Corcoué-sur-Logne : le projet de méthaniseur soumis à enquête publique
Publié : 7 juin 2023 à 19h59 par Dolorès CHARLES
Depuis la mi-mai, la population est invitée à donner son avis sur le méthaniseur de Corcoué-sur-Logne dans le département de Loire-Atlantique. Le projet, porté par la Coop d’Herbauges et Nature Energy, suscite débat, aussi Clara Bert a interrogé les pour et les contre pour Hit West.
Focus sur le projet polémique du méthaniseur de Corcoué-sur-Logne. Cela fait plus de quinze jours que l’enquête publique sur ce dossier a débuté (s'achève le 16 juin). Pour rappel son but est de transformer la matière organique en méthane afin de l’utiliser comme source d’énergie renouvelable. La méthanisation produit du biogaz à partir de matières organiques provenant des exploitations agricoles du secteur. Les fumiers et lisiers sont mélangés ensuite à des cultures végétales. Le biogaz ainsi produit serait injecté ensuite dans le réseau de Machecoul-Saint-Même. Ce méthaniseur produirait l’équivalent de 43% de la consommation de gaz du territoire de Sud Retz Atlantique (8 300 habitants).
Avis négatif du département
Plus de 200 exploitations sont intéressées en Loire-Atlantique et Vendée, et des emplois sont prévus à terme mais cela bloque : le Département 44 a émis un avis négatif et une troisième version du permis de construire a été déposée en préfecture fin 2022... Ce projet initié par la Coopérative d'Herbauges et le groupe danois Nature Energy reste donc très contesté par les riverains et les élus locaux, comme le maire de Corcoué s/ Logne.
Clara Bert a interrogé le Collectif Vigilance Méthanisation Corcoué (CVMC) qui lutte activement contre cette installation. Pour la représentante Mauricette Couëron : "ce sont des usines qui sont agricoles.. qui ne sont pas soumises aux normes industrielles, donc elles sont en auto-contrôle. S’il y a des débordements et des incidents, cela passera sous silence. Il est prévu pour le fonctionnement 100 000 tonnes de bois par an. Vous vous rendez compte combien de maisons on pourrait chauffer avec ça ? Il est prévu 22 milles m3 cube d’eau. Quand on sait qu’on entre dans des périodes où on nous annonce des sécheresses, ils n’auront pas assez d’eau. Ils vont être obligés de pomper quelque part. Il y a aussi des risques de fuites de méthanes et d’autres produits dangereux... et des odeurs pour les riverains. On n’est pas dupes et on sait très bien qu’ils vont démarrer avec cette taille et puis au fur et à mesure, ils augmenteront."
"On est très sereins, et on pense qu’avec les personnes qui sont derrière nous, c’est impossible que ce projet se fasse"
De nombreuses organisations luttent contre ce projet avance Mauricette Couëron. "On a la chance d’être soutenu par pleins d’institutions différentes : des associations environnementales comme la LPO, France Nature Environnement. On a derrière nous la confédération paysanne, la Coordination rurale... La commune de Corcoué a rendu un avis négatif par trois fois à l’unanimité, sur les 12 candidats à la législative de 2022, un seul était pour, deux n’ont pas répondu et tous les autres étaient contre...
Il y a une Commission Sénatoriale au cours de laquelle ils ont expliqué dans le rapport « que le projet de Courcoué était l’exemple de ce qu’il ne fallait pas faire »... et aux trois manifestations, on a eu plus de 1 000 personnes à chaque fois pour une commune qui ne compte que 3 000 habitants. On est très sereins, et on pense qu’avec les personnes qui sont derrière nous, c’est impossible que ce projet se fasse."
"Le gros intérêt est de valoriser la matière organique présente"
Les porteurs du projet espèrent eux convaincre encore les habitants et rallier des collectivités à leur cause. Pour Guillaume Voineau, président de la société Métha-Herbauges : "le gros intérêt est de valoriser la matière organique présente sur le territoire, ce qui va permettre de produire du gaz qui sera relié directement au réseau de transport, pour les entreprises et la métropole nantaise. L'enjeu est de continuer à produire du lait, de la viande pour nourrir la population, tout en contribuant à la production d’énergie renouvelable. Cela va diminuer de 25 à 35 % les achats d’engrais minéraux. Produire cette énergie ne va pas nuire à l’environnement : si on ne fait pas d’élevage ici aujourd’hui, on ne pourra le faire nulle part ailleurs. Il faut communiquer sur l’intérêt de ce projet et sa sociabilité. L’objectif est de faire de la méthanisation, on est convaincu qu’on doit le faire et on peut le faire."
"Le projet n’est pas là pour nuire à l’environnement, au contraire..."
Pour Guillaume Voineau, il est hors de question d’abandonner : "on a un problème d’opposition mais on n’a pas d’autres propositions. Il y a des avis défavorables par rapport à plusieurs sujets comme des craintes par rapport à la pollution. Le projet n’est pas là pour nuire à l’environnement. Au contraire, l’intérêt est de faire un projet collectif avec une entreprise qui maitrise ce système, et évite le danger. Il faut être très précis dans les inquiétudes, il y a des choses aujourd’hui qui ne sont pas vraies. La région Pays de La Loire est favorable à ce type de projet. Elle ne peut pas l’imposer à un maire, c’est aux élus du territoire de s’ouvrir et comme dans toutes oppositions, il faut trouver un consensus. On mise sur l’engagement de tout le monde pour trouver des solutions et convenir d'un projet commun."
L’enquête publique concernant le projet Métha-herbauges s’achève dans une semaine, le 16 juin prochain. N’hésitez pas à apporter votre contribution via le site et plus d’info aussi sur le site : https://www.methaherbauges-corcoue.fr/
Suite à l'enquête publique, la Préfecture de Loire-Atlantique devra accorder ou pas l’autorisation de lancer les travaux de cette unité de méthanisation.