Crise du logement en Bretagne : "il faut taxer les résidences secondaires"

Publié : 8 septembre 2022 à 12h14 - Modifié : 8 septembre 2022 à 12h23 par Dolorès CHARLES

Panneau "VENDU"
Crédit : Yann Launay

Si vous souhaitez acheter un logement dans l'ouest, et en particulier en Bretagne, le parcours s'annonce compliqué. Premiers écueils, l'offre et le prix. Un collectif régionaliste appelle à manifester ce samedi (10 septembre) à Vannes (56), pour demander entre autres un statut de résident et la taxation des résidences secondaires et locations touristiques.

Un logement pour tous : c'est ce que réclame le collectif qui appelle à manifester, ce samedi 10 septembre, à Vannes dans le Morbihan. Un rassemblement à l'échelle de la Bretagne historique, pour demander à l'Etat et aux collectivités d'agir pour juguler la crise du logement. Le collectif "Un Ti Da Bep Hini" dénonce notamment la proportion de plus en plus grande de locations touristiques et de résidences secondaires dans les villes et sur la bande littorale.

Une zone "tendue"

Le collectif demande la mise en place de toute une série de mesures, à commencer par le placement de toute la Bretagne en "zone tendue", comme l'expliquent Brendan et Tim, militants régionalistes et membres du collectif, à Yann Launay  :

"Ce statut de "zone tendue" permet aux communes de réguler la taxation sur les résidences secondaires, les montants des loyers ou bien encore la location touristique et la fréquence de la location touristique de type Airbnb... Pour bénéficier du statut de résident, il faut habiter au sens géographique du terme, donc consommer, travailler et avoir vécu sur le territoire pour pouvoir acheter une propriété. Cela éviterait que des personnes qui ne sont pas du coin, parfois de Paris, achètent des résidences secondaires pour y aller une semaine par an, ou pour faire de la spéculation immobilière (...) En attendant, il y a des gens qui ne trouvent pas de logement, ce n'est pas correct ! Ce statut permettrait de faire baisser la demande et les prix à l'achat, et cela se répercuterait sur le marché de la location forcément."

Brendan et Tim, militants régionalistes et membres du collectif
Crédit : Yann Launay

Ce n'est pas une préférence régionale

Le rassemblement du week-end est organisé pour demander à nouveau l'instauration d'un statut de résident, pour réserver l'achat d'un logement aux habitants qui vivent et travaillent en Bretagne depuis au moins un an. Pour Brendan et Tim, membres du collectif, ce statut n'a rien d'une mesure de "préférence régionale" destinée à empêcher de nouveaux arrivants de s'installer en Bretagne : "le statut de résident n'entrave pas la mobilité. Il n'empêche personne qui ne serait pas breton d'aller habiter en Bretagne à partir du moment où il vit sur le territoire. Il est légitime à partir du moment où il y habite régulièrement. Il y travaille, il y consomme et fait marcher l'économie locale. On n'empêche pas les gens de venir en Bretagne ! On empêche aux gens qui ne viennent jamais d'acheter des logements pour les garder pour eux, alors qu'ils n'y habitent pas !"

Brendan et Tim, militants régionalistes et membres du collectif
Crédit : Yann Launay

Pas de territoire en vacances

Selon Brendan, vouloir faire reposer l'économie locale sur les vacanciers est illusoire et néfaste pour les territoires : "ils nous expliquent qu'il y a des retombées économiques du tourisme mais je ne crois pas à cette théorie, le plus important c'est que les gens n'aient pas un emploi précaire. Pendant longtemps, ils nous ont dit que cela faisait du travail saisonnier, mais aujourd'hui les saisonniers ne font même pas ces boulots car ils ne trouvent pas de logement et ça leur coûte trop cher avec le transport tous les jours et comme ils sont mal payés, ce n'est plus rentable. Le système est à bout de souffle."

Brendan, membre du collectif et militant UDB
Crédit : Yann Launay

Des difficultés accrues pour les jeunes

Cette manifestation intervient alors que la recherche d'un logement en Bretagne gagne en complexité, devant l'augmentation des prix de vente comme des loyers. Tout particulièrement pour les étudiants et les jeunes actifs. Certains d'entre vous vont peut-être se reconnaître dans le témoignage de Thomas, originaire du Finistère, et qui a trouvé du travail dans le Morbihan, près du littoral. Il a d'abord occupé un premier logement qu'il a dû quitter en avril dernier, pour laisser la place aux vacanciers. Il a dû s'installer chez des amis pendant plusieurs mois, le temps de trouver une location à l'année :

"Je ne pensais pas qu'ici ce serait aussi difficile que ça... Dès qu'il y avait un logement à louer qui arrivait sur le marché, je postulais directement, j'envoyais un message, j'avais tout mon dossier, et au final il y avait soit des refus, soit c'était trop tard, il fallait envoyer dans les quelques minutes après la mise en ligne de l'annonce. Heureusement que mon contrat est passé en CDI, parce qu'en CDD ce n'était pas possible. J'ai trouvé un logement, mais ça reste très cher : 500 euros pour un studio, dans une ville dortoir. Je suis content d'avoir trouvé un logement quand même."

Thomas, originaire du Finistère
Crédit : Yann Launay

Le rassemblement est prévu ce samedi (10 septembre) à partir de 14h sur le port de Vannes. D'autres manifestations sont prévues ce week-ens à Lannion (22) ou à Douarnenez (29). Partis politiques et associations veulent également interpeller les élus sur ce sujet.