Cordemais : Les salariés de la centrale EDF en grève pour la reconversion
Publié : 11 janvier 2023 à 10h10 - Modifié : 11 janvier 2023 à 12h27 par Emilie PLANTARD
Le projet Ecocombust, censé faire tourner la centrale au bois, n’est toujours pas validé par l’Etat et les salariés de la centrale de Cordemais s’impatientent. Les syndicats ont donc voté une grève à compter de ce jeudi 12 janvier, malgré une invitation de l’Elysée fixée au 17.
La centrale électrique de Cordemais bientôt à l’arrêt ? C’est possible. Les syndicats n’en peuvent plus du flou autour de l’avenir de cet équipement, ils ont donc voté la grève à partir de ce jeudi 12 janvier. La CGT, FO et la CFE appellent l’Etat à se positionner sur le projet Ecocombust, qui permettrait une reconversion de la centrale à charbon vers le bois.
Les discussions prévues en décembre n’ont finalement pas eu lieu, et les salariés perdent patience. Fabien Deschamps est délégué CGT à Cordemais :
"Ce qu’on revendique c’est la validation du projet par le gouvernement, la construction de l’usine et la transformation de notre unité de production pour arriver à une production à 100% pellets. Il avait été convenu qu’il y ait de nouvelles échéances de rencontre avant la fin de l’année et force est de constater qu’au 1er janvier, elles n’ont pas eu lieu. C’est donc de façon très légitime que les salariés ont décidé de poser un nouveau préavis de grève, afin de forcer un peu le destin."
Une décision qui tarde à venir
Depuis 7 ans que le projet est en discussion, il a connu quelques revirements mais aujourd’hui EDF, RTE et Paprec sont prêts à investir. Manque l’accord du gouvernement, actionnaire majoritaire d’EDF. Incompréhensible pour les syndicats :
"Ce qui est proposé pour la centrale de Cordemais, c’est d’avoir la main sur le prix du combustible puisqu’on récupèrerait les déchets des collectivités. C’est une démarche d’économie circulaire. Derrière on propose un moyen de production pilotable de 1200 MGW, soit un gros réacteur nucléaire, pour un investissement de 200 millions d’euros. Aujourd’hui on a fait un parc éolien au large de Saint-Nazaire pour 450 MGW à 2 milliards d’investissement. Nous on a l’impression de cocher toutes les cases de la transition énergétique et on ne comprend pas le jusqu’au-boutisme de l’Elysée."
La production d’électricité en jeu
En attendant, l’unité de production d’électricité est à l’arrêt. Les températures sont douces mais ce mouvement de grève tombe mal, alors même que les menaces de coupures sont toujours d’actualité. Le cégétiste Fabien Deschamps rappelle toutefois que la solution est entre les mains de l’Etat :
"Il faut que l’Elysée réponde favorablement à la demande des agents et respecte ses engagements. Il faut savoir que c’est eux qui ont la main sur le calendrier, on entend parler de prise d’otage mais il faut juste regarder qui tient le pistolet. On a répondu à toutes les étapes qui nous étaient donné par le ministère et par EDF, il faut maintenant que l’Etat sorte du bois, parce que RTE et EDF l’ont fait."
Fermera, fermera pas ?
En ne s’engageant pas, le gouvernement reste sur une fermeture de la centrale de Cordemais à horizon 2026. Ce que redoutent les salariés, qui planchent sur le sujet depuis 7 ans. Fabien Deschamps :
"Tant que le gouvernement n’a pas donné son feu vert, pour nous on est fermé en 2026. Tous les industriels comme Paprec avancent très bien mais tout le monde attend le feu vert de l’actionnaire majoritaire pour dire allez ! On y va, on transforme les unités de production. Je pense qu’on travaille suffisamment sur le fond des choses pour en arriver là mais quand les agents ont l’impression qu’on se moque d’eux, ils se mobilisent."
La balle est dans le camp de l’Elysée, qui doit recevoir une délégation de la CGT de Cordemais le 17 janvier prochain.
France 3 Pays de la Loire diffusera ce jeudi soir à 23h40 le documentaire "Cordemais, le charbon en sursis".