Crise : Les entreprises engagées s’en sortent bien

Publié : 20 décembre 2021 à 15h02 - Modifié : 21 décembre 2021 à 10h45 par Emilie PLANTARD

La start-up nantaise N'Go Shoes est une entreprise engagée
Crédit : N'Go Shoes

Suite à la crise Covid, France Active Pays-de-la-Loire, organisme de financement pour les entreprises engagées au service de l’emploi et du développement économique solidaire, a lancé une enquête auprès de 170 entreprises de son portefeuille. Le résultat est encourageant, toutes ont plutôt bien résisté.

L’annonce du 1er confinement est tombée brutalement en mars 2020 et les entreprises ont dû y faire face rapidement, plus ou moins bien selon les décisions qui ont été prises. Aujourd’hui, c’est l’heure du bilan et l’enquête qu’a engagé l’organisme de financement France Active Pays-de-la-Loire est plutôt rassurante. Dans cette enquête, 170 entreprises sociales et solidaires (comme l’exige FAPDL) ont été interrogées sur les thèmes relatifs à l’emploi, au territoire, à l’environnement, au projet social et à la gouvernance de l’entreprise. Les conclusions révèlent que les sociétés ont fait preuve de résilience, et ont même parfois réussi à se développer. Grégoire Delrue est directeur de France Active PDL, il est plutôt rassuré de ce constat :

"On ne cherchait pas à démontrer que tel ou tel statut d’entreprise était plus favorable que d’autres, on cherchait à vérifier que, quel que soit le statut, quel que soit le secteur d’activité, le territoire, urbain ou rural, les entrepreneurs qui avaient résilié plus vite que les autres avaient résilié pour quelles raisons. Et la raison essentielle, s’il faut faire simple, c’est le management, associé aux valeurs de l’entreprise, qui a réussi à embarquer les entreprises, à les laisser dans les activités de l’entreprise, à être capable de capter des marchés sur le court terme, redéployer l’entreprise, pivoter pour un certain nombre d’entre elles, et maintenir une activité économique."

Grégoire Delrue, directeur de France Active Pays-de-la-Loire
Crédit : Emilie Plantard

Une crise à traverser

C’est le cas de la société N’go Shoes qui propose des chaussures équitables et solidaires, fabriquées avec du tissu vietnamien (dont Sylvain vous a parlé dans sa minute +). La jeune entreprise était en pleine croissance lorsque la crise a démarré, les gérants ont pourtant fait le pari de continuer à produire malgré la fermeture de leurs revendeurs, quitte à faire du stock. Kévin Gougeon est co-fondateur de N’Shoes.

"On a gardé le cap en terme de production pour soutenir nos fournisseurs, pour anticiper un autre problème qui arrive finalement aujourd’hui qui est l’arrêt de la production avec l’arrêt de nos fournisseurs au Vietnam. Donc garder ce cap de la production quitte à stocker, garder le cap de nos recrutements, parce que c’était sur ça qu’allait se baser le développement de l’entreprise, on vit grâce et à travers nos salariés, et garder le cap de nos partenariats avec nos revendeurs, malgré nos difficultés de paiement, leur accorder des échéanciers de paiement, et être là pour eux pour traverser cette crise et renforcer nos relations."

Kévin Gougeon, co-fondateur de N’Shoes
Crédit : Emilie Plantard

Des choix parfois difficiles

Un choix payant puisqu’aujourd’hui l’entreprise subit les fermetures de ses fournisseurs vietnamiens. Pas de pénurie donc, grâce aux stocks réalisés en 2020 et surtout une ouverture sur l’export, amorcée pendant la crise grâce aux aides de l’Etat. Car les gérants n’ont pas arrêté de croire en leur modèle et leur capacité de croissance, malgré le contexte.

"Dans toutes les décisions qu’on prend, on ne peut jamais être sûr que c’est la bonne décision. On la prend parce qu’on avait ce feeling-là avec Ronan, parce qu’on a envie d’avancer, parce que c’est comme ça qu’on voit notre entreprise, de faire bouger les choses sur le secteur de la mode, sur l’éco-responsabilité, sur le côté équitable. Nous on a envie de faire bouger les choses et on n’avait pas envie de s’arrêter. Ça aurait pu nous porter préjudice… Je suis sportif et dans le sport je vois la même chose. Etre attaquant et au pire, on n’aura pas de regrets. Et aujourd’hui l’entreprise a pu continuer à se développer, et à continuer à recruter et ça c’est une très bonne chose."

Kévin Gougeon est co-fondateur de N’Shoes
Crédit : Emilie Plantard

Une volonté de continuer l'engagement

Au cours de cette étude, on apprend qu’aucune des entreprises n’a renoncé à ses engagements, que des projets ont même été validés par la crise. En 2020, 50% d’entre elles ont stoppé leur activité moins d’1 semaine, 83% ont mis en place des innovations et 90% d’entre elles affirment avoir bien résisté à la première vague de la crise. Des conclusions rassurantes, même si les aides de l’Etat continuent de peser dans santé financière de certaines. Grégoire Delrue, directeur de France Active PDL :

"Il y a des entreprises, qui peut-être d’ici 6 mois ou 1 an, vont être plus en difficulté que ce qu’elles sont aujourd’hui. Le taux d’activité des tribunaux de commerce est en chute libre, donc ça ne veut pas forcément dire que les entreprises vont mieux, ça veut dire qu’un certain nombre d’entre elles sont sous perfusion, et que quand il va falloir rembourser, en particulier les PGE ou même nos prêts pour France Active, on va rencontrer un taux de chute qui va se redéployer, c’est possible. C’est compliqué à estimer. Même si on fait des analyses sur les entreprises qu’on finance, on n’a pas de dégradations aujourd’hui du risque, donc on va être optimiste."

Retrouvez toutes les données de cette étude de France Active Pays de la Loire :

www.paperturn-view.com/?pid=MTk190669

Grégoire Delrue, directeur de France Active PDL
Crédit : Emilie Plantard