Cordemais. La centrale à charbon prête à la reconversion
Publié : 26 septembre 2023 à 7h58 par Dolorès CHARLES
La centrale de Cordemais en Loire-Atlantique au cœur de l'actualité, alors que débutait hier (lundi) l'enquête publique sur le projet porté par EDF et Paprec. En effet, dès dimanche soir le président de la République Emmanuel Macron annonçait la fin des centrales à charbon et leur reconversion à la biomasse.
Emmanuel Macron a présenté les grands axes de la planification écologique, pour décarboner la France tout en renforçant sa souveraineté. Avec par exemple 13 projets de RER métropolitains, 1 million de voitures électriques produites en France d'ici 2027 ou encore la sortie complète du charbon au 1er janvier 2027. Le président de la République l'avait déjà évoqué dans son interview télévisée de dimanche soir : les deux dernières centrales à charbon de France, dont celle de Cordemais, en Loire-Atlantique, seront reconverties à la biomasse.
"Ce sont bien les pellets fabriqués sur site qui serviront à faire tourner la centrale"
C'est justement en ce lundi (25 septembre) que démarrait à Cordemais, en Loire-Atlantique, l'enquête publique sur le projet porté par EDF et Paprec. Il s'agit d'utiliser des déchets de bois d'ameublement (appelé "bois B") pour fabriquer des pellets et remplacer le charbon. Pour Fabien Deschamps, délégué CGT à la centrale de Cordemais, "la ressource en matières premières va venir de Bretagne et après il y aura une usine, qui va transformer ce déchet de bois d'ameublement en pellets qui sera propre, enlevé de toute colle, de toute résine, peinture et autres et qui va venir après dans le process de la centrale remplacer le charbon.
Ce sont bien les pellets fabriqués sur site qui serviront à faire tourner la centrale. On les fabriquera sur place et on les brûlera sur place. Nous, on est très serein là dessus. On sait que cela a déjà été fait dans d'autres pays, on ne part pas à l'aventure. Je pense que si le président Macron s'est permis dès dimanche d'ouvrir encore plus grand la fenêtre en disant on ne fermera pas les deux centrales à charbon, mais on les transforme à la biomasse, c'est qu'ils sont bien rentrés dans le fond du sujet et qu'on y répond et techniquement et surtout sur la ligne conductrice de la transition énergétique."
Le pellet a respecté toutes les normes environnementales
Cette conversion des centrales à charbon a déjà été menée ailleurs, avec des conséquences qui inquiètent les associations de défenses de l'environnement. Parmi les craintes : l'importation de bois étrangers et l'aggravation de la déforestation, mais aussi un rendement énergétique faible et une pollution de l'air.
Le projet de Cordemais se base sur l'utilisation de déchets de bois d'ameublement, qui aujourd'hui sont enfouis, et ne sont pas valorisés. L'usine de fabrication de pellets sera construite dans l'enceinte même de la centrale. Fabien Deschamps tient à rassurer : le projet est bien ficelé, et il n'a rien d'hasardeux : "il y a eu des essais faits. Les premiers pellets avaient été fabriqués sur un démonstrateur sur site, qui ont été essayés dans le chauffage urbain de Grenoble et le pellet a respecté toutes les normes environnementales, en termes de rejet atmosphérique ou aquatiques et il a eu un très bon comportement en chaudière puisqu'il a un pouvoir calorifique très proche du charbon...
Dans un premier temps, si on veut décarboner très rapidement Cordemais, il ne vous a pas échappé que l'usine n'est pas encore construite, il y aura du pellet à faire venir, et aujourd'hui, on est en lien avec la Norvège et peut être aussi le Portugal, mais cela restera de toute façon toujours plus vert d'aller chercher du pellet en Norvège que d'aller chercher du charbon en Colombie ou en Afrique du Sud, comme c'est le cas aujourd'hui."
Un projet palliatif et temporaire
La matière première ne va-t-elle pas manquer pour alimenter la centrale, et ne sera-ton pas obligé, à terme, de puiser dans les forêts ? Aucun risque, selon Fabien Deschamps interrogé par Yann Launay : "il y a plusieurs millions de tonnes de déchets de bois B en France aujourd'hui, qui ne sont pas valorisés et on va consommer nous 200 000 tonnes de bois B pour sortir 160 000 tonnes de pellets. On sait que cela n'a pas forcément vocation à faire durer la centrale ad vitam æternam, c'est une production palliative, le temps que d'autres technologies soient matures comme l'hydrogène... Cela devrait largement nous amener jusqu'en 2035 où la technique sera prête pour de nouveaux projets sur le site de Cordemais."
La construction des aménagements nécessaires pourraient démarrer début 2024, pour une conversion achevée en 2027. L'enquête publique, elle, se déroule jusqu'au 27 octobre prochain : le dossier est consultable sur internet ou à la mairie de Cordemais. Le commissaire enquêteur assure aussi des permanences, en mairie de Cordemais, pour répondre aux questions du public.