Côtes-d'Armor. Trois ministres pour inaugurer la nouvelle réserve des Sept-Iles
Publié : 25 août 2023 à 22h29 par Dolorès CHARLES
Sa superficie vient d'être multipliée par 70 : la nouvelle réserve naturelle des Sept-Iles a été inaugurée ce vendredi 25 août. La réserve nationale passe de 280 hectares à plus de 19 000 dans les Côtes-d'Armor. Elle est désormais la deuxième plus grande réserve maritime de métropole. Pour l’occasion, trois ministres avaient fait le déplacement : l’angevin Christophe Béchu, le costarmoricain Hervé Berville et la nantaise Sarah El Haïry.
La nouvelle réserve naturelle des Sept-Iles a été inaugurée aujourd'hui. La réserve nationale passe de 280 hectares à plus de 19 000. Elle recouvre quelques îlots et une vaste zone marine au large des Côtes d'Armor. Cette réserve avait été créée il y a 111 ans, à l'origine pour protéger les oiseaux marins qui venaient s'y reproduire, et c'est d'ailleurs la LPO, la Ligue de Protection des Oiseaux, qui gère la réserve pour le compte de l'Etat.
"C'est une véritable mission, un devoir de léguer ce patrimoine"
L'extension décidée par l'Etat vise à mieux prendre en compte l'interdépendance de toutes les espèces, et la richesse biologique de ces hauts-fonds marins, comme l'explique Pascal Provost, conservateur de la Réserve des Sept-Iles :
"Finalement, ce que l'on connaît des Sept-Iles, ce sont les oiseaux marins et les phoques. Il ne s'agit qu'une petite partie de l'iceberg. L'Environnement marin dont dépendent ces oiseaux et ces phoques, pour le coup, a été intégré dans ce projet de réserve naturelle. Et puis, ce qui ceinture et qui donne le dessin à ce périmètre, ce sont les forêts de laminaires, des grandes algues brunes. Il s'agit de forêts sous marines, mais on a une biodiversité très importante dont dépendent des espèces d'intérêt halieutique, des crustacés, des poissons... C'est un tournant historique, c'est important, et tout ce travail, on le fait pour nos enfants et nos générations futures. C'est une véritable mission, un devoir de léguer ce patrimoine."
Une extension préparée depuis de longues années
Un travail de concertation a été mené avec les usagers de ces espaces : les plaisanciers, les pêcheurs. Avec quelques tensions, notamment devant la création d'une "zone de quiétude" pour les oiseaux marins : une zone autour de l'île Rouzic où toutes les activités seront désormais interdites chaque année du 1er avril au 31 août : "cela représente 0,6 % du périmètre global, sachant que l'île Rouzic est l'île la plus riche de l'Hexagone. C'est un véritable bijou : onze espèces d'oiseaux marins, l'unique colonie française de fous de Bassan, le dernier bastion des macareux moines... il y a vraiment le besoin de donner un petit peu d'espace pour cette faune pour qu'elle soit un peu plus résiliente...
Oui, il y a eu des tensions, beaucoup de désinformation, beaucoup d'attitudes assez irresponsables mais on a tenu bon. Le projet a été signé, il y a le décret et maintenant, ce qu'il faut c'est travailler tous ensemble."
Un équilibre à tenir sur le long terme
En dehors de la petite "zone de quiétude" créée pour les oiseaux marins autour de l'île Rouzic, les usagers actuels de ce vaste espace maritime ne verront pas véritablement de changements : il ne s'agit pas de mettre 19 700 hectares sous cloche et d'en faire une zone interdite aux humains : "la grande majorité du périmètre est laissée ouverte. Nous avons des interactions, par exemple les pêcheurs qui pêchent de la lotte, de la baudroie, il se trouve qu'il y a une part des lotte consommées par les phoques gris à 80 mètres de fond...
Nous avons une situation d'équilibre pour autant, on anticipe l'avenir, c'est à dire qu'on n'aura pas d'activité industrielle, pas d'activités d'extraction. Il y a un plafond de survol aussi pour l'aviation à 300 mètres. Il n'y aura pas d'activités nautiques telles que les jet skis ou les bouées tractées, (on souhaite) qu'il n'y ait trop développement d'activités commerciales au détriment de tout ce patrimoine. Ce qu'on veut, c'est que les activités en place composent avec cette biodiversité et que l'équilibre actuel se maintienne aussi sur le long terme."
"Il y a des retombées économiques colossales"
Cette réserve, désormais la deuxième plus grande réserve maritime de métropole, est un trésor pour la Bretagne, aux yeux de Pascal Provost. Elle n'est ni une punition ni un handicap pour les activités économiques : "c'est de l'ordre de plusieurs centaines de millions d'euros de retombées économiques directes ou indirectes par rapport à l'économie touristique. Il faut vraiment que tout à chacun soit fier de cette création de presque 20 000 hectares de réserves d'Etat et que tout le monde s'approprie finalement les enjeux, et tout le monde compose avec ce patrimoine qui est mis à mal à l'échelle planétaire. Il faut être très clair : on a perdu 70% des effectifs des oiseaux marins en 1950 et 2010... Ce qu'on a aux Sept-Iles c'est ce sanctuaire qui est toujours ouvert au public, accessible - on ne débarque pas sur la plupart des îles - et on veut que ce soit encore le cas demain."
Trois ministres étaient donc sur place ce vendredi dans les Côtes d'Armor pour inaugurer la nouvelle réserve : le ministre de la Transition écologique, l'Angevin Christophe Béchu, le secrétaire d'Etat chargé de la mer, le Costarmoricain Hervé Berville, et la secrétaire d'Etat en charge de la biodiversité, la Nantaise Sarah El Haïry. Après une sortie en mer, l'inauguration officielle s'est tenue au Palais des congrès de Perros-Guirrec, en début d'après-midi.