emmanuel Macron a promis de "décréter l'état de catastrophe naturelle partout où l'on pourra le faire", mais les critères n'ont pas été précisés par les services de l'Etat. Le comité catastrophe naturelle doit se tenir le 14 novembre, et un décret suivra.