Les Défis de la Bretagne : réduire les consommations d'énergie et augmenter la production d'électricité sur le territoire
Publié : 29 novembre 2023 à 10h02 - Modifié : 29 novembre 2023 à 10h08 par Dolorès CHARLES
A l'entrée de l'hiver, un point sur les énergies était fait hier (mardi 28 novembre) à Rennes lors d'une conférence bretonne de la transition énergétique, à laquelle participaient le président et le préfet de Région. Plusieurs constats : légère baisse de la consommation d’énergie depuis 2012 ; baisse de 10% des émissions de gaz à effet de serre depuis 2010 et déploiement des installations de production d’énergies renouvelables.
De Rennes à Nantes, on a beaucoup parlé d’énergie hier dans l’ouest. A Nantes d'abord, avec Emmanuel Macron, depuis les Assises de l'économie de la mer, qui a confirmé pour 2025 un appel d’offres massif pour l’éolien en mer, 50 parcs déployés d’ici 2050, et puis à Rennes avec la conférence de la Transition énergétique. Atteindre la neutralité carbone en 2050, réduire les consommations d'énergie et augmenter la production d'électricité sur le territoire breton : trois objectifs que se donnent l'Etat et de la Région Bretagne.
La sobriété énergétique n'est pas encore au rendez-vous
Les acteurs réunis ont dressé ce premier constat : la consommation d'énergie ne diminue pas assez vite, en Bretagne : avec 2% de baisse entre 2012 et 2021, on est loin des objectifs qui étaient fixés. Voyons les principales difficultés avec le Préfet de région, Philippe Gustin, au micro de Yann Launay. "Le plus consommateur sur un territoire comme la Bretagne, c'est tout ce qui est résidentiel, l'habitation des gens, mais aussi les éléments de bureau et la mobilité avec les transports. Il y a un vrai chantier sur la sobriété énergétique des bâtiments, c'est l'ensemble des dispositions mises en œuvre par l'Etat sur la prime Rénov'. Nous avons à peu près 80 % des Bretons qui sont propriétaires de leur appartement ou de leur maison, et souvent de passoires thermiques et c'est ce chantier qu'il faut engager. Le rapport Pisani-Ferry dit que la sobriété en tant que telle permet de réduire de 15 % les émissions de gaz à effet de serre !"
Pour le président de Région, Loïg Chesnais-Girard, ce chiffre modeste reflète les difficultés, mais il ne doit pas masquer les efforts réalisés. "Il faut continuer à faire des efforts, mais je note que si la consommation d'énergie en Bretagne baisse de 2 % depuis une dizaine d'années, elle baisse de plus de 7 % par habitant, parce que nous gagnons en même temps des habitants chaque année."
Alors que la consommation totale d'énergie des Bretons n'a que peu diminué, la part d'énergie produite en Bretagne, elle, a nettement augmenté, entre 2005 et 2021, passant de 4 à 19% de l'énergie consommée dans la région.
Cette énergie (éolienne) n'impacte pas le climat comme le pétrole !
Pour Loïg Chesnais-Girard, c'est un bon début, mais ce ne doit être qu'un début : "nous avons bon espoir d'atteindre les 20 - 25 voire 30 % dans les cinq à six années de production d'énergie. Il y a des efforts encore considérables qu'il faut mener avec des débats, des concertations, etc. Quand on pose des éoliennes sur terre ou en mer, cela nécessite de longs débats ... comme lorsque nous développons des méthaniseurs. Mais cette énergie n'impacte pas le climat comme le pétrole : quand on utilise du gaz et du pétrole, non seulement on impacte le climat de manière négative, mais en plus nous avons une dépendance vis à vis de certains pays, qui ne sont pas forcément nos amis."
Quid des panneaux photovoltaïques ?
La production d'énergie renouvelable progresse nettement, en Bretagne, portée principalement par l'utilisation du bois et la multiplication des éoliennes, à terre et en mer. Le solaire lui a du mal à décoller, ne dépassant pas 2% de la production totale bretonne. Les panneaux photovoltaïques, même sur de vastes surfaces, semblent pourtant facilement acceptés, alors pourquoi ne mise-t-on pas davantage sur cette technologie ? "Nous avons une certaine rentabilité sur le photovoltaïque, y compris en Bretagne, parce que les prix ont baissé", explique Loïg Chesnais-Girard.
Il y a "l'enjeu d'être capable d'investir, la région Bretagne est en train d'investir, nous y mettons 40 millions d'euros et c'est autant qu'un lycée neuf. Cela coûte cher cette transition écologique, et puis il y a un deuxième enjeu, il faut que l'Europe développe ses propres panneaux et qu'on soit capable de les recycler. Si la transition écologique ne bénéficie qu'à des usines en Chine, nos concitoyens n'auront pas l'impression de participer positivement à cette transition."
Il faut "amplifier (les efforts) sans être dans une démarche punitive"
Le préfet de région Philippe Gustin ne le cache pas : des efforts plus grands seront demandés aux Bretons dans les années qui viennent pour accélérer cette transition, comme par exemple une meilleure acceptation des impacts visuels des énergies renouvelables.
"Je crois que les crises que nous avons traversées ces dernières années, que ce soit le fait de devoir être moins dépendant des énergies fossiles pour des raisons internationales (conflit entre la Russie et l'Ukraine) fait que nos concitoyens comprennent aussi, si on ajoute les crises climatiques que l'on traverse, qu'il faut amplifier (nos efforts) sans être dans une démarche punitive. Il faut une vraie adhésion, et c'est tout ce travail de concertation que nous allons mener avec les associations, via des conférences, dont celle de la Conférence sur la transition énergétique."
Un Comité régional de l'énergie a été officiellement installé ce mardi 28 novembre à Rennes (35). Composé de 45 membres, il a vocation à guider, par exemple, l'implantation des énergies renouvelables sur tel ou tel territoire. Pour atteindre la neutralité carbone en 2050, une feuille de route sera établie dans les mois qui viennent, et présentée en juin prochain.